C'est aujourd'hui, aux frontières séparant la Tunisie, l'Algérie et la Libye, que les menaces terroristes les plus sérieuses se précisent. Forces tunisiennes et algériennes y sont en état d'alerte maximale, sous les regards attentifs des Occidentaux C'est désormais dans cette zone séparant la Tunisie, l'Algérie et la Libye que tout se joue et se dessine dans la gestion de la lutte contre le terrorisme. C'est là, dans ce triangle de l'immense étendue saharienne, où pullulent les passeurs professionnels, fins connaisseurs et aguerris, que les autorités tunisiennes et algériennes, sur la même longueur d'onde, ont acheminé récemment le plus gros de leur artillerie lourde. «On n‘a jamais vu autant d'hommes, d'armes et d'avions dans cette zone», note un agent de la Garde nationale en patrouille. En effet, il s'est avéré que les Algériens ont mobilisé, le long de leur frontière du sud, quelque dix mille soldats armés jusqu'aux dents sous couverture aérienne. Idem pour le côté tunisien où les effectifs des ministères de la Défense et de l'Intérieur expédiés au sud du pays ont presque doublé ces jours-ci. Avec, en sus, tous les équipements de combat nécessaires, y compris ceux fraîchement importés d'Europe et d'Amérique et qui devraient apporter le plus escompté. Avec une mobilisation tuniso-algérienne de cette ampleur sans précédent (la mission est claire) : c'est ce triangle de tous les dangers qu'il faudra absolument annihiler, torpiller, écraser. Concentrations terroristes C'est que ce triangle est devenu, soutiennent les services de renseignements algériens, tunisiens et occidentaux, la cible privilégiée des groupuscules terroristes qui l'avaient transformé, ces derniers mois, en véritable passoire. C'est là où ils faisaient, jusqu'ici, ce que bon leur semble : infiltrations de jihadistes, acheminement d'armes et de munitions et activité débordante des contrebandiers à leur solde. Le tout, a-t-on vérifié, à coups de faux documents (passeports, CIN, papiers de voiture, laissez-passer) et avec le soutien avéré de complices ! C'est aussi autour de ce triangle que d'importantes concentrations terroristes ont été récemment signalées, côté libyen, où se massent désormais, redoutablement armés, de nombreux groupuscules jihadistes venant des régions voisines (Derna, Tripoli, Zouara, Gheriane, Mosrata, Syrte, Sobrata...) et même du Mali, du Niger, de Somalie et du Nigeria. Le plus grave est que ces réseaux superentraînés de différentes nationalités, et dont une partie venait de rentrer du jihad en Irak et en Syrie, sont chapeautés, dirigés et gérés par la redoutable organisation ultraradicale de Daech dont le caïd Aboubakr Al-Baghdadi qu'on dit totalement guéri après le raid américain du mois de mars dernier en Irak a, faut-il le rappeler, juré de conquérir un jour l'Afrique du Nord ! D'ailleurs, il n'est pas exclu que les scènes d'émeutes et de saccages qui avaient simultanément émaillé récemment le Sud tunisien, ainsi que le Sud algérien, entrent dans le cadre de cette machiavélique stratégie daechiste. Les Occidentaux s'en mêlent Dans ce «triangle de la mort», l'état d'alerte maximale est donc décrétée par la Tunisie et l'Algérie qui assiègent désormais totalement ces frontières névralgiques où on est sur le qui-vive 24 heures sur 24, vu l'affluence record des passagers dont il faut absolument contrôler minutieusement l'identité et fouiller les véhicules. D'où d'importants coups de filet réalisés jusqu'à présent (arrestations, saisies d'armes et de produits de contrebande...). Or, il s'est avéré que c'est par les «piétons» que le danger arrive. Ceux-là mêmes dont certains ont réussi (et réussissent peut-être encore), en dépit de la vigilance des gardes-frontières, à s'infiltrer clandestinement dans nos murs, grâce à des complicités restées encore bizarrement mystérieuses ! C'est inévitablement pour toutes ces raisons que des services de renseignements occidentaux s'en mêlent. En effet, il s'est avéré, selon des sources policières tunisiennes et à en croire des médias algériens, que la France, les Etats-Unis et l'Italie ont déjà pris d'assaut ce triangle frontalier, en y massant espions et experts en armement et en traque de l'internationale intégriste qui menace, il est vrai, leurs intérêts dans la région. Faute d'avoir obtenu auprès de la Tunisie et de l'Algérie l'aval pour l'aménagement, dans ces deux pays, de bases militaires en bonne et due forme, en dépit de l'insistance de l'Africom (haut commandement de l'armée américaine en Afrique), ces trois pays se contentent aujourd'hui d'opérations de vigilance, de reconnaissance, d'entraînement et de suivi sécuritaire dans ledit triangle.