Qu'est-ce qu'on n'a pas encore fait, sous nos douces, si douces latitudes... Il faudrait le savoir! Comme cela, toutes les limites seront franchies, une fois pour toutes et on n'en parlera plus. A partir de là, lorsque l'on aura dépassé une certaine frontière, en matière d'indécence, et qu'il soit entendu qu'il n'est plus question de revenir en arrière, parce qu'il sera trop tard pour entreprendre quoique ce soit, tous les coups seront permis. A charge, pour chacun, d'assumer comme il peut, et comme il l'entend, et avec les moyens qu'il a, partant du fait que la logique de la raison, étant, dorénavant, aux antipodes de la raison, celle-ci aura tout loisir, de prendre ses quartiers d'été, en attendant des jours meilleurs. Il est à espérer, cependant, qu'un miracle advienne, pour que les pendules qui s'affolent plus qu'à leur compte ces temps-ci, soient enfin réglées à l'heure juste, pour que tout rentre dans l'ordre, et que l'on évite, ainsi, d'entrer de plain-pied, et sans espoir de retour, dans le domaine de la déraison. Un test anal: et puis quoi encore? Deux jeunes hommes, arrêtés à Sousse, le 8 décembre, pour «présomption» d'homosexualité, auraient été obligés d'en subir un, avant d'être relâchés par la police, sachant qu'ils comparaîtront quand même devant le juge, au courant du mois de janvier, pour le même motif d'accusation. Il n'y a rien de plus dégradant pour la personne humaine, que d'être violée dans son intégrité physique, et morale, en étant dans l'obligation de subir le test de l'infamie, comme au moyen-âge, sous couvert de dénoncer son orientation sexuelle, sachant que c'est une liberté qui relève du domaine de l'intime, et doit donc être impérativement respectée. Il semble qu'il y en ait, sous nos cieux, qui ne l'entendent pas de cette oreille. Il semble, en ce cas, qu'il faudra leur tirer les oreilles, et leur remonter, une fois pour toutes, les bretelles, pour qu'ils ne commettent plus jamais cet outrage! Il semble qu'il soit plus que temps, en réalité, et avant toute chose, d'amender la Constitution, en en clarifiant le propos, pour qu'il n'y ait plus jamais d'amalgame sur la question, vu que nous avons honte, dans la Tunisie d'aujourd'hui, qui a fait, paraît-il, sa révolution, d'assister, impuissants, à pareils dépassements. Ils ne nous honorent pas.