La vente du pain est de plus en plus banalisée, voire même clochardisée. En effet, si autrefois, seuls les boulangers étaient habilités à vendre et donc, à manipuler ce produit, aujourd'hui, plusieurs personnes se lancent dans le commerce de ce produit qui constitue l'aliment de base des tunisiens. Ces boulangeries anarchiques ont pris beaucoup d'ampleur après la révolution au point de constituer une menace pour ceux qui disposent de leurs cartes professionnelles et un vrai casse-tête pour l'autorité de tutelle, en l'occurrence le ministère du Commerce. La propagation des boulangeries anarchiques constitue désormais une vraie menace pour les professionnels. Le souci du gain facile associé à une consommation effrénée au mépris des règles élémentaires d'hygiène fait craindre le pire. Les statistiques du ministère de la Santé sont éloquentes : chaque année, on enregistre plusieurs cas d'intoxication. La majorité d'entre elles sont dues à un non-respect des normes en matière d'entreposage, de stockage et de respect de la chaîne de froid. C'est dans ce cadre que la commission régionale du contrôle des boulangeries de Nabeul a décidé la fermeture de 18 boulangeries anarchiques pour non respect des règles d'hygiène et absence de cartes professionnelles . Ailleurs à la Manouba, nous avons appris également que les brigades de contrôle économique relevant de la direction régionale du commerce ont réussi, en coordination avec les unités de la garde nationale, à saisir des quantités importantes de produits alimentaires subventionnés dans une boulangerie anarchique située à la localité de Chaouat (délégation de Jedaïda).Parmi les produits saisis et qui étaient utilisés de manière illicite dans la production du pain, figurent 2.500 kg de farine, 600 litres d'huile végétale et 150 kg de semoule. Décision a été prise de fermer la boulangerie et de saisir ses équipements pour manque d'hygiène. On joue sur le poids, la couleur et la forme ! Le commerce informel s'est élargi pour toucher tous les secteurs, et même ce produit stratégique n'est pas épargné. Le pain envahit les espaces de commerce anarchiques, et trop souvent l'hygiène reste le parent pauvre de l'activité. Ces boulangeries usent d'astuces et d'artifices pour rendre le pain le plus cher possible. Ils jouent sur le poids, la couleur et la forme du pain. En outre, ils font payer au prix fort les quelques ingrédients rajoutés comme les olives, les graines de sésame, les raisins secs... Tout cela pour tenter de justifier des prix qui sont parfois exorbitants. Si le couple vendeur-acheteur est complice, les services de contrôle ne peuvent pas fermer les yeux face à ce qui devrait être inscrit comme problème de santé publique ? Ces denrées peuvent entraîner des cas d'intoxication alimentaire .La consommation d'aliments contaminés peut nous rendre malades. Ces intoxications alimentaires peuvent être dangereuses et peuvent entraîner la mort. C'est pourquoi il est important de les prévenir en manipulant correctement les aliments.. La santé du consommateur semble être le cadet des soucis de ces revendeurs qui semblent avoir mis la main sur une activité très lucrative, sachant que leur kg de pain est cédée plutôt à 700 millimes . Trop souvent, les corbeilles dans lesquelles sont entassées les baguettes de pain sont dans un piteux état. Parfois même, ces corbeilles sont déposées pèle-mêle, à proximité d'amas d'ordures et des décharges improvisées. Aujourd'hui, le commerce du pain dans ces espaces anarchiques n'obéit à aucune logique si ce n'est le gain facile. Peu importe les règles d'hygiène et la santé du consommateur. La Chambre syndicale nationale des boulangers, relevant de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA), a toujours appelé, par ailleurs, à mettre fin aux activités des boulangeries anarchiques dont le nombre s'élève à 1200 contre 3200 boulangeries dans le secteur organisé. Une décision a été prise, récemment, par le ministre du Commerce imposant l'affichage du prix, du poids et de la qualité du pain exposé au public. La décision publiée au Journal Officiel de la République Tunisienne (JORT) du 29 juin 2016, concerne l'organisation du secteur des boulangeries en Tunisie depuis la confection jusqu'à la vente du pain et la lutte contre la prolifération du phénomène des boulangeries anarchiques. Cette décision est une application de la loi 36 de l'année 2015 en date du 15 septembre 2015 relative à la réorganisation de la concurrence et des prix. L'article 1 de la décision classe les boulangeries autorisées et titulaires de la carte professionnelle en boulangeries type «A» et boulangerie type «C».Seules ces boulangeries peuvent utiliser la farine subventionnée tout en affichant l'indication « Boulangerie » sur leur façade. Telles que classées par l'article 2, ces boulangeries sont spécialisées dans la fabrication et la commercialisation du gros pain pour les boulangeries de type «A» et le petit pain (baguette) pour les boulangeries de type «C». Bref, il faut se méfier de ces boulangeries anarchiques qui risquent de mettre en péril notre santé. Pour l'heure, seule une prise de conscience des consommateurs peut être l'alternative. Sous d'autres cieux, les associations de défense des consommateurs sont très actives pour faire face à ce fléau.