Il avait rangé ses pinceaux et cessé de peindre, se retirant ces dernières années sur les collines d'El Manar, en semaine, et de Sidi Jedi non loin de Hammamet, les longs weekends... Adel Megdiche, 72 ans à peine, a lâché prise. Cet illustre artiste peintre, au talent raffiné, ne se sentait plus de ce monde. Lassé par tant de violence et de turpitudes, il s'est laissé partir, sans prévenir. Escrimeur, il ne voulait plus ferrailler avec ceux qui ne sont pas de son rang. Très jeune, encore élève au lycée de garçons de Sfax, Adel Megdiche avait accompli ses premiers pas au sein de l'atelier de peinture animé à la Maison des Jeunes de Sfax par Khelil Aloulou. Ses camarades d'ateliers étaient les Fakhfakh, Messlmani, Medhaffar et autres jeunes pousses. Bachelier, il ira à l'Ecole des Beaux-Arts de Tunis, porteur d'une pensée, envahi d'une passion, doué d'un talent affirmé. Quelques années plus tard, Adel Megdiche partira à Paris, s'installer à la Cité des Arts en résidence créative. Au contact d'artistes de divers pays, il enrichira sa démarche et affinera son style. De retour à Tunis, il entamera une carrière d'enseignant qui le conduira quelques années après au Maroc, au titre de la coopération technique. Le patrimoine du royaume l'émerveillera et viendra s'ajouter à sa large palette. Une fois rentré à Tunis, Adel Megdiche construira, parallèlement à son enseignement, son propre univers. Longtemps cloîtré à Soliman son village d'adoption, il s'échine sur ses toiles, petites, grandes, géantes. Fin dans son trait, raffiné dans ses expressions, élogieux à l'égard de la femme, Adel Megdiche a toujours été le chantre de la beauté et de l'esthétisme. Ses nombreux disciples ont suivi ses pas, essayant de s'inspirer de son style. Il nous lègue aujourd'hui une œuvre exceptionnelle. Allah Yerhamou !