Kais Saied en visite officielle en chine    Le mouvement « Tunisie en avant » appelle à la révision du décret 54    Tunisie-Hydrogène Vert: Une nouvelle stratégie pour exporter 6,3 Mt H2 par an d'ici 2050 vers l'UE par pipeline    Pétrole : Prix du baril au 24 Mai 2024    Papouasie-Nouvelle-Guinée: Plus de 2000 personnes ensevelies par un glissement de terrain    Roland-Garros : Ons Jabeur face à Sachia Vickery au 1er tour    Météo : Températures stables, entre 25 et 30 degrés    Hommage à Pr Nozha Ben Salah : Une Perte Immense pour la Pneumologie Tunisienne    Tragédie à Gaza : un bombardement israélien sur un camp de réfugiés fait 35 victimes    La Turquie est le deuxième plus grand investisseur en Ghana après la Chine    Catastrophe naturelle aux Etats-Unis : des tornades dévastatrices causent de lourdes pertes    Le Groupe africain de l'UIM exhorte les autorités tunisiennes à respecter l'indépendance du pouvoir judiciaire    Tunisie : Qui est Kamel Madouri, le nouveau ministre des affaires sociales ?    Un état Palestinien: Une revendication plus que centenaire    Démantèlement d'un réseau de trafic de drogue    Tunisie – Sousse : Saisie de quantités de drogue dans une voiture étrangère    Tunisie : Arrestation d'un « takfiri » recherché à Nefza    Tunisie – METEO : Températures entre 16 et 24°C    Kairouan: Un mouton de sacrifice à 2 mille dinars ? [Vidéo]    Les 101 en Or de l'ACC : Sept professionnels du cinéma tunisien à l'honneur    Kaïs Saïed se défait de ses proches et se retrouve face à la rue    Qui sont les athlètes africains les mieux rémunérés en 2024 ?    Le taux de remplissage des barrages atteint 33,5%    CAB: Réaction attendue    ESM: En conquérants    EGSG: Le test de vérité    Cap sur la transition énergétique    5e semaine de la Flore: La riche biodiversité du nord-ouest sous la loupe des scientifiques    Recevant la ministre de l'équipement et de l'habitat, chargée de gérer le département des transports: Saïed appelle à trouver une solution définitive au projet « Sama Dubaï », tout en préservant les intérêts de l'Etat    Nabil Ammar souligne l'importance d'une migration gérée humainement    Chroniques de la Byrsa: Au train où ne vont pas les choses...    Composition du gouvernement: Le Chef de l'Etat décide un remaniement partiel    On nous écrit— «Eventail Mys-terre» de Lynda Abdellatif: Entre mémoire, résilience et alchimie    Au gré des expositions: Raconter des lieux    Tunisie – Remaniement ministériel : Kamel Feki et Malek Zahi limogés    Education nationale : 19 millions de dinars pour relier des écoles rurales au réseau d'eau potable    Les supporters de l'EST malmenés au Caire    Al Hilal rentre dans l'histoire du football avec 34 victoires consécutives    Récompenses pour le vainqueur de la Ligue des Champions Africaine 2024    Pr Rafaâ Ben Achour - Lecture rapide de la Troisième Ordonnance dans l'affaire Afrique du Sud c. Israël    Envirofest Tunisia , le festival du film environnemental, se déroule du 24 au 29 mai 2024 à Tunis    Tunis accueille l'exposition "Ce que la Palestine apporte au monde"    Effondrement d'un immeuble de 5 étages à Casablanca    Tabac : l'OMS dénonce le marketing qui séduit les jeunes    Carthage Cement augmente de 55% son résultat net en 2023    Jennifer Lopez et Ben Affleck au bord du divorce ?    Prix des 5 continents de la Francophonie 2024-2025 : L'appel à candidatures se poursuit jusqu'au 31 juillet    Le Groupement Professionnel de l'Industrie Cinématographique de la CONECT appelle à la réforme du cinéma Tunisien    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Il était une fois, Nidaa Tounès...
Publié dans Leaders le 03 - 02 - 2016

Décidément, il me faudra du temps pour faire mon deuil de Nidaa Tounès. Je m'étais juré de ne plus m'y intéresser, désespéré que j'étais par les ambitions démesurées des uns et les frasques des autres. Et pourtant, me voici en train de pérorer sur la chute annoncée d'un parti devenu l'objet du ressentiment de ses électeurs après avoir été leur ultime recours contre l'hégémonisme d'Ennahdha. Comme si je ne m'étais pas encore résigné à sa chute et nourrissait l'espoir de voir émerger un deus ex machina qui sauverait le parti du naufrage.
Tel qu'il s'était construit, ce parti tenait à la fois de l'arche de Noé, avec des militants venus des horizons les plus divers, et du radeau de la Méduse, donnant souvent l'impression de voguer au gré des vents. Il était un défi aux lois de l'équilibre et pourtant, il s'était imposé très vite malgré une météo politique particulièrement instable. Il tutoyait tous les dangers, défiant avec un aplomb extraordinaire ses adversaires : « la loi d'immunisation de la révolution ne passera pas». La voix de Béji Caïd Essebsi résonne encore à mes oreilles. La consécration viendra en août 2013. C'est Ghannouchi en personne qui cédera en rendant visite à BCE à Paris.
Ce parti à qui tout réussissait est aujourd'hui à l'agonie. Il n'a pas échappé à cette fatalité de l'échec qui guette tous les «catch all parties». Il était conçu pour être une machine électorale et non pas un parti de gouvernement. Du temps où il présidait Nidaa Tounès, Béji Caïd Essebsi disait que son parti n'était pas comme les autres. Il ne croyait pas si bien dire. Ce parti ne ressemblait à aucun autre. Il a grandi trop vite et vieilli trop vite, fit mordre la poussière à son rival lors des élections législatives pour sa première participation, nous a donné beaucoup à voir et à entendre depuis son accession au pouvoir. Son histoire mouvementée ressemblait à un feuilleton vaudevillesque où les rebondissements et les dénouements les plus inattendus se succèdaient à un rythme effréné. Pendant des mois, les Tunisiens ont vécu au rythme des éclats de voix, des claquements de portes et des phrases assassines. Chaque jour que le Bon Dieu faisait nous apportait son lot de démissions, de brouilles ou de réconciliations. Depuis son accession au pouvoir, Nidaa était même devenu du pain bénit pour les journalistes, un gisement d'articles où les journalistes étaient assurés de trouver matière à dérision.
D'abord amusés, puis outrés par ce triste spectacle que leur offrait leur parti, les Tunisiens ont fini par se faire une raison, en l'absence d'une alternative, ce sera quand même Nidaa. Tout a changé lorsque le fils de «Si Béji» s'est découvert sur le tard une vocation d'homme politique. A force de s'entendre dire qu'il était l'homme idoine pour le parti, il a fini par croire qu'il pouvait même prétendre à un destin national. Tout grand stratège qu'il est, Béji Caïd Essebsi est aussi un père aimant et attentionné. Par exemple, il n'a pas du tout apprécié la réaction de certains cadres du parti à la désignation de son fils, Hafedh, comme tête de liste du parti à Tunis lors des élections législatives. Devant l'hostilité que provoqua cette désignation, il dut lui demander de se retirer, mais avec le sentiment d'avoir commis une injustice envers son fils. Désormais, il ne faudra plus compter sur lui pour freiner les ambitions de Hafedh. Mais c'était ouvrir la boîte de Pandore, c'était s'aliéner une bonne partie de son électorat dont on sait l'aversion à tout ce qui leur rappelait de près ou de loin le népotisme du régime déchu.
Il faut dire que cette tentation dynastique dont on soupçonne le fondateur de Nida d'y avoir cédé est très fréquente dans les dictatures arabes : la Syrie de Hafedh El Assad, l'Egypte de Hosni Moubarak, le Yémen de Ali Abdallah Salah, la Libye de Kadhafi. Elle était l'une des causes de leur chute, même si aucun n'avait eu le temps de la mettre à exécution.
On aurait voulu que Béji Caïd Caïd Essebsi s'inspirât de l'exemple de De Gaulle. Le fondateur de la Ve République avait toujours refusé à son fils Philippe la médaille de la Résistance et le titre de compagnon de la Libération, alors qu'il avait été l'un des premiers à le rejoindre à Londres en 1940 et eut un comportement exemplaire dans la résistance et sur les différents fronts. «Je ne pouvais pas, lui mon fils, le faire compagnon de la Libération ni lui décerner la médaille de la Résistance, sinon à titre posthume ou s'il était revenu gravement mutilé, et encore», a expliqué le général.
«Entre la justice et ma mère, je choisirais ma mère», disait Albert Camus. Entre le sauvetage du parti et son fils, Béji Caïd Essebsi a choisi son fils, même s'il insiste aujourd'hui sur sa neutralité. Un choix malheureux dont l'onde de choc se fait sentir aujourd'hui. BCE n'a pas seulement tué son parti, il a également fragilisé le pays en le privant d'une formation politique dans laquelle la majorité des Tunisiens se reconnaissait.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.