Les 4000 greffiers, agents de juridiction, administrateurs de greffe, corps communs, techniciens, ouvriers... de la justice crient à l'injustice! Et revendiquent un statut indépendant. «C'est depuis cinquante ans que dure le déni du rôle, pourtant capital, du corps général de la Justice. Un déni aussi bien issu du statut actuel que de l'attitude du ministère de la Justice», regrette Mohamed Ali Amdouni, SG du Syndicat général de la Justice. «Les greffiers des tribunaux exercent un travail d'assistance réel des magistrats dans le cadre de la mise en état des dossiers et des recherches de commentaire ainsi que dans l'authentification des actes juridictionnels. Ils exercent également les fonctions d'accueil et d'information du public. D'autres aussi sont des techniciens de la procédure et tout ceci est prévu par les Codes, mais la marginalisation persiste», ajoute-t-il. Briser le joug des magistrats En prenant position de la sorte, M. Amdouni est soutenu par les 4000 membres du syndicat général de la Justice que sont les greffiers, les agents de juridiction, les assistants-greffiers, les greffiers principaux, les administrateurs de greffe, les administrateurs-conseillers, les administrateurs en chef, les administrateurs généraux, en plus des corps communs et du corps des techniciens et des ouvriers. «Ce déni du rôle d'authentification de tout acte judiciaire et la mise sous la tutelle des magistrats touche à l'indépendance de la Justice, car le greffier perd son statut de témoin et d'authentificateur alors qu'il est de l'intérêt de la justice et de son intégrité que les greffiers gardent ce rôle; mais ceci n'est possible que par l'évolution du statut actuel vers un corps parajudiciaire indépendant. Les membres du syndicat en sont convaincus et demandent de «briser le joug» du corps des magistrats ainsi que de celui du procureur public», souligne-t-il. Grèves ouvertes et sit-in Depuis 2009, il y a eu un accord entre le ministère de la Justice et le syndicat général pour faire évoluer ce statut en partant de la spécificité de ces métiers. Malheureusement, tous les ministres ont fait volte-face. Le syndicat estime donc de son devoir de défendre les greffiers par tous les moyens syndicaux possibles, y compris des grèves ouvertes et des sit-in. Ils ont ainsi mené un mouvement de contestation et de sit-in dans tous les tribunaux et les établissements du ministère de la Justice où 100% des greffiers ont participé. La réaction du ministère s'est paradoxalement faite par médias interposés, pour dire qu'ils ont constitué une commission de révision de nos statuts. Mais M. Amdouni, en qualité de SG du syndicat, affirme qu'à cette heure, il n'y a aucune preuve de cette initiative, car il n'a reçu aucune information officielle dans ce sens; il n'a pas été invité ni consulté, à tel point qu'il considère cette attitude du ministère de la Justice comme une simple «fin de non-recevoir». De plus, la révision des statuts n'est pas la seule revendication du syndicat, même si elle est la principale. Les autres revendications concernent l'application de tous les accords signés entre les deux parties, la promotion sur dossier (car elle est «insoutenable et injustifiable» au moment où certains n'ont pas bénéficié de promotion depuis trente ans et d'autres n'ont jamais eu cette promotion), une indemnité de procédure qui soit plus juste et plus incitative (entre 13 et 43 dinars seulement malgré le rôle capital qu'ils ont dans le système judiciaire) en plus du fait que les corps communs et le corps des techniciens et des ouvriers ne bénéficient pas de cette indemnité alors que ces métiers sont indivisibles au sein du syndicat général. Manoubi AKROUT Relations syndicat/magistrats/avocats Alors que le Syndicat général de la Justice revendique son indépendance, quelles sont ses relations avec les magistrats et les avocats ? Selon M. Amdouni, ses relations avec le juge Ahmed Rahmouni, président de l'Association des magistrats, sont construites sur un respect mutuel quant à l'indépendance de chaque corps et surtout avec le point commun que les deux structures militent pour l'indépendance de la justice et son affranchissement de toute forme de corruption. Quant à ses relations avec Me Abderrazzek Kilani, le bâtonnier, il nous affirme que chacun fait son devoir de son côté et que la relation est supposée être faite de respect mutuel ! Avez-vous noté la nuance ?