Historique en matière de grève. Aujourd'hui et demain, on ne devrait avoir ni hôpitaux ni tribunaux sur l'ensemble du territoire. Les deux secteurs, d'importance stratégique, santé publique et justice, ont décidé, involontairement sans doute, de débrayer en même temps. Pas moins de 50 mille agents entre gestionnaires de santé, personnel administratif, aides-soignants, techniciens paramédicaux... des hôpitaux publics observent donc une grève de deux jours, à partir d'aujourd'hui, en réaction à la non-application par le ministère de tutelle des accords sociaux signés dans des PV, certains depuis 2011. Des sit-in sont prévus devant le ministère de la Santé et la présidence du gouvernement. Les médecins ne sont pas concernés par la grève mais «il leur sera difficile d'exercer en l'absence d'une plateforme (équipe ) médicale», indique Othmane Jallouli, secrétaire général de la Fédération générale de la santé relevant de l'UTT, au micro de Midi Show, sur Mosaïque fm. Selon Jallouli, un service minimum devrait être assuré aux cas d'urgence. Le syndicaliste évoque par la même occasion les multiples risques du métier auxquels sont exposés les professionnels de santé pour justifier une autre revendication, à savoir une prime de risque pour ces derniers. A travers ce débrayage, les professionnels de santé cherchent aussi à dénoncer l'état de dégradation des hôpitaux et la détérioration des services de santé publique en général. A ce propos, Othmane Jallouli a appelé les autorités de tutelle à œuvrer pour l'amélioration et la promotion de ce secteur qui est destiné à toutes les couches sociales, particulièrement aux citoyens qui ne peuvent pas accéder aux soins dans les cliniques privées, et à activer les changements à introduire dans le cadre de la réforme du secteur de la santé. A noter qu'à travers les dernières déclarations du ministre de la Santé, notamment celles faites lors de la célébration du 50ème anniversaire de la faculté de médecine de Tunis, Saïd Aïdi a insisté sur le caractère primordial et la place privilégiée de la santé publique indiquant que le secteur privé est un appoint de taille pour ce qui concerne l'exportation des services médicaux tunisiens. Deux jours pour les magistrats, cinq pour les auxiliaires de justice Du côté du secteur de la justice, les magistrats seront en grève deux jours à partir d'aujourd'hui, tandis que les auxiliaires de justice débrayeront pendant cinq jours. S'agissant des magistrats, l'affaire est plus problématique, puisque la grève générale de deux jours, avec présence dans les tribunaux, a été décrétée par la seule Association des magistrats tunisiens (AMT) et non par le syndicat (SMT). Dans un communiqué publié vendredi dernier, l'AMT, présidée par Raoudha Karafi, a exprimé son inquiétude quant au déroulement et contenu des débats, au sein de la commission parlementaire de législation générale, sur la loi portant création du Conseil supérieur de la magistrature. L'AMT critique le non-respect des délais constitutionnels quant à la mise en place du CSM et met en garde contre les tentatives de mainmise sur le pouvoir judiciaire dont l'indépendance reste une ligne rouge pour les magistrats. A noter que la présidente du SMT, Raoudha Laâbidi, a tenu à préciser aux médias que dans le cadre de la solidarité entre les magistrats qui défendent les mêmes principes, le syndicat soutient cette grève même s'il n'y participe pas. Pour ce qui est des auxiliaires de justice, leur grief concerne essentiellement leur éloignement de la composition du CSM. En conclusion, la vague des mouvements de protestation n'est pas prête de se calmer.