Les Européens cherchent par tous les moyens à impliquer les pays de l'Afrique du Nord et de l'Afrique subsaharienne dans le combat contre les terroristes avant qu'ils n'atteignent les côtes européennes L'attentat terroriste qui a visé, début janvier 2015, le journal satirique Charlie Hebdo, au cœur de Paris, a semble-t-il poussé les Européens à prendre leur courage à deux mains et à décider à se défendre face aux terroristes islamistes qui viennent de l'Afrique du Nord et de l'Afrique subsaharienne menacer la quiétude de l'Union européenne (UE). Les pays de l'UE ont pris la décision de maintenir ces terroristes dans leurs pays respectifs et de confier à ces pays la mission de les combattre chez eux. Sans toutefois accorder à ces pays les moyens ou les équipements nécessaires à cette guerre qui s'annonce lourde et pourrait durer des décennies. Au cours de la dernière réunion tenue à Bruxelles à la mi-avril par les ministres européens de l'Intérieur, il a été décidé la conclusion d'une convention de coopération sécuritaire entre l'Union européenne et les pays africains concernés, à savoir le Niger, le Mali et le Tchad. Le nouveau est que le Maroc s'est joint à cette convention sans que la Tunisie, l'Algérie et l'Egypte n'y soient associées bien qu'elles soient considérées par l'Union européenne comme appartenant à l'Afrique du Nord et à l'Afrique subsaharienne que ronge l'hydre terroriste depuis près de deux décennies. Quant à la Libye, elle a été exclue pour les raisons que tout le monde connaît : l'existence de deux gouvernements se disputant la légitimité et l'absence d'un partenaire en lequel l'Europe peut avoir confiance. Un coût financier énorme Une information a été relayée par la chaîne TV France 24 selon laquelle une convention maghrébine de lutte contre le terrorisme aurait été signée entre les pays du Maghreb. Pour en savoir plus, La Presse a demandé à certains experts suivant l'évolution sécuritaire dans la région maghrébine leur opinion et leur a posé la question suivante : Est-ce que la Tunisie est disposée à signer une telle convention et a-t-elle les moyens de participer à l'effort européen de lutte contre les terroristes provenant de l'Afrique et se ruant vers l'Europe ? Pour l'expert stratégique Naceur Héni, «la convention signée ne concerne pas les pays du Maghreb. Elle intéresse les pays européens et certains Etats de l'Afrique subsaharienne (Niger, Mali et Tchad). Elle intervient dans le cadre de la concrétisation d'une recommandation de l'ONU appelant à une position commune contre ceux qu'on appelle les terroristes combattants étrangers. A Bruxelles, les ministres européens de l'Intérieur ont adopté cette recommandation et ont décidé de consolider leur coopération avec les pays africains déjà cités et aussi avec le Maroc. Pour ce qui et de la Tunisie, elle n'est pas associée à cette convention. Mais ceci n'empêche qu'il existe actuellement des discussions pour que notre pays adhère à cet effort. Sauf qu'il existe des engagements qu'il se doit de respecter dont en premier lieu la transformation de tous les passeports tunisiens en passeports biométriques. (Ces passeports permettent de révéler les empreintes digitales de leurs titulaires et les passeports truqués sont facilement découverts). C'est une opération qui nécessite du temps et un coût financier énorme. Et même si l'on consacre un budget complémentaire à cette opération, on ne pourra pas en finir avant 2016. Quant à la conclusion d'une convention maghrébine de lutte commune contre le terrorisme, je n ‘y crois pas dans la mesure où le Maroc et l'Algérie ne sont même pas d'accord sur une définition commune du terrorisme». De simples propositions irréalisables «Ce sont de simples propositions exprimées par certains intellectuels et chercheurs maghrébins attachés encore à l'idée maghrébine. Ils vont jusqu'à proposer la création d'une armée maghrébine commune pour lutter contre le terrorisme, oubliant que leurs suggestions sont impossibles à réaliser sur le terrain au vu des divisions qui déchirent toujours l'espace maghrébin», précisent le Pr Badra Gaâloul, président du Centre international des études militaires, stratégiques et sécuritaires. Elle ajoute : «Pour les Européens, les choses sont claires. Et le Premier ministre britanniques, David Cameron, l'a dit à voix haute : l'Afrique constitue le danger n°1 menaçant l'Europe. Les terroristes qui viennent en Europe en provenance de l'Afrique du Nord et de l'Afrique subsaharienne doivent être maintenus,à tout prix, chez eux. En novembre 2014, j'ai participé à Charm Escheikh en Egypte à une conférence internationale sur la transition démocratique et la résolution des conflits et le discours européens était déjà commun et appelait à combattre les terroristes africains chez eux. Ces idées étaient partagées par les participants européens bien avant que ne survienne l'attentat terroriste à l'encontre de l'hebdomadaire Charlie Hebdo. Il reste que ce plan risque d'être chambardé par ce qui se passe à l'heure actuelle en Libye où on se trouve devant deux alliances qui n'ont pas les mêmes objectifs. Il s'agit du camp de l'Arabie Saoudite, des Emirats et de l'Egypte, d'une part, et de l'alliance Turquie-Qatar et Europe, d'autre part».