Des mesures fermes devront être prises par le gouvernement contre Messaoud Daadaa, qui a enfreint la loi en ayant recours à tous les moyens pour empêcher la distribution des journaux dans les kiosques Le principal distributeur de journaux sur le Grand Tunis, Messaoud Daadaa, a boycotté, hier, la distribution de plus d'une dizaine de périodiques entre quotidiens et hebdomadaire, en réaction à la décision des directeurs de journaux de fonder une coopérative chargée d'assurer dorénavant la distribution des journaux aux revendeurs et kiosques à journaux. Messaoud Daadaa fulmine. Cela reviendrait à lui retirer le monopole de la distribution qu'il détenait depuis de nombreuses années et qui lui rapportait jusqu'ici un joli pactole à lui et aux membres de sa famille introduits dans le circuit. Et cela ne l'arrange pas d'autant que derrière ce monopole se dessine de grands enjeux politiques. Moyen de chantage Jusqu'ici, le distributeur magnat faisait la pluie et le beau temps dans le secteur de la distribution en ayant réussi à mettre sous sa coupe les 2.500 kiosques vendant les journaux. Ce qui lui avait permis, selon son bon gré, de bloquer ou de distribuer tel ou tel journal en fonction de la cordialité des relations qui le liaient aux responsables des journaux, n'hésitant pas à en user comme moyen de chantage pour servir ses propres intérêts. Une situation qui n'a que trop duré pour les directeurs de journaux qui ont décidé d'assurer dorénavant eux-mêmes la distribution de leurs propres titres. « Depuis le régime de Ben Ali, la distribution des journaux a toujours été utilisée comme moyen de chantage pour faire plier les directeurs de journaux qui n'étaient pas en bonne odeur de sainteté avec le gouvernement. Mettre fin au monopole Les journaux qui jouissaient d'une « bonne » notoriété à cette époque étaient bien exposés chez les revendeurs contrairement aux autres qui parfois n'étaient pas du tout distribués », a souligné Taïeb Zahar, président de la Fédération tunisienne des directeurs de journaux (Ftdj) lors de la conférence de presse qui s'est tenue, hier, au siège du Syndicat national des journalistes tunisiens. De son côté, Youssef Oueslati, membre du bureau exécutif du Snjt, chargé du règlement intérieur, a souligné que des mesures fermes doivent être prises par le gouvernement contre Messaoud Daadaa, qui a enfreint la loi en ayant recours à tous les moyens pour empêcher la distribution des journaux dans les kiosques, portant, ainsi, un sérieux coup aux recettes financières des quotidiens et hebdomadaires du pays. Selon le membre du syndicat et le président de la Ftdj, il est temps de mettre fin au monopole de l'ancien distributeur Daadaa et d'organiser les circuits de distribution afin de garantir davantage de transparence et une meilleure égalité des chances entre les journaux. Revenant sur la question de la distribution des journaux, Youssef Oueslati a observé que l'ancien distributeur de journaux avait fait pression sur les autres distributeurs ainsi que les revendeurs en ayant recours à des moyens contraire à la loi (chantage, blocage des routes...), afin d'empêcher la distribution des six quotidiens dont La Presse et Essabah ainsi que l'hebdomadaire « Akher Khabar». Or le refus de vendre des journaux est contraire à la loi, a relevé, à son tour, Taïeb Zahar, soulignant que pour l'heure, aucune plainte ne sera déposée contre les propriétaires de kiosques à qui la nouvelle coopérative de distribution fournira directement les journaux sans passer par un intermédiaire. « Le refus de vendre est strictement interdit par la loi. Mais les revendeurs finiront par se rendre à l'évidence que ce n'est pas dans leur intérêt de camper sur leur position. Ils seront bien obligés de revenir à de meilleurs sentiments ». Taïeb Zahar s'est, par ailleurs, inquiété de la situation de la presse écrite qui doit aujourd'hui affronter une crise sans pareille, marquée notamment par la baisse inquiétante des ventes, provoquant un problème de liquidités pour les journaux qui ne font plus de bénéfices et qui ont de plus en plus de mal à s'acquitter de leurs charges.