Garantir aux populations et aux individus une assise socioéconomique et développementale équitable, tout en renforçant leur résilience Le dernier rapport du programme des Nations unies pour le développement (Pnud) sur le développement humain relatif à 2014 met en exergue la nécessité de faire face aux disparités internationales et interrégionales en matière de développement humain et sur l'impératif, pour les Etats, d'asseoir les jalons d'un ensemble de systèmes politiques, développementaux et financiers à même de garantir aux populations et aux individus une assise socioéconomique et développementale équitable. Renforcer les acquis développementaux internationaux passe inévitablement par le comblement des lacunes récalcitrantes qu'endurent les catégories et les groupes vulnérables, notamment les populations et les classes sociales qui ne bénéficient toujours pas d'un développement humain, à l'instar des catégories favorisées. Actuellement, l'intégration transnationale devrait, plus que jamais, prendre une dimension autre que celle perçue par les Etats. Jusqu'à nos jours, elle n'a servi, en effet, qu'à approfondir la vulnérabilité, la précarité et l'iniquité à travers le monde. Et à défaut d'une protection sociale universelle et d'un régime international efficient et à cause de la faiblesse des systèmes de gouvernance mondiale, elle s'avère être plus un catalyseur de lacunes qu'un outil développemental. Pourtant, elle peut parfaitement représenter la solution la mieux indiquée pour sortir de l'impasse et diminuer la vulnérabilité. Des progrès palpables, mais désormais ralentis L'intégration transnationale des systèmes commerciaux, financiers, migratoires et de communication a, certes, joué un rôle considérable dans la promotion et le renforcement du développement humain. Des progrès notables ont été enregistrés et analysés au fil des années dans les précédents rapports du Pnud. En misant sur l'intégration transnationale, les politiques internationales ont, en effet, réussi à améliorer l'accès aux marchés et aux réseaux internationaux et à booster l'économie internationale. Or, de nouvelles variables, de plus en plus pesantes, constituent de redoutables menaces pour les groupes vulnérables. Il s'agit d'un lot de catastrophes auquel il devient difficile de faire face. L'impact des changements climatiques, la fréquence et l'intensité des catastrophes naturelles, la récurrence et la gravité croissante des conflits armés, la prolifération des maladies transmissibles, ainsi que la volatilité des prix des actifs financiers, du coût des matières premières et des flux des capitaux, autant de facteurs concomitants qui renforcent la vulnérabilité et enfoncent le clou d'une cohésion sociale ébranlée. Jusqu'à nos jours, la lutte contre la vulnérabilité reste inefficiente car marquée par l'obstination des Etats à l'instauration de politiques nationales en parfaite contradiction avec le contexte mondial, notamment les enjeux et les défis mondiaux. Pis encore, face aux grandes menaces mondiales, comme les conflits armés et les catastrophes naturelles, les politiques internationales semblent toujours divergentes. Leurs interventions se limitent dans le temps. Seules les organisations internationales non gouvernementales, elles, se débrouillent un tant soit peu pour résoudre les problèmes émergents et équilibrer la balance. Sauf que leur capacité à faire face aux problèmes semble amoindrie, faute de moyens. Place aux biens mondiaux et aux biens communs universels Lutter contre la vulnérabilité grâce au renforcement de la résilience constitue la solution recommandée par le Pnud. Le présent rapport met l'accent sur l'impératif d'instaurer deux logiques mondiales complémentaires, à même d'apporter aux groupes vulnérables la solution appropriée à leurs problèmes. Créer une logique de biens mondiaux et une autre de biens communs universels garantirait à la fois le renforcement des acquis développementaux enregistrés et comblerait les lacunes repérées. Deux logiques qui promettent d'apporter aux populations vulnérables la protection socioéconomique dont elles ont besoin. Pour ce, il convient d'établir un dialogue mondial afin de déterminer la liste des biens communs mondiaux et de recenser les populations cible. Le présent rapport évoque, par ailleurs, un problème récalcitrant, notamment la «faiblesse de l'architecture de la gouvernance mondiale». Il existe, en effet, un écart considérable entre les mécanismes de la gouvernance mondiale, d'une part, et la vulnérabilité et la complexité des processus mondiaux, d'une autre. Le rapport souligne le manque de savoir-faire et de moyens qui caractérisent les institutions mondiales. D'autant plus que les politiques internationales, notamment les législations et les normes internationales, ne prennent pas en considération les intérêts des groupes et des pays vulnérables. Ce qui engendre immanquablement l'émergence de nouvelles formes de vulnérabilité et accentue le schisme de la cohésion sociale. D'où, l'impératif pour les Etats, les institutions internationales, le secteur privé et la société civile de retrousser les manches et d'œuvrer ensemble pour mettre en place des biens mondiaux et des biens communs universels afin de doter désormais les groupes vulnérables de nouvelles capacités à même de renforcer la résilience. Une action qui n'aura jamais lieu sans un processus mondial, participatif et inclusif.