Fraîchement nommé directeur général de l'Office national du tourisme tunisien, Abdellatif Hmam souhaite engager le marché algérien dans un cycle plus vertueux. Rencontré sur le stand Tunisie au Salon international du tourisme et des voyages (Sitev) à Alger, il nous a livré sa première interview en tant que DG. Comment comptez-vous réussir votre participation au Sitev? D'abord, c'est une participation qui s'inscrit dans la continuité. Une continuité qui se veut dans l'innovation. On a travaillé très fort pour préparer ce salon pour que nos partenaires, frères et amis algériens se rendent compte à quel point nous leur accordons de l'importance et que nous nous investissons de façon extrêmement professionnelle pour développer ce marché émetteur dans l'intérêt commun des deux parties. Le temps où le marché algérien était considéré comme secondaire auquel on fait appel quand les autres marchés sont en panne est révolu. Car ce marché nous l'intégrons de façon stratégique, nous l'abordons de façon professionnelle et nous nous y investissons de façon respectueuse à l'égard de nos hôtes. C'est à cet effet que nous avons voulu marquer notre présence par un stand qui force l'estime et séduit les visiteurs. C'est donc la première fois que nous participons avec un stand digne de la place de ce marché. Ce stand, avec son nouveau concept basé sur un design qui accorde une place de choix aux visuels, sort pour la première fois en 2015. Et sa première sortie, c'est sur le marché algérien. Il est à signaler également cet intérêt croissant des professionnels tunisiens dont la participation volontariste et massive illustre leur adhésion aux efforts institutionnels. C'est ainsi que nous avons enregistré plus de 80 professionnels tunisiens couvrant tous les segments du secteur, avec une mention particulière au tourisme de santé. A cet effet, nous avons noté avec beaucoup de satisfaction la participation d'acteurs qui ont inscrit le développement du tourisme médical en Algérie de façon pérenne. C'est cette nouvelle synergie qui s'inscrit dans la dynamique que la ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Mme Salma Elloumi Rekik, souhaiterait donner au secteur, dans un esprit de continuité qui cadre avec la réflexion stratégique engagée les précédentes années. Les prévisions tablent sur une augmentation de l'ordre de 6 à 10%, est-ce ce que ce taux prévisionnel est toujours maintenu malgré l'attentat du Bardo ? Je pense que les incidents liés aux attentats du Bardo ont démontré la magnifique solidarité manifestée par la société civile algérienne, les professionnels, les médias, les politiques et les citoyens algériens eux-mêmes. Une solidaité sincère. Peut-être à quelque chose malheur est bon. Car ces évènements tragiques ont démontré à quel point la solidarité entre les deux peuples est réelle et effective. Nos frères algériens n'ont jamais oublié que la Tunisie a été à leurs côtés un jour et a constitué une porte ouverte en toutes circonstances. Et aujourd'hui, il y a une forte implication de l'ensemble des acteurs de la scène politique et touristique algérienne qui veulent faire de la Tunisie cette année une destination priviligiée. Il y a donc cet engagement qui nous rend optimistes car il augure du maintien de la production sur ce marché avec le même élan de l'année 2014 qui a été une année record, où on a frôlé pratiquement un million trois cent mille touristes. Donc nous continuons à travailler sur ce succès de part et d'autre afin de hisser plus haut encore ses parts. Fort en cela par la volonté du gouvernement tunisien, tout autant que celle du président de la République, d'aller vers l'excellence dans tous les domaines de l'échange économique, de la coopération avec l'Algérie et plus spécialement dans le domaine du tourisme. Donc nous envisageons des actions importantes pour améliorer les conditions d'accueil des Algériens aux frontières, montrer que les Algériens sont attendus et faire en sorte qu'ils se sentent réellement chez eux. Nous essayons d'encourager un certain nombre de niches comme le tourisme médical, de congrès, le tourisme sportif afin que ce tourisme ne soit plus saisonnier mais s'inscrit dans la durée et qu'à chaque saison, il y ait un produit qui réponde à leurs besoins. On prévoit en particulier des soirées d'animation au mois de Ramadan, pour dire aussi qu'on propose un tourisme familial dans ce mois et que les traditions familiales tunisiennes et algériennes se ressemblent et qu'au-delà des frontières, Algériens et Tunisiens constituent un seul peuple depuis longtemps. Il ne s'agit pas uniquement d'un tourisme mais d'un flux humain qui part dans les deux sens patager les beautés communes de nos pays et que de part et d'autre on avance ensemble. Vous avez parlé de l'amélioration des conditions d'accueil. Il y a des pistes identifiées et des projets validés en rapport avec tout ce qui peut améliorer ces conditions. Il s'agit entre autres de la construction de bureaux d'accueil, la facilitation des procédures de passage aux fontières, l'amélioration des services de la douane. Il y a eu récemment la visite du chef du gouvernement au gouvernorat de Jendouba, et il y a eu des instructions dans ce sens. Moi-même j'étais sur le point frontalier de Melloula, le plus important qui enregistre entre 4.000 et 5.000 passages par jour, et nous avons relevé les défaillances. Nous allons prendre des mesures assez rapidement pour que chaque Algérien qui vient passer ses vacances en Tunisie sente qu'il y a un changement de qualité. Il y a des mesures simples et faciles à concrétiser qui ont été prises. Le transport aérien demeure une épine dans le pied des professionnels qui veulent augmenter les volumes sur des villes algériennes comme Oran. On a souvent évoqué le maritime, le train ou les charters pour résoudre ce problème? Il me semble que la territorialisation des démarches de commercialisation est une ligne directrice pour nos programmes à l'avenir. Elle est indispensable. Nous allons de plus en plus accorder une importance à toutes les régions et dans le cadre de cette approche, l'ouest algérien a une place particulière dans cette démarche. C'est pourquoi depuis quelques années déjà nous avons ouvert une antenne à Oran. Nous avons encouragé l'organisation d'évènements culturels et touristiques et décidé de participer à des salons professionnels à Oran. Donc nous voulons développer tout le flux de l'Ouest algérien. Maintenant, est-ce que toute l'infrastructure d'accompagnement est là ? Pas encore. Nous avons avec le président de la FTH fait les démarches nécessaires auprès des compagnies aériennes telles que Tunisair, Nouvelair et Syphax pour les sensibiliser, les intéresser et les soutenir au besoin. Car nous avons constaté aussi que sans la facilitation du transport aérien, cette volonté ne peut être réalisée. Donc, l'aérien est du domaine du possible et on veut se mettre avec le pavillon national, éventuellement les compgnies algériennes si elles manifestent un intérêt, pour étudier ensemble la possibilité de programmer des vols charters entre la Tunisie et Oran. Pour le ferroviaire, c'est le vœu de tout un chacun de voir un train qui facilite la communication entre l'est maghrébin et l'ouest maghrébin. Mais je pense que ce n'est pas encore à l'orde du jour, cela demande beacoup d'investissement et l'aval des autorités dans les trois pays: Tunisie, Algérie et Maroc, pour donner corps à ce projet.