On l'a dit en disgrâce ; en délicatesse avec les barons du mouvement qui ne sont pas près de lui pardonner d'avoir défendu l'idée d'un gouvernement de technocrates au lendemain de l'assassinat de Chokri Belaïd; qu'il songeait à créer un nouveau parti et à défaut rejoindre Hamed Karoui. La traversée du désert a-t-elle pris fin pour Hamadi Jebali? En tout cas, tout porte à le croire. Car, voilà qu'il rebondit, écumant les plateaux de télévision et les studios de radio, prêt en découdre avec l'opposition. La soixante épanouie, l'homme n'a rien perdu de cette combativité et ces qualités d'organisateur hors-pair qui ont permis à Ennahdha de faire un carton aux premières élections démocratiques dans l'histoire du pays. On en a eu un avant-goût ces derniers jours, lorsqu'il s'en est pris à Chabbi et Hammami qualifiés de «schizophrènes» pour avoir moblisé les foules, tout en continuant à prôner le dialogue. Peut-il aider son parti à remonter la pente? En tout cas, le patron du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi le croit. La tâche ne sera pas de tout repos. Car le parti a accumulé les déboires depuis sept mois. Il a surtout subi l'usure du pouvoir. Dans les sondages, il est devancé par Nidaa Tounès que les dirigeants d'Ennahdha, Ghannouchi en tête, ont eu le tort de traiter avec condescendance lors de sa création. Sûr de lui, grisé par sa victoire électorale, le parti islamiste n'a rien vu venir. Une erreur d'appréciation impardonnable, car c'était sans compter avec ce vieux briscard de la politique, Béji Caïd Essebsi qui a su faire d'une formation hétéroclite, un parti qui compte et surtout qui risque de damer le pion au part islamiste aux prochaines élections. Aujourd'hui, il doit aussi compter avec le Front populaire devenu la troisième force du pays. Cela fait beaucoup de défis à relever. Hamadi Jebali sera-t-il le deus ex machina d'Ennahdha. Tags : Chokri Belaïd Hamed Karoui Hamadi Jebali Rached Ghannouchi Ennahdha Béji Caïd Essebsi Nidaa Tounès