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Habib Touhami: Ahmed Ben Salah entre ingratitude et injustice (Album Photos)
Publié dans Leaders le 20 - 10 - 2020

Par Habib Touhami - De tous les hommes politiques tunisiens de mon adolescence, deux sortaient du lot à mes yeux et bien que je sois, comme beaucoup de fils de destouriens du Sud, plus proche humainement parlant d'un Taieb Mhiri ou d'un Ahmed Tlili, ma préférence allait aux deux Ahmed, Ben Salah et Mestiri.
J'aimais les écouter à la radio parce qu'ils tenaient tous les deux un discours authentiquement structuré, à l'opposé d'un Habib Bourguiba qui passait derechef et dans le même discours du narratif a l'injonctif et à l'onirique. Ils le faisaient à leur manière, l'un avec calme et détachement, l'autre avec enthousiasme et passion. Avec le recul, je pense qu'ils se préparaient tous les deux à un inévitable retournement de ce chef qu'ils vénéraient tant. Les évènements leur donnèrent raison. Au sein même du Néo-Destour, leur parti, les deux Ahmed finirent par devenir des pestiférés bien qu'ils comptent tous les deux parmi les vrais bâtisseurs du pays et de ceux qui ont servi au lieu de se servir.
S'agissant d'Ahmed Ben Salah, les choses allèrent beaucoup trop loin. Me promenant un jour à l'Ariana avec un ami, ancien haut magistrat, nous rencontrâmes « un pays » à lui originaire du Sahel (il aurait pu être de Kébili ou de Béja). Tout se passa chaleureusement avec moi jusqu'au moment où il aperçut le livre d'Ahmed Ben Salah que je tenais à la main. Il entra aussitôt dans une colère noire me reprochant vivement de lire un ouvrage séditieux écrit par un «criminel» qu'il fallait pendre. Un demi-siècle après la fin du «collectivisme» et la liquidation du «socialisme», l'extrême violence de la réaction me frappa comme un coup de poing au plexus. Il est vrai que pour une population active essentiellement composée de paysans et de « négociants », le mouvement coopératif était forcément perçu comme une brimade doublée d'une spoliation.
Outre son outrance, la haine que suscite Ahmed Ben Salah encore aujourd'hui montre que les réformateurs et les iconoclastes n'ont pas droit de cité dans une société devenue de plus en plus conservatrice, par la démographie d'abord, la culture ensuite. Elle montre aussi que les préjugés et les idées reçues continuent à l'emporter aisément sur les faits. Car de quoi accuse-t-on Ahmed Ben Salah au fond ? D'avoir eu trop de pouvoir en coiffant tous les ministères économiques, plus l'Education nationale ? Mais c'est Habib Bourguiba lui-même qui en prit la décision. De précipiter la généralisation du mouvement coopératif ? Mais c'est Habib Bourguiba qui l'a voulu sans d'ailleurs demander l'avis de l'intéressé. D'avoir poussé les gouverneurs à un zèle extrême et idiot pour satisfaire à cette exigence ? Mais Ahmed Ben Salah n'avait pas autorité sur les gouverneurs qui dépendaient alors, rappelons-le, du seul Président de la République et de son ministre de l'Intérieur.
Qu'Ahmed Ben Salah soit responsable de sa gestion, c'est incontestable, à condition que l'on en fasse enfin le bilan, honnêtement, méthodiquement. Que tous les malheurs survenus au pays lors des années soixante, sécheresse et inondations comprises, lui soient attribués, c'est à la fois inexact et infantile. «L'ingratitude envers les grands hommes est la marque des peuples forts.», disait Plutarque. Il y a cependant un gouffre immense entre ingratitude et injustice. Les peuples ont parfaitement le droit d'être ingrats, mais ils n'ont pas à être injustes pour légitimer leur ingratitude. Le cas d'Ahmed Ben Salah représente à cet égard l'exemple type de cette lâcheté intellectuelle et morale qui détourne la réalité à son profit et qui use de l'amnésie sélective et de l'ignorance de la majorité pour justifier l'injustifiable.
Habib Touhami
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