«La Tunisie entend tirer plein bénéfice de sa participation à la COP 27 qui débutera ce 6 novembre à Charm El Cheikh, qu'il s'agisse de réaffirmer notre avancée déterminée vers la transition écologique ou de renforcer la mobilisation de la communauté internationale et accéder aux financements appropriés». Pour la ministre de l'Environnement, Leila Chikhaoui Mahdaoui, l'objectif est clair : «Nous attendons davantage d'engagement de la part de tous les pays et surtout des pays les plus industrialisés, afin qu'ils réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre, mais aussi, d'une manière plus générale, qu'ils contribuent plus efficacement à la prise en charge des effets des changements climatiques dans le cadre des discussions relatives aux pertes et aux dommages», ajoute-t-elle. Cet engagement collectif, entend la ministre, doit se concrétiser également à travers le soutien financier à apporter à des pays comme la Tunisie pour mener à bien et accompagner une transition écologique réussie. La délégation tunisienne (composée de représentants de la plupart des ministères concernés, de l'Ugtt, de l'Utica et de la société civile) présentera à cette occasion une série de documents et de réalisations jalonnant le parcours accompli et illustrant l'ambition de la Tunisie, à savoir : • la Contribution déterminée au niveau national (CDN, 2015) actualisée en 2021, qui a relevé l'ambition quant à la réduction de l'intensité carbone à l'horizon 2030 ; de 41 à 45%, • la Stratégie de développement neutre en carbone et résilient aux changements climatiques (SNBC-RCC) à l'horizon 2050, finalisée en octobre 2022 ; • le Plan national d'adaptation aux changements climatiques, initié en collaboration avec le Fonds vert pour le climat, qui met un accent particulier sur les enjeux et priorités liés à la sécurité alimentaire et hydrique, ainsi que sur l'intégration des enjeux climatiques dans l'aménagement des territoires, au niveau national et local ; • le Plan national Genre et changement climatique, élaboré en collaboration avec le Ministère de la femme, de l'enfance, de la famille et des personnes âgées, validé en août 2022. «Un véritable travail collaboratif a marqué l'élaboration de chacun de ces documents, en y associant toutes les parties prenantes, conformant aux exigences des accords internationaux», souligne la ministre. C'est ainsi que la Stratégie de développement neutre en carbone et résilient aux changements climatiques a nécessité environ 20 mois de travail intense (ateliers nationaux, ateliers sectoriels, groupes thématiques, réunions bilatérales…). Deux bureaux internationaux de renommée y ont été associés et 22 experts nationaux et internationaux ont contribué à la finalisation du document. Tous les secteurs clés (ministères, institutions publiques, recherche scientifique, centres techniques, experts,...) ont été impliqués dans les concertations durant tout le processus. En outre, cinq ateliers nationaux ont été organisés, pour présenter les résultats de chaque phase d'élaboration du document, avec une participation moyenne d'environ 120 participants dans chaque atelier. En préparant une SDNC&RCC, souligne Mme Chikhaoui Mahdaoui, le défi d'un pays en développement comme la Tunisie consiste à identifier les meilleurs moyens d'atteindre un double objectif: i) adopter un modèle de développement garantissant la croissance économique et le bien-être général dans un contexte totalement inédit imposant une réactivité forte face aux risques climatiques et aux transformations accélérées que cela induit, et ii) imprimer des trajectoires d'émission des gaz à effet de serre conformes aux préconisations de l'Accord de Paris, selon les priorités et spécificités nationales, dans le cadre d'une démarche combinant transition bas carbone et résilience aux changements climatiques. Atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050 «Dans la composante transition bas carbone, précise la ministre, la Tunisie a opté pour l'ambition d'atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050. Cette ambition est réalisable en entamant une véritable transition bas carbone, dans le cadre de la CDN actualisée, et en l'accélérant après 2030. Elle sera possible moyennant l'existence de facteurs favorables à trois niveaux déterminants : le financement, le partenariat, et l'adoption rapide de l'innovation technologique.» Quant à la composante résilience de la stratégie, Mme Chikhaoui Mahdaoui indique qu'elle «propose un scénario et une vision de résilience, prenant le contrepied des vulnérabilités identifiées et visant à renforcer les capacités d'adaptation à long terme de la Tunisie. Une trajectoire est ainsi définie pour la période 2022-2050, basée sur des adaptations à la fois incrémentales et transformationnelles. Celle-ci est ensuite déclinée en un plan d'action opérationnel et quantifié. Elle définit également les conditions de sa mise en œuvre tant sur le plan institutionnel, politique et réglementaire que du point de vue du dispositif de suivi-évaluation et de révision à mettre en place durant toute la période de sa mise en œuvre.» De grandes priorités «Ce qui compte le plus, affirme la ministre, c'est le suivi de la mise en œuvre. D'ores et déjà, nous avons fixé nos priorités. En vue d'assurer une meilleure riposte aux défis et enjeux actuels des changements climatiques, notamment à travers la mise en œuvre de la CDN et de la Stratégie de développement neutre en carbone et résilient aux changements climatiques (SNBC-RCC) à l'horizon 2050, les actions futures devraient mettre davantage l'accent sur les priorités suivantes: • la création d'un environnement favorable à l'appropriation de la CDN et de la SNBC-RCC et à leur intégration dans la planification du développement au niveau tant national que sectoriel, • la finalisation du plan de mise en œuvre de la CDN, • la mise en place du Système de transparence, aligné sur les dispositions de l'article 13 de l'Accord de Paris sur le climat, en vue d'un meilleur suivi-évaluation de l'efficacité de mise en œuvre de la CDN (inventaires réguliers des émissions, suivi des mesures et priorités d'atténuation et d'adaptation, comptabilisation et suivi des financements climatiques au niveau national et dans le cadre de la coopération internationale), • la mise en place de dispositifs durables de dialogue et de mobilisation des acteurs, notamment le secteur privé, les acteurs locaux, les organisations non gouvernementales, la recherche scientifique … • le renforcement des capacités des secteurs et acteurs en vue de garantir une meilleure mobilisation du financement climatique, permettant la mise en œuvre de la CDN et de la SNBC-RCC». Un véritable cahier des charges à engager par toutes les parties prenantes : pouvoirs publics, secteur privé, société civile et Tunisien(ne)s en vue de poser, ensemble, les bases d'une véritable transition écologique profitable aux générations actuelles et future. Lire aussi Cop 27: La Tunisie face au changement climatique