Par M'hamed JAIBI Les nombreuses décisions annoncées le 1er mai par Habib Essid, et son attachement à accélérer la mise sur pied du cadre légal du futur Conseil national du dialogue social devant être consulté sur toutes les réformes et lois économiques ou sociales, sont venus apaiser quelque peu les discours agressifs de ces derniers jours. Harmoniser les choix de développement Aux prises avec une crise persistante depuis la révolution, le pays a grandement besoin de respirer l'air pur du dialogue constructif et de l'édification consensuelle. Certes, plusieurs décisions et options sont encore dans le «pipe», en attente d'une harmonisation convenable des choix d'orientation globale, mais le retour aux accusations mutuelles et aux mots d'ordre de révolution sociale ne se justifient nullement au lendemain d'une multiplication inconsidérée de grèves revendicatives, que l'opinion publique a accueillies avec circonspection. Les chemins de la revendication participative En ce 1er mai, Houcine Abassi a su reprendre le chemin de la revendication participative, en s'attaquant à la fraude fiscale. Pour lui, le tableau met en évidence un manque à gagner flagrant pour l'Etat, ainsi que des risques de voir les pouvoirs publics prendre l'option de la privatisation de certaines entreprises. Et il est bien clair pour lui que «l'organisation syndicale combattra toute tentative de cession des institutions publiques et luttera de toutes ses forces contre le phénomène de l'évasion fiscale, afin de garantir un minimum de justice sociale». Voire militera pour qu'une «véritable révolution fiscale» soit menée. Intégrer fiscalement le secteur informel Face au développement incontrôlé du secteur informel, que fustige aussi l'Utica, le secrétaire général de l'Ugtt préconise d'envisager une fiscalité adéquate qui soit en mesure d'intégrer les réseaux du circuit commercial parallèle, pour les amener à rejoindre le secteur formel. Grâce à une simplification des procédures fiscales et un renforcement efficace de la lutte contre la fraude. L'âge de la retraite Sujet de discorde prévisible, la réforme des caisses sociales a dû être annoncée par Essid. Elle devra être lancée dès le mois de mai, par des mesures urgentes, au vu de l'important déficit enregistré. L'âge de la retraite est ici en cause, nécessitant un projet de loi qui sera soumis à l'Ugtt. En revanche, le Premier ministre a promis la toute prochaine mise en route de la révision du cadre légal du système de gestion des risques professionnels, de la santé et la sécurité au travail. Mais, en ce 1er mai, fête internationale des travailleurs, les langues se sont bien déliées, évoquant les emplois précaires, les salaires non conformes aux exigences légales et les si nombreux salariés non affiliés à la sécurité sociale... Sachant qu'une affiliation de ceux-ci et la relance attendue de la croissance économique pourraient renflouer les caisses en rééquilibrant la démographie des affiliés, désormais handicapée par le poids grandissant des retraités.