Sur les sites archéologiques, des performances artistiques à la place de la visite classique. Le projet Nostoi, «histoires de retours et d'exodes», a fait parler de lui le week-end dernier, après la performance de ses artistes. Au musée de Carthage, ces derniers, des Tunisiens et des Italiens de différentes disciplines, ont réalisé une «visite expérimentale» sur ce site. L'idée est de proposer aux visiteurs un parcours autre que classique, où les informations, fournies d'habitude par un guide, sont remplacées par des performances artistiques. De bloc de pierres, le site se métamorphose et revient à la vie de même que son histoire prend du relief. Le projet réunit comme partenaires le Théâtre national tunisien, l'Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle, le Centre national de la recherche scientifique en France, la Fondation Fabbrica Europa de la région Toscane en Italie et la Cooperativa archeologia en Italie. Ces partenaires ont tenu, mardi dernier, une conférence de presse autour des résultats et perspectives du projet Nostoi. La première séance de la conférence a donné la parole aux différents partenaires pour les salutations institutionnelles, pendant lesquelles ils ont évoqué le challenge que constitue le tourisme post-événements du Bardo. Lors de la deuxième séance, des vidéos illustrant les étapes du projet ont été présentées par ses directeurs artistiques Michael Marmarinos et Kaïs Rostom. C'est que Nostoi a œuvré sur le site archéologique de Populonia en Italie en mars 2015, avant que les artistes tunisiens et italiens n'investissent l'espace historique et physique du site de Carthage. «Nous tenterons d'appliquer ce modèle sur d'autres vestiges en Tunisie», a déclaré Kaïs Rostom pendant sa présentation. «Le metteur en scène a donné une grande marge de liberté aux participants», nous affirme Arbia Abbassi, artiste, qui a choisi d'écrire un texte sur les femmes qui ont marqué l'histoire de Carthage. 12 Tunisiens et 13 Italiens ont imaginé ensemble Nostoi. A la rencontre de l'archéologie et de l'art, les performances des artistes sont nées dans les alambics d'un laboratoire scientifique où ils ont effectué des recherches studieuses sur l'histoire des sites de Populonia et de Carthage, accompagnés d'archéologues et d'historiens. Mettre en scène l'histoire connue mais aussi l'histoire cachée des lieux est l'un des challenges du projet. C'est ainsi que le voit Arbia Abbassi. Cette artiste et ses amis photographes, sculpteurs, comédiens et cinéastes tunisiens et italiens ont vécu des moments d'échange aussi bien culturel qu'humain dont le résultat s'est cristallisé le week-end dernier à Carthage, comme au mois de mars à Populonia. Et comme l'a dit le président de la fondation Fabbrica Europa, Luca Dini, «ce projet cherche à changer de point de vue sur comment travailler avec la jeune génération et comment avoir une vision contemporaine du patrimoine».