Concert d'Andrea Manzoni Trio organisé par l'Institut italien de Tunis, mardi dernier, au Théâtre de la Ville de Tunis. Grâce à la collaboration de l'Institut culturel italien de Tunis, on a pu goûter, mardi dernier, à une soirée haute en couleur et riche en tonalités musicales, confiée au remarquable Trio de musiciens composé de l'Italien Andrea Manzoni au piano et les Français Laurent David à la basse et Eric Groleau à la batterie qui nous embarquaient dans un stupéfiant set de près d'une heure, nourri des titres de leur dernier disque Destination under constructio dont ils font la promotion. Composé de huit chansons, l'album Destination Under Construction est le fruit du parcours musical de Manzoni qui, depuis ses 10 ans, a commencé à collaborer avec des artistes italiens de renom qui ont contribué à façonner l'artiste qu'il est. On gardera longtemps en mémoire «Word up!» de Larry Blackmon et Tomi Jenkins ou «Mad World» de Roland Orzabal métamorphosés sous ses doigts inspirés... Quantum Discord et Destruction Under Construction sont parmi les albums à succès de Manzoni, qui collabore également en qualité de Sideman et compositeur, avec de grands producteurs européens de musique dramatique et de bandes sonores de films. Depuis son dernier passage l'année dernière à l'Acropolium de Carthage, rien ne semble avoir fondamentalement changé dans sa manière d'accentuer les syncopes et de varier le tempo au gré de sa fantaisie. Toutefois, la concentration et le sens poétique dont il fait preuve, son dynamisme et sa présence sur scène finissent toujours par emporter l'adhésion. Instruments en main, chaque musicien donne le meilleur de lui-même. Résultat : une interprétation franche et sensible, pleine d'élan et de sève. Les jolis morceaux se succèdent sur un fond sonore jazzy, les autres univers sonore (pop, rock) se tissent et se dessinent en filigrane. Des styles classiques, que les interprètes restituent avec autant de conviction que de fraîcheur, en conjuguant fermeté des lignes, délicatesse du coloris et subtilité sonore. Et le déferlement festif de la batterie et de la guitare relève d'une énergie rythmique quasi rock. Puis, tout se calme et le soliste installe un climat de tendresse, de rêverie et de fantaisie sonore, puis, d'un naturel convaincant, l'interprète rentre ses griffes, manipule les touches du piano et parvient à une tension prégnante dans Natural mutations, ou Schicksal in Arbeit. On est bluffé par la précision, l'alacrité et la richesse des timbres qu'ils manifestent dans l'interprétation des divers titres. La vitalité et l'intelligence stylistique avec lesquelles Andrea Manzoni entraîne les musiciens à le suivre sont un pur régal. Une grande complicité entre lui et les musiciens contribuait, également, au succès incontestable de ce concert : «bravissimi !»