Une impression de kaléidoscope ludique, une mosaïque de sensations, un tourbillon d'images, une allégresse Toute rencontre avec Rym Karoui est éblouissement. Les cimaises de la galerie Gorgi, toutes de blancheurs, explosent de couleurs, de contrastes, de matières.... Il faut un temps d'adaptation à cette profusion, à cet imaginaire débridé et maîtrisé, à cette accumulation de messages subliminaux, de codes, de rébus, d'histoires à déchiffrer. Car c'est cela Rym Karoui : une impression de kaléidoscope ludique, une mosaïque de sensations, un tourbillon d'images, une allégresse. Et puis, quand tout se calme et reprend place, un lent décryptage des mille et un messages insérés dans les œuvres, un décodage des collages, un déchiffrage des références. Mais commençons par le commencement : au début était le dessin. Rym Karoui revient à l'essentiel, bouclant ainsi la boucle, revenant aux origines, recentrées autour des valeurs essentielles, retrouvant ses constructions premières de personnages centraux autour desquels s'articule le tableau. Et puis, il y a la résine, cette matière miroir, si difficile à maîtriser, dont elle enduit ses toiles, et qui leur donne un éclat, une densité, une luminosité qui sied à son travail. Et puis surtout qui induit la troisième dimension, celle à laquelle elle voulait accéder par la sculpture. Car en fait, cette exposition est aussi et surtout une exposition de sculptures, certains tableaux n'en étant en fait que les ébauches, les projections. Quant aux thèmes, Rym Karoui, qui ne sait jamais sur quoi elle travaille, ni pourquoi, qui peint ce que lui dicte on ne sait quel génie farceur quelquefois, qui glisse des messages souvent irrévérencieux que lui dicte une petite voix insolente, parvient cette fois-ci à les définir. «Je suis obsédée par les icône féminines. Celles du passé et du présent. Des reines et des odalisques, Frida Kahlo et Marilyn Monroe». Ne lui demandez pas pourquoi, elle sait juste qu'elles sont là, quelque part dans sa tête, dans son œil et qu'elles ne demandent qu'à sortir et à l'envahir. D'où, d'ailleurs, le titre de l'exposition : Invasion. Alors ne vous étonnez pas de trouver la reine Margot à côté de l'odalisque d'Ingres, et les stars du cinéma aux côtés des vedettes du monde des arts. Chez Rym Karoui, tout est insolite, rien n'est incongru.