L'exposition de groupe «180°» regroupe une cinquantaine d'œuvres de six artistes : Lamine Sassi, Habib Bouabana, Walid Zouari, Zouhour Gargouri, Fethi Ben Zakour et Nabil Sami à la galerie Roubtzoff à La Marsa. L'occasion de revoir une œuvre picturale tout en énergie et en beauté. Explorant encore et toujours les enjeux actuels de la peinture, tout en offrant à voir les dernières créations de nos artistes, peintres, la galerie Roubtzoff présente, cette fois-ci, les toiles de six peintres tunisiens qui surprennent par leur matérialité exacerbée, qu'il s'agisse de grands ou de petits formats, présentées en séries ou bien dans leur plus grande singularité. Toutes obédiences picturales confondues, les peintres Lamine Sassi, Habib Bouabana, Walid Zouari, Zouhour Gargouri, Fethi Ben Zakour et Nabil Sami nous offrent, à travers leurs œuvres, une balade évanescente, une aventure humaine puissante et subtile, haute en couleur. Sur fond sombre ou encore coloré, des formes s'agitent, se meuvent et enfin se disloquent en accumulations de matière et coups de pinceaux expressifs. Chacun de ces artistes surprend le visiteur par la singularité de sa démarche, son œuvre, l'émotion qu'elle renvoie et les messages qu'elle véhicule. La peinture de Habib Bouabana est à l'honneur avec l'exposition de ses œuvres majeures datant de 1942 à 2003. Une belle façon de se remémorer l'artiste et de revoir son œuvre riche et singulière. Cet artiste-plasticien, poète et chroniqueur tunisien, était avant tout un avant -gardiste «tourmenté et révolté». Il ne versait pas dans l'orientalisme folklorisant, mais s'était inventé son propre univers. Un univers intime et discret, dicté par ses émotions et embelli par le choix de sa palette. Quant aux œuvres de Fethi Ben Zakour, elles offrent au visiteur une poésie fébrile et tendre toute en formes et en couleurs qui ne laissent pas indifférent. Le recours à des supports multiples, aussi différents que la toile ou le papier kraft, est une façon pour lui de tromper l'ennui qui hante tout artiste. Et puis on ne se lasse jamais de retrouver «les femmes» de l'artiste-peintre Lamine Sassi, l'un des meilleurs que compte la place. A travers les portraits de ses «femmes en fleurs, joyeuses ou tristes, mélancoliques ou gaies, pensives ou désintéressées, machiavéliques ou déesses», la couleur est son mode d'expression. La forme, le trait, la matière, sont tous au service d'une harmonie colorée qui magnifie son sujet de prédilection. La couleur est tantôt légère, translucide, énergique, puissante, profonde, diaphane, mais toujours poétique. Grand prix de la Ville de Tunis 1993-1999, 2e Prix des jeunes plasticiens au Festival de Monastir 1990 ainsi que plusieurs participations au Salon des Arts de Paris : de 2005 à 2008, Nabil Sami transpose, à travers ses œuvres, la réalité en une peinture riche et inventive. Son œuvre est à la fois réelle et imaginaire. Sa peinture est si profonde et puissante qu'elle est « capable de traduire un horizon noir en couleurs». D'autres œuvres s'ouvrent au spectateur comme de nouveaux chemins, de nouvelles possibilités créatives. On peint des randonnées, des suggestions, des éventualités, installant une réelle émotion entre la peinture et le spectateur. On retrouve l'œuvre de Walid Zouari et Zouhour Gargouri, où la peinture forme de véritables rhapsodies colorées, permettant aux peintres de s'inventer de nouvelles architectures de l'espace. Parfois, des espaces abstraits émergent des visages, des fragments d'humanité présentant une interaction entre le monde lyrique de rêves et le monde rationnel. Voici donc une invitation à une balade évanescente, une aventure humaine puissante et subtile haute en couleur... Une exposition visible jusqu'au 3 juin prochain.