A l'origine et bien avant qu'elle en fût le phare de la culture arabo-islamique au Maghreb, la mosquée Ezzeïtouna était un temple chrétien, érigé par sainte olive, d'où l'appellation de Ezzeïtouna signifiant en arabe l'olivier. C'est du moins ce que prétendent certains historiographes, tandis que d'autres affirment qu'à l'endroit où fut bâtie cette mosquée, il y avait un olivier. En tout état de cause, existant depuis Hassen Ibn Annoôman qui en fit un lieu de culte, elle fut aménagée en 1100 par Abdullah Ibnoul Habhab, pour devenir un centre de culture dispensant les sciences juridiques conformément à la Chariâa ou législation islamique ainsi que la théologie, la littérature et la philosophie arabo-musulmane. Ibn Khaldoun, l'auteur des prolégomènes, y puisa les bases de ces sciences qu'il enseignera à son tour dans cette même mosquée aux côtés de grands érudits tels que Ibn Arafa. A son époque, elle devint à l'ère hafside un centre culturel où étaient organisé des congrès. A celui de Novembre 1360, Ibn Khaldoun était encore jeune (32 ans) et il essayait déjà de se démarquer par ses idées originales tant de ses maîtres que de ses collègues dont Ibn Arafa. Il considérait en tous les cas que l'évolution des sciences et le développement du savoir ont toujours été les signes de la grandeur d'une civilisation. A juste titre, en effet, puisque la Mosquée Ezzeïtouna où avait lieu le congrès de novembre 1360 était le signe de la grandeur de la civilisation arabo-musulmane en Ifriquya (Tunis) à l'ère hafside. Un grand nombre de penseurs venus d'Afrique et d'Andalousie étaient conviés à ce congrès d'une grande envergure culturelle. A l'époque, la bibliothèque de Abou Zakaria Al Hafsi, installée à la Mosquée Ezzeïtouna, sous le nom de "Al Abdelliah", comptait plus de 36000 ouvrages. Des compétitions en poésie réunissaient plus de cent poètes et des prix étaient décernés pour les plus méritants. Certains penseurs et intellectuels dont notamment des professeurs à la mosquée Ezzeïtouna étaient invités par les Etats andalous et africains afin de donner des conférences notamment au Caire. La Tunisie fut ainsi grâce au rayonnement de la mosquée Ezzeïtouna, la capitale culturelle non seulement de l'Ifriquya (la Tunisie) mais de l'ensemble du Maghreb. L'ère hafside connut un essor, également sur le plan politique par les victoires remportées tant à l'Est qu'à l'Ouest ce qui valut au khalife hafside d'être considéré par les intellectuels et penseurs tunisiens et maghrebins, comme étant le "Khalife" de l'ensemble des musulmans. Cependant, après l'ère hafside, le déclin politique engendra un déclin culturel. Ce que déplora Ibn Khaldoun qui finit par quitter la Tunisie, prétextant d'accomplir le pélèrinage pour aller s'installer au Caire et occuper une chaire d'enseignant à l'Université Islamique de la mosquée Al Azhar. Il fut, également, nommé grand Kadhi (magistrat de l'ordre islamique, poste qu'il occupa jusqu'à sa mort en 1406. Il déclara, pour cette raison, dans ses prolégomènes : "La science et l'acquisition du savoir, c'est bien au Caire en d'Egypte à cause de sa dense démographie et de sa civilisation datant de plusieurs millénaires".