«L'affaire portée contre la commission de corruption présidée par Abdelfattah Amor vaut essentiellement par sa symbolique puisqu'elle concrétise sur le terrain l'enjeu de la séparation des pouvoirs», a affirmé Me Mohamed Rajoua. Agitation sur toutes les lignes dans le corps de la magistrature. Après avoir réussi à trouver un accord avec le ministère de la Justice sur son implication dans le mouvement périodique des magistrats, l'Association des Magistrats Tunisiens (AMT) se mobilise pour expurger la profession des éléments accusés de corruption et de malversations. Dans un communiqué publié hier à l'issue de la réunion de son Conseil national, l'association s'est attachée au lancement d'une «large opération de nettoyage» au sein de la corporation. «Un grand ménage ciblant les symboles de la corruption dans le corps de la magistrature reste une étape nécessaire et une condition sine qua non à l'instauration d'un pouvoir judiciaire indépendant et crédible», peut-on notamment lire dans le communiqué. Le Conseil national de l'association a également plaidé pour une révision profonde de la loi régissant la profession, soulignant «la nécessité de la mise de garanties constitutionnelles de l'indépendance de la magistrature». Réorganisation Les magistrats ont, d'autre part, réclamé une réorganisation du mode de fonctionnement de la Cour des Comptes qui garantit l'indépendance de cette institution vis-à-vis du Premier ministère. Ils ont aussi appelé le président intérimaire, Foued Mebazaâ, à autoriser la publication des rapports élaborés périodiquement par la Cour des Comptes dans le but de consolider la transparence. Sur un autre plan, le conseil national de l'AMT a recommandé au Bureau exécutif de convoquer une Assemblée générale consacrée à la révision des statuts de la mutuelle des magistrats et de lancer des négociations avec les autorités de tutelle pour ouvrir des perspectives de recrutement dans les divers tribunaux, et notamment à la Cour des Comptes et au tribunal administratif. Au regard de l'accord conclu récemment avec le ministère de la Justice sur le mouvement périodique des magistrats, le conseil national a, par ailleurs, décidé d'annuler le rassemblement de protestation prévu aujourd'hui à Tunis.