L'été arrive enfin, apportant au couffin de la ménagère un sensible allègement. Les fruits les plus économiques, comme le melon et la pastèque, commencent déjà à marquer leur présence sur les étals des marchands. Il est 11h00 en ce vendredi 15 mai 2015. Le marché central semble ensommeillé. Quelques clients choisissent parmi les généreux étals de quoi compléter le menu de fin de semaine. Ibrahim est marchand de volailles. « Les prix des viandes maigres sont plus qu'abordables. Le poulet en détail est à 4,D990, l'escalope de dinde est à 9D le kilo. Quant au foie de poulet, il coûte 7,D500 le kilo et celui de dinde, 8D. Pourtant, les clients se font rares. A quelques semaines de Ramadan, les Tunisiens semblent décidés à faire des économies afin de les dépenser durant le mois du jeûne», suppose-t-il. Fruits : l'embarras du choix Pavillon des fruits. Importance de l'offre ; une offre qui compte aussi bien des fruits locaux, de moyenne et de bonne qualité ainsi que ceux importés. « Pour les fruits et légumes, on constate un net équilibre entre l'offre et la demande. Le consommateur aura bientôt l'embarras du choix en matière de fruits. En effet, les fruits de saison sont déjà disponibles sur le marché, notamment les pêches, le melon, les fraises, et nous ne tarderons pas à déguster les abricots et les figues. Ce qui est prévisible en revanche, indique M. Akrem Bou Kraâ, président de la Chambre régionale des fruits et légumes de Tunis, c'est de voir le prix des dattes monter d'un cran à la veille de Ramadan. D'où le rôle du consommateur dans la rationalisation et des dépenses et des prix ». C'est bien le consommateur qui détient les rênes des ventes et qui est apte à faire pression sur les prix. « Si l'offre s'avère être plus importante que la demande, les prix connaîtront systématiquement une baisse, au grand bonheur du consommateur. Mais si la demande persiste et excède l'offre, les prix ne cesseront d'augmenter », rappelle le responsable. Et d'ajouter que le consommateur bénéficie d'une palette de produits aussi bénéfiques pour la santé que gourmands et à des prix accessibles. En effet, la fourchette des prix des pommes, par exemple, oscille entre 1,D840 et 6,D900. Les bananes sont à 2,D500 le kilo, le melon est disponible à 2,D600 et à 4,D600 le kilo. Les fraises coûtent 1,D100 et 1,D400 le kilo. Moins chers, mais toujours assez chers... Côté légumes, les étals continuent à proposer des légumes de saison froide, ainsi que des légumes de saison. Ahmed est marchand de légumes. Il a la conviction que les prix des salades et des plantes potagères, notamment la laitue, le persil, l'épinard et autres ne tarderont pas à augmenter. En revanche, le poivron et la tomate seront plus accessibles à la bourse des Tunisiens. « Les tomates sont à 1,D700, le piment est à 1,D380 et le poivron est à 2,D500 le kilo. Certes, les prix ont sensiblement baissé mais restent, à mon avis, assez élevés par rapport au pouvoir d'achat des Tunisiens », souligne notre marchand de légumes. Samiha s'approvisionne hebdomadairement en fruits et légumes. Pour les légumes, elle consacre environ 10D par semaine. « J'ai une petite famille et du coup, je n'ai pas besoin de dépenser plus qu'il n'en faut », indique-t-elle. Cette jeune maman ne cache pas sa satisfaction quant à la qualité de la marchandise proposée. Quant aux prix, elle les trouve accessibles. Notons qu'en ce vendredi, la botte de persil était à 500 millimes, les épinards à 1,D840 le kilo, la betterave à 1,D500, l'oignon et les pommes de terre à 980 millimes et le concombre à 1,D389. « Je pense que le couffin de la ménagère dépend étroitement des conditions climatiques. Les prix aussi », ajoute–t-elle en souriant. La malédiction de la viande d'âne Aux clients qui s'approvisionnent en fruits et légumes correspondent des couloirs désertés par les consommateurs. L'allée des bouchers ne compte que quelques chats. « Voilà où nous en sommes ! L'affaire de la viande d'âne a carrément mis notre activité en péril. Les médias, au lieu d'éclairer comme il se doit, l'opinion publique, enfoncent le clou et contraingnent les bouchers honnêtes à subir les conséquences des abus d'autrui », indique M. Abdelssalem, boucher spécialisé dans la vente de la viande chevaline. Boudé depuis deux semaines par les clients, il s'inquiète pour son activité. Le boucher de carrière n'hésite pas à présenter ses quittances tamponnées par la société Ellouhoum. Il ouvre le réfrigérateur pour prouver que la viande qu'il propose à ses clients n'est autre que la viande chevaline, la tête d'un cheval à l'appui. « Nous détenons deux boucheries au marché central. Leurs recettes quotidiennes n'excèdent aucunement les 200D, de quoi payer les charges, ni plus ni moins », renchérit-il.