Point de discours-programme fleuve, ni de promesses sectorielles détaillées qu'il sait impossibles à tenir. Mehdi Jomaa a préféré sollicité l'investiture de l'Assemblée nationale constituante pour son gouvernement sur la base d'une déclaration d'urgence, brève (22 mn) et percutante. D'emblée, il réaffirmé que son mandat n'est autre que de conduire la Tunisie vers des élections libres et transparentes que nul ne saurait contester. Pour y parvenir, a-t-il expliqué, il faut s'appuyer sur deux piliers centraux, la sécurité et le rétablissement de la signature de la Tunisie afin de mobiliser les financements extérieurs indispensables à la relance économique. Ce triangle d'or, élections, sécurité et financement, qui n'omet pas des actions économiques et sociales urgentes placées au cœur du dispositif, doit s'appuyer, souligne-t-il, sur un large consensus politique stablisateur et le gouvernement s'y attachera. Pour Mehdi Jomaa, le contexte est spécifique, la mission claire et la démarche précise. Son gouvernement est exceptionnel à plus d'un titre. N'émanant pas d'élections mais d'une légitimité inédite, celle du Dialogue national, n'appartenant à aucun parti et limité dans la durée avec pour échéance les élections auxquelles ses membres n'ont pas le droit de se présenter, le gouvernement ne sera ni partisan, ni populiste, mais concentré sur son mandat. En fait, si on ne pourra pas lui reprocher à l'issue de son exercice, de n'avoir pas réussi de grandes réformes ou multiplier les écoles, les routes et les hôpitaux. Il sera comptable de favoriser l'instauration d'un climat propice au déroulement d'un scrutin équitable. C'est là une mission hautement politique qui ne semble échapper à Jomaa. Sécurité: Tolérance zéro Dans l'axe sécuritaire, le chef du gouvernement désigné inclut non seulement la lutte contre le terrorisme, mais aussi la contrebande, le crime organisé, la violence, l'usurpation par des factions radicales du maintien de l'ordre et l'obstruction illégale au travail. S'il n'a pas explicitement désigné les milices, il a clairement annoncé que seul l'Etat est investi de la mission de protéger la révolution. Fermement, il a réitéré son engagement à faire respecter la loi. Pour ce qui est de l'assassinat de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, il s'agit non seulement de faire toute la lumière sur les abominables conditions de leur meurtre, mais aussi et surtout de faire arrêter tous les coupables et de les traduire devant le justice. Evoquant l'administration, Mehdi Jomaa s'est engagé à la préserver des tiraillements politiques et réviser toutes les nominations concernant les gouverneurs et les services qui leurs sont attachés, pouvant prêter équivoque ou pouvant jeter l'ombre d'un doute sur les élections. La valeur du travail L'axe économique est pour Mehdi Jomaa, fondamental. Etablir un garrot pour faire cesser l'hémorragie de l'érosion financière et restaurer la crédibilité de la signature tunisienne afin de reconquérir la confiance des bailleurs de fonds et des investisseurs constituent selon lui un impératif majeur. Remettant en cause certaines mesures de recrutements en sureffectifs et d'augmentations salariales sans être liées avec une augmentation de la productivité, prises sous la pression des premiers mois de la révolution, et qui ont obéré les finances publiques, il a appelé à trouver d'autres moyens plus efficaces et mieux appropriés. Rétablir la valeur du travail et mettre la performance au centre de l'action est l'unique voie en la matière. Sa conclusion sous forme d'appel général et d'engagement politique déterminé. L'appel à un large rassemblement de toutes les forces politiques, économiques et sociales, sous la bannière de l'intérêt national, pour réussir les élections. L'engagement est celui d'y œuvrer, affirmant que son gouvernement sera à l'écoute de tous, au service de la nation.