La Tunisie, ayant adhéré à l'Open-Gov Partnership, a mis en place un plan d'action national pour 2015-2016 L'administration tunisienne, cette boîte noire d'archives, alourdie par les tracasseries bureaucratiques, semble ne pas monter d'un cran. Elle n'est encore pas sortie de l'ornière, quitte à replonger dans le gouffre de la corruption. Les enquêtes chiffrées sont là pour confirmer ce constat, si lourd, d'un bilan jugé assez «mitigé». D'ailleurs, le sondage d'opinion qu'avait réalisé l'association des contrôleurs publics est venu nous alerter sur l'ampleur de la petite corruption qui a fait rage sous nos cieux, avec des pots-de-vin totalisant 450 millions de dinars. Kamel Ayadi, président fondateur du Centre international contre la corruption (Cicc), est du même avis, relevant qu'une autre étude engagée, tout récemment, par la Chambre tuniso-allemande de commerce a abouti au même résultat décevant. C'est que la corruption dans nos institutions publiques demeure un fait bien réel qui a fort impacté leur image et leur rendement. Leur capital-confiance, aux yeux des usagers, continue à s'éroder. Aujourd'hui, quatre ans après la révolution, cette administration censée être dépositaire des acquis de l'histoire a-t-elle su honorer ses engagements? De surcroît, a-t-elle réussi à épouser son temps, de sorte qu'elle parvienne à répondre aux exigences locales et internationales? Ainsi s'interrogent les participants au séminaire organisé hier à l'initiative du Cicc, avec le concours de l'Institut national de la normalisation et de la propriété industrielle (Innorpi), sous le haut patronage du chef du gouvernement. Il a pour thématique général «Le secteur public, quatre ans après la révolution : son apport dans la concrétisation des politiques publiques et la mise en œuvre des projets et réformes immédiates». Responsabilité sociale Mais le débat, qui se poursuit aujourd'hui s'est fixé un angle précis : «les entreprises tunisiennes et les défis de la transparence et de la gestion de l'intégrité : exigences locales et tendances internationales». Au cours des travaux, les interventions des participants préconisent plutôt les principes d'anti-corruption. Et ce, conformément au référentiel national de la gouvernance qui traite d'éthique de transparence et de la responsabilité sociétale, telles qu'inspirées des normes ISO 26.000, émises à l'échelle internationale depuis 2008, et adoptées par la Tunisie en 2010. Le directeur général de l'Innorpi, M. Nebil Ben Béchir, est revenu pour faire valoir ce référentiel national qui sert, selon lui, à répondre aux attentes des entreprises dans un contexte économique typiquement tunisien. Et d'ajouter que son institut a déjà contribué, à travers actions et accompagnement, à l'effort collectif de sensibilisation à une responsabilité partagée. Cet intérêt local que l'on porte aux valeurs de la responsabilité sociétale d'entreprises verse essentiellement dans une tendance internationale, visant à élaborer la norme ISO 37001 relative aux systèmes de management anti-corruption. Ce faisant, M. Ayadi a insisté sur l'impératif d'adopter autant de mesures procédurales que l'entreprise devrait ainsi appliquer, en bonne et due forme. Car la responsabilité sociétale amène l'entreprise à relever, volontiers, les défis de la transparence et de la gestion de l'intégrité. L'esprit de l'entreprise citoyenne. Une nouvelle culture Dans son allocution d'ouverture, le ministre de l'Industrie, de l'Energie et des Mines, M. Zakaria Hamad, a relevé que la Tunisie, ayant adhéré à l'Open-Gov Partnership, a mis en place un plan d'action national 2015-2016 en quatre principaux axes. Il s'agit de l'intégrité dans le secteur public, à travers la lutte contre la corruption et le renforcement de la démocratie par la transparence. Il est aussi question d'améliorer la qualité des prestations fournies et de renouer avec l'approche participative dans la politique de développement. L'utilité de la transparence des finances et des marchés publics et son application généralisée dans la gestion des ressources naturelles, des projets d'infrastructures et de protection de l'environnement est de mise. Ces axes fédérateurs, rappelle-t-il, puisent bel et bien dans l'essence du «Guide de bonne pratique de gouvernance des entreprises publiques» paru en 2008 et mis à jour en 2012. Cela dépend, selon lui, d'une nouvelle culture d'intégrité et d'ouverture sur l'environnement ambiant, dans la transparence requise. De son côté, Mme Hamma Yamina, directrice de l'Institut algérien de la normalisation, s'en est tenue à la mise en pratique d'une telle éthique d'anticorruption qui fait l'objet des normes ISO 37001, déjà en cours de préparation. Son institut entretient une relation de coopération avec son homologue tunisien (Innorpi). Elle se voit ainsi impliquée dans l'instauration d'une nouvelle culture de lutte contre la corruption. Contrairement à certains avis, elle trouve que l'entreprise tunisienne avance sur la bonne voie.