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Tunisie: Les risques de la défiance à l'égard des politiques au pouvoir
Publié dans Leaders le 20 - 06 - 2021

Par Riadh Zghal - Tous les sondages d'opinion des derniers mois reflètent la désaffection des citoyens à l'égard de ceux qui les gouvernent depuis les trois présidents (n'en déplaise au président de la République qui ne ce cesse de répéter qu'il y en a un seul et qui n'est autre que lui). Cette désaffection ne s'explique pas seulement par la crise multidimensionnelle que vit le pays économiquement, politiquement, socialement, mais aussi par le vide au sommet.
Ce n'est pas faute d'institutions et de titulaires des postes dans ces institutions, mais faute de visibilité, de stratégie de l'Etat, de stabilité devenue impossible, tant la valse des gouvernements a empêché toute planification de réforme conduite à son terme et, surtout, mis fin au mandat des ministres compétents qui ont une vision des changements nécessaires.De tels ministres, il y en eu certes, mais jamais le maintien dans la durée d'une masse critique de compétences qui aurait pu conduire les véritables réformes utiles à l'intérêt général. C'est finalement faute de leadership crédible, non parce qu'il profère un discours populiste laudateur du « peuple » ou s'apitoyant sur les catégories pauvres, mais parce qu'il agit, parce qu'il oriente les esprits et les actions vers l'intérêt du plus grand nombre, parce qu'il communique par un discours qui fait sens, parce qu'il reflète une vision d'avenir meilleur en mesure de mobiliser les acteurs sociaux, parce qu'il est moins obsédé par le pouvoir personnel d'un «big brother» que par le leadership collectif diffusé à tous les paliers des responsabilités collectives, parce qu'il dispose d'un sens profond de l'Etat, de la participation, de la bonne gouvernance et de la démocratie.
La défiance à l'égard des gouvernants existe certes partout, y compris dans les vieilles démocraties, car les élections, fussent-elles au suffrage universel, n'éradiquent ni l'opposition ni la défiance. Ce sont les proportions qui varient d'une démocratie à l'autre. Seulement chez nous la défiance est généralisée ou presque, et semble se transformer en méfiance. Si la défiance signifie se fier mais sous conditions, la méfiance c'est être en permanence sur ses gardes parce qu'on soupçonne des intentions malhonnêtes. Cet état des attitudes sociales renferme des risques gravissimes. Cela menace la cohésion sociale mais pas seulement.
La défiance généralisée stimule le déni de l'Etat aussi bien en ce qui concerne son autorité qu'en ce qui concerne le sens d'appartenance à une nation. Quand on ne croit plus en l'autorité de l'Etat, cela se traduit par le déni de la légalité ce qui ouvre de larges avenues à la corruption, au trafic commercial illégal, au rejet de l'autorité des dirigeants. Cela vient de se manifester par la désobéissance civile lorsque le gouvernement a décrété le confinement général quelques jours avant l'Aïd. Lorsque la défiance affecte les dirigeants des organismes publics, c'est la valeur travail qui se perd, en plus de l'attractivité des établissements publics pour les plus compétents, ce qui entraîne la médiocrité des services publics et ouvre une large avenue à la fuite des cerveaux et à l'émigration clandestine. Le feuilleton « Harga », une œuvre associant les genres fiction et documentaire, qui vient d'être diffusé par la chaîne de télévision nationale, a dépeint ce sentiment chez des Tunisiens jeunes et vieux qui ont perdu le sens de leur appartenance à une nation, jusqu'à en perdre la croyance en leur propre valeur d'être humain.
On entend de plus en plus de voix qui appellent au départ de la classe politique au pouvoir et l'organisation d'un référendum. Il y a évidemment ceux pour qui c'est une tactique politique. Néanmoins, cela reste l'expression de la défiance à l'égard du pouvoir. Certains appellent à la dissolution du parlement, d'autres à la démission du gouvernement, d'autres au départ du président de la République. Et puis après ? Le pays peut-il supporter davantage d'instabilité au sommet de l'Etat encore et encore ? La priorité n'est-elle pas d'abord à une reprise énergique de l'activité économique et l'amélioration des conditions de vie des citoyens ? Cela ne peut se réaliser sans l'engagement des divers acteurs sociaux depuis les employés de la fonction publique, en passant par les édiles municipaux, les travailleurs dans tous secteurs confondus, les dirigeants d'entreprises et actifs des organisations de la société civile. Pour que cela se produise, il va falloir assurer un minimum de confiance. Alors se pose la question du comment.
On nous parle encore et encore de dialogue, même si de toute évidence le discours souvent haineux entre les factions politiques n'augure aucune perspective de dialogue inclusif. Par contre, il faut reconnaître que toutes les solutions des problèmes des citoyens ne viendront pas de l'initiative de l'Etat si on admet que l'on est en démocratie. Le gouvernement est actuellement en voie de lancer des réformes, certes douloureuses, mais supposées permettre l'amélioration de la situation économique comme cela a été à la fin des années 1980 lorsqu'il s'était agi du plan de restructuration qui a sorti le pays d'une grave crise économique. Ces programmes de réforme, avec leurs points forts et leurs points faibles, s'imposent comme un mal nécessaire, une drogue salvatrice du moment que, vu la situation désastreuse des finances publiques, c'est de l'intérêt national d'éviter la faillite. Cependant, la faisabilité d'une réforme en démocratie dépend de son acceptation par le plus grand nombre de citoyens.Une fois les programmes de réforme sont bien clarifiés et que l'on sait où l'on va, leur mise en œuvre nécessite un vaste programme d'information, non pas celui de la manipulation mais celui de la vérité des défis, des objectifs à atteindre et des retombées sur les conditions de vie et l'avenir de la nation. Si campagne d'information il y a, elle devra se concevoir avec des professionnels de haut niveau qui ont fait preuve d'impartialité vis-à-vis des acteurs politiques.
Comme l'Etat est trop grand pour résoudre certains problèmes, notamment ceux liés à des contextes particuliers, il faudra renforcer la dévolution du pouvoir aux structures décentralisées, libérer les initiatives dès le moment où les contextes locaux et régionaux ont leurs spécificités. Cela si on reconnaît qu'il y a des détails qui échappent au sommet et que, souvent, «le diable se cache dans les détails». La décentralisation associée à la démocratie favorise l'élargissement de la sphère de participation et l'exploitation de l'intelligence collective, car dans la participation, il y a responsabilisation. Celle-ci pousse à exercer l'imagination et les habiletés permettant l'efficacité dans l'atteinte des objectifs.
En revanche, si le programme de redressement de la situation adopté par le gouvernement s'avère irréalisable, il revient à la société civile de prendre la main. Le principal tribut récolté après la révolte de 2010-2011 est celui de la dynamisation de la société civile. Cette dernière a agi lorsque les constituants islamistes ont tenté d'imposer un statut dévalorisant des femmes. Elle a également agi lors du sit-in de «Itissam arrahil » criant sa colère suite aux assassinats politiques perpétrés sous un gouvernement islamiste. Les organisations nationales du travail, de l'entreprise et des droits de l'homme ont réussi à conduire une négociation qui a permis de remplacer ce gouvernement islamiste par un autre indépendant. Comme l'histoire ne se répète pas à l'identique, si la société civile se doit de prendre la main pour sortir de la grave crise actuelle ce ne sera ni par des sit-in, ni par des grèves sans fin, ni par un dialogue entre politiques qui s'excluent mutuellement, mais par l'action pour le développement économique, le travail, la participation décentralisée. Pour cela, il y a besoin des programmes à l'échelle nationale, régionale et locale. Le pays dispose encore d'un capital humain capable d'en élaborer.
On a bien compris maintenant que ce système politique concocté par une assemblée constituante hybride n'a pas marché et ne marchera pas dans le sens attendu par la révolte de 2009-2011. Il est à revisiter en commençant par la loi électorale. Cela doit commencer sans délai parallèlement à la mise en place des réformes. Cela fera renaître des espoirs, nourrir une ébauche de confiance et certainement une nouvelle dynamique politique qui protègera le pays contre les dérives du populisme et de l'autoritarisme, en plus de l'accès au pouvoir de l'inexpérience, de l'incompétence, voire de la délinquance.


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