Par Mahmoud HOSNI Devant la curée générale macabre où toutes les corporations et tous les corps de métiers s'en donnent à cœur joie dans un pays presque à genoux, l'on fait un tour de table pour demander, éventuellement, qui n'a pas encore été servi. Dans le cas d'espèce, la question qui se pose plutôt c'est : qui n'a pas encore fait grève ? De grèves perlées, la fronde sociale est devenue générale, comme orchestrée, synchronisée pour se transformer en une véritable lame de fond, capable d'entraîner la barque dans l'abîme. Jeux d'égocentrisme, d'individualisme exacerbé, de corporatisme ou encore de relents de régionalisme ? Ce n'est pas là l'essentiel. Car tous ces hommes et ces femmes en colère semblent gagnés par un mouvement d'émulation. C'est à qui mieux mieux... Tant pis pour les autres, c'est-à-dire pour l'école, l'établissement de santé, le bureau de la Steg...fermés. Les citoyens-usagers attendront; ils reprendront le bus qui les ramènera à leur village et pourraient revenir un autre jour, même si certains ont été obligés d'emprunter le prix du ticket de voyage. Devant cette curée, ou plutôt folie générale et hystérie quasi collective, la quasi-majorité semble oublier une chose importante : le salaire qu'ils empochent, ce n'est pas une manne du ciel ou encore moins l'Etat-providence qui le leur a servi. C'est tout simplement l'argent du contribuable qui a été saigné à blanc (du jeune actif au retraité, en passant par le chef d'entreprise), qui leur tombe dans l'escarcelle. La question qui se pose avec acuité, ce n'est pas celle de la légitimité ou non des revendications, mais celle du droit ou non à voler le contribuable. Parce que les grèves ont d'autres formes d'expression : porter le brassard rouge, marquer un arrêt d'une heure par exemple ou d'une journée. Mais s'offrir trois à cinq jours de vacances, franchement je ne suis pas prêt en tant que contribuable à leur payer des jours de farniente et de chicha. Il y a eu révolution en Tunisie. Mais la véritable révolution, celle des esprits, des mentalités et des comportements, n'a pas encore eu lieu. Sinon chacun aurait compris la sacralité de l'argent du contribuable et de l'argent public et l'aurait estimé à sa juste valeur, c'est-à-dire qu'il n'en aurait pas fait abus mais qu'il aurait plutôt sué pour le mériter.