Du jamais vu depuis le duel Bourguiba- Nasser : l'Egypte vient de rappeler son ambassadeur à Tunis, pour consultations. L'Etat des Emirats Arabes Unis l'y avait précédé de quelques jours, en protestation, les deux pays, contre les propos tenus par Moncef Marzouki, à la tribune de l'ONU à New-York. Devant l'assemblée générale, le président de la République provisoire avait en effet demandé la libération de l'ancien président égyptien « Mohamed Morsi et des autres détenus politiques ». Une inégrence dans les affaires intérieures dûment déplorée au Caire cimme à Abu Dhabi. L'élan droit-l'hommiste l'a emporté sur le sens de l'Etat, de quoi susciter un couac diplomatique sérieux avec deux alliés de valeur. Se mettre l'Egypte sur le dos, c'est affronter 90 millions d'arabe, le cœur battant de l'arabisme. Quant aux Emirats, qui ont pris clairement le relai du Qatar dans la géostratégie du « Printemps arabe », personne ne gagne à perdre leur soutien financier et diplomatique. De retour de New-York, Marzouki doit trouver aujourd'hui l'issue pour renouer avec ces deux grandes puissances dans la région. La diplomatie est aussi l'art de dissiper les "malentendus", de faire oublier les "excès" et de reconstruire les ponts, disent les diplomates. Privé de conseiller diplomatique depuis la démission de Hédi Ben Abbes et n'écoutant que son cœur d'ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme, Marzouki doit revenir aux apôtres du ministère des Affaires étrangères pour apaiser les dirigeants égyptiens et émiratis et les inviter à re-dépêcher leurs ambassadeurs pour regagner leurs postes à Tunis. Un rattrapage urgent !