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Un prince généreux : le chêne-liège
Redécouvertes
Publié dans Le Temps le 18 - 11 - 2007

En ce moment, l'environnement semble être devenu une préoccupation majeure de la plupart des gens. Aussi, avons-nous décidé de présenter un des princes de nos forêts : le chêne-liège.
Présentation
Le connaissez-vous bien ce bel arbre facilement reconnaissable, drapé dans son épaisse écorce rugueuse grisâtre et souvent couverte de mousse enveloppant son tronc assez tortueux ou dénudé, meurtri, exhibant une « peau » fine, d'abord d'un beau brun rouge puis brunissant ? Quercus suber : de son nom scientifique, est un méditerranéen dont l'histoire est liée à celle de la « Grande bleue ». C'est un délicat qui exige simultanément une pluviométrie assez importante de l'ordre 600 à 800 mm / an et une certaine douceur maritime. Il installe ses puissantes racines dans des sols sableux riches en silice, donc légers et acides, mais fuit le calcaire. Ses branches tordues, largement étalées, érigent jusqu'à une quinzaine de mètres, un feuillage persistant. Ses feuilles, au bord découpé comme celle des autres chênes que nous connaissons, sont vert foncé et luisantes sur le dessus, grisâtres et velues sur la face inférieure. Il fleurit très discrètement au printemps, parfois en automne. La moindre brise fait alors voler, dans les forêts, aux alentours de Tabarka et d'Aïn Draham, de véritables écharpes d'une fine poussière blanche : le pollen. Attention aux allergies ! En automne ou au printemps suivant la floraison automnale, des glands mûrissent dans des cupules émoussées.
Les sangliers et les pigeons ramiers s'en régalent. Il se dit aussi que le cerf, les bovins domestiques - même les hommes, durant les famines anciennes - les mangent. Si le chêne Zéen, le chêne afarès, le chêne vert et le chêne Kermès tout petit peuplent les forêts du pays, la famille des chênes : fagaceae comprend cinq cents espèces dont vingt méditerranéennes. Les chênes-lièges couvrent plus de 50.000 hectares en Tunisie et représente 25 % des espèces feuillues. Ils croissent principalement dans les gouvernorats de Jendouba, de Béja et de Bizerte. Ils produisent plus de 270.000 m3 de liège et plus de 40.000 m3 / an de bois. Il y aurait largement plus de 20 millions de « pieds » de chênes-lièges dans les trois gouvernorats de nord et la grande majorité de leur tronc a de 10 à 35 mm de diamètre.

Les ennemis
Incontestablement, le principal ennemi du chêne-liège est l'homme. Il n'est que d'aller se promener dans les collines situées entre Sedjenane et Ghezala pour constater que l'homme a non seulement fait disparaître la forêt pour prélever du bois et créer des pâturages mais qu'il continue à empêcher les efforts de régénération naturelle en coupant les jeunes chênes-lièges dès qu'ils se font remarquer en dépassant la broussaille environnante. Par ailleurs, cet arbre est de moins en moins apprécié par les forestiers qui lui reproche une croissance lente en ces temps de recherche de rentabilité maximum à court terme. De plus le bouchon en plastique et le bouchage par « capsule » métallique ou en plastique tendent à concurrencer, jusqu'à le faire disparaître, le bouchon de liège qui est une des principales utilisations du liège.
Le chêne-liège a bien d'autres ennemis naturels qui, pourtant, ne l'ont pas empêché de se multiplier depuis des millénaires. On peut reprocher aux sangliers de saccager les semis de très jeunes plants. Les rats, les pigeons ramiers et même les douces tourterelles des bois se régalent de glands tendres de l'année. Le superbe geai des chênes, le gardien de la forêt, en fait autant mais comme il les enterre en guise de provisions d'hiver, il facilite les repousses. Des insectes tel que le grand capricorne, les chenilles de papillons plus ou moins colorés comme le gâte-bois par exemple, ravagent le bois. Les fourmis et les tenthrèdes sont des champions du travail de sape. Un champignon microscopique s'installe dans le liège et gâte le goût du vin contenu dans les bouteilles bouchées avec ce liège-là. Les tanneurs aussi sont des ennemis impitoyables. Le tannage végétal à l'ancienne utilise le tan, ce produit qui donne cette belle couleur rouille au tronc des chênes-lièges. L'écorce de bien d'autres arbres tels que les pins et les chênes verts en contient. Mais, hélas, entre toutes, la seconde écorce du chêne-liège fournit un tan d'excellente qualité. Alors, depuis la nuit des temps, les méditerranéens prélèvent non seulement la première couche : l'écorce à liège mais aussi la deuxième : l'écorce à tan. Les arbres ainsi écorcés ne sont plus nourris par la sève et meurent. Ce sont les tanneurs qui ont fait disparaître au XIXème siècle, les plus belles forêts de la Corse en particulier.

Le liège
Tous les arbres en produisent plus ou moins mais le chêne-liège est, sans conteste, le champion toutes catégories. Le tronc d'un arbre s'épaissit grâce à deux anneaux qui produisent sans cesse des cellules nouvelles. L'anneau du cœur installe le double système circulatoire dans lesquels circulent les sèves. L'anneau externe ou anneau de l'écorce confectionne un fourreau de cellules « fraîches » qui recouvrent le tronc, le font s'épaissir et le protègent du froid comme de la chaleur ou des blessures. Ces nouvelles cellules en mourant laissent subsister leurs parois, très épaisses pour les chênes-lièges, qui forment une matière élastique et imperméable qu'on appelle « liège ».
Le « tronc » de l'arbre a cinquante centimètres environ de diamètre quand l'arbre a 25 ans à peu près. Son écorce « sauvage » est alors arrachée pour la première fois : elle est crevassée, irrégulière et elle contient souvent des mousses et des insectes. C'est le liège mâle. Son arrachage permet la croissance d'un nouveau liège régulier, compact et lisse. C'est le liège domestique ou femelle. Il est enlevé dès qu'il atteint 25 mm d'épaisseur, au bout de 3 ans dans les meilleurs cas, au bout de 10 ans parfois. L'opération est délicate : il faut que le temps soit beau et surtout que les vents chauds et secs : le sirocco : le chhili ou même le chergui ou le guebli ne soufflent pas. Ils dessècheraient irrémédiablement l'arbre dépouillé.
Il faut d'abord faire, à la hache, une entaille circulaire horizontale qui n'atteigne pas la partie vivante, profonde dans laquelle circule la sève nourricière. Puis il faut pratiquer une autre entaille plus basse et identique. Ensuite, l'écorce est fendue de haut en bas aux deux extrémités des deux entailles circulaires. L'écorçage se fait à l'aide du manche de la hache taillé en biseau glissé sous l'écorce délicatement pour la soulever et l'enlever. Le liège, appelé suber en latin, est exploité comme une entreprise toute l'année. Il faut mettre en place l'infrastructure : faire le plan de la forêt, répertorier les parcelles à écorcer, créer les pistes et aménager les aires de stockage. Il faut assurer la maintenance : entretenir les pistes et les coupe-feu, débroussailler les sous-bois qui étoufferaient les jeunes arbres et ne garder que les beaux baliveaux vigoureux. Enfin, l'état des stocks : de véritables « montagnes » de liège, doit être tenu à jour.

Les utilisations du liège
C'est la fabrication en série de récipients en verre qui a engendré, à partir du XVIIème siècle, la création des bouchons en liège. De nos jours, avant de devenir bouchon, le liège est mis à bouillir pour le rendre plus solide et plus imperméable en resserrant ses « pores ». Puis, la croûte extérieure est enlevée. Ensuite, les plaques de liège sont classées selon leur épaisseur et leurs qualités pour être travaillées.
A l'origine, le liège a été utilisé dans les habitations des régions où croissent les chênes-lièges. Des briques composées d'argile et de débris de liège sont bien isolantes. Les morceaux d'écorce imperméable, presque imputrescible et incurvée ont servi de tuiles. Comme les chênes-lièges croissent sur les hauteurs qui bordent la Méditerranée pour bénéficier d'une pluviométrie suffisante, très vite, la flottabilité du liège a été constatée et il a été employé dans le domaine de la pêche. Les écorces rassemblées en cylindre peuvent aussi servir de boites pour conserver, durant l'hiver, des légumes, des fruits, des œufs et du fromage - et même être transformées en ruche. Très tôt, le liège a fournit des semelles bien isolantes. Cette qualité est très recherchée actuellement : pour de fines semelles intérieures, et pour les parois isolantes des bâtiments. Une pellicule extra mince de liège garnit le bout filtre des cigarettes de luxe. C'est avec de la poudre de liège qu'on donne le dernier poli au cristal ou au cuir fin. L'agriculture de pointe emploie des débris de liège comme support aux racines des plantes cultivées hors sol. Le linoléum est un mélange de poudre de liège et de résine étalé sur un support en papier fort ou en toile de jute. Des joints de toutes sortes sont fabriqués en liège. Ses incomparables qualités d'isolant le conduisent, en plaques, en feuilles, en manchons, mélangé à du plâtre, du ciment, du goudron ou autres liants, sur des murs d'auditoriums ou ceux des chambres froides, sur des récipients isothermes et des tuyauteries de chaudières. Teintées, des plaques d'aggloméré de liège deviennent des éléments décoratifs.

La forêt de chênes-lièges
Ce géant protège un sous-bois composé principalement de bruyères, d'arbousiers, de myrtes et de fougères. Les bruyères arborescentes fournissent du bois pour les pipes réputées. L'arbousier se couvre de fruits comestibles et donne un bois rouge et dur dans lequel on taille des cuillères magnifiques. La distillation du myrte : « Errihane » produit une huile qui est un merveilleux cosmétique. La fougère est une des plus ancienne plante terrestre. Toutes ces plantes non seulement nourrissent les animaux sauvages, et domestiques parfois les hommes, mais ont aussi des qualités médicinales connues.
Le chêne-liège, enfin, freine la progression des incendies de forêt catastrophiques. Son écorce épaisse brûle mal : elle « charbonne » et il ne projette pas, comme les résineux, des « pignes » : des « pommes de pins » qui propagent le feu en jaillissant à 50 mètres, parfois, en avant du front des flammes. De plus, les vieux arbres enrobés d'une écorce épaisse et isolante survivent à un incendie s'il « passe » assez rapidement.
A l'époque du synthétique, du plastique, le liège est certes concurrencé mais les amateurs d'authentique, les protecteurs de l'environnement et tous les amoureux de la Nature méditerranéenne lui garde une affection sincère et méritée.


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