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M. Carpenter et l'anti-modèle irakien
Table-ronde à l'ambassade américaine
Publié dans Le Temps le 13 - 01 - 2007


Par: Ridha KEFI
Certaines décisions américaines, surtout concernant le monde arabo-musulman, nous paraissent étrangement décalées par rapport aux réalités de cette région, comme si elles sont le résultat d'une totale méconnaissance - ou incompréhension - de ces mêmes réalités.
Ainsi, en écoutant George W. Bush parler de l'Irak, on a parfois l'impression que le président américain évoque un autre pays que celui que nous connaissons et dont les chaînes de télévision ne cessent de nous rapporter quotidiennement les images des drames et des horreurs. L'explication de ce décalage (ou déphasage) est simple: les Arabes et les Américains, qui ne se situent pas du même côté de la barrière, n'analysent pas les événements avec la même grille de lecture. Ainsi, par exemple, là où les uns voient une résistance à l'occupation, les autres préfèrent parler de terrorisme. Démocratie en marche et ''nation building'' à l'intérieur de la ''green zone'', partie de Bagdad où vivent les membres du gouvernement irakien et leurs protecteurs américains, anarchie et violence dans le reste du pays.
Le dialogue, dans ces conditions, devient quasiment surréaliste et s'achève comme il a commencé, puisque les deux parties restent sur leurs positions initiales.
Ce dialogue impossible, et qui s'apparente davantage à un monologue à deux, nous en avons fait l'expérience, encore une fois, hier, au siège de l'ambassade américaine à Tunis, à l'occasion de la table ronde qui a réuni M. J. Scott Carpenter, le sous-secrétaire d'Etat adjoint au Bureau des Affaires du Proche-Orient chargé du suivi de l'Initiative de partenariat entre les Etats-Unis et le Moyen-Orient (MEPI), et un groupe de représentants de la presse tunisienne, dont l'auteur de ces lignes.
M. Carpenter, qui s'était déjà rendu dans notre pays il y a dix-huit mois, avait aussi assumé des responsabilités en Irak, à partir du 9 mai 2003 jusqu'à sa nomination à son poste actuel, le 23 août 2004, d'abord comme Directeur du Groupe de Gouvernance de l'Autorité Provisoire de la Coalition, puis comme Premier Conseiller de l'Administrateur américain en Irak, l'ex-proconsul Paul Bremer, chargé de la mise en place du Conseil de gouvernement irakien, c'est-à-dire la formation du premier cabinet de l'après-Saddam.
On apprend aussi en lisant sa biographie qu'«il a supervisé également l'effort de conceptualisation et de mise en œuvre de la plus grande campagne de démocratisation dans un pays depuis la chute du Mur de Berlin». Autant dire que l'Irak actuel lui doit beaucoup...
Mais si l'on en juge par la situation qui prévaut actuellement dans ce pays frère, avec notamment un gouvernement chiite pro-iranien, une guerre civile interethnique et interconfessionnelle, une économie en état de déliquescence avancée et dix-sept millions d'Irakiens au bord du désespoir, on ne peut pas dire que M. Carpenter et ses collègues du Département d'Etat et du Pentagone ont vraiment fait du bon travail. On pourrait même dire, sans craindre la contestation, que le «job» qu'ils ont effectué jusque là en Irak ne peut pas - ni ne doit - servir de modèle pour d'autres pays de la région.
On ne s'étonnera donc pas que la discussion, au cours de la table ronde, ait porté essentiellement sur l'Irak. Ainsi, à une question de l'auteur de ces lignes relative au processus de démocratisation de l'Irak, que les Américains espérait achever en quelques mois ou en quelques années, mais qui semble avoir dégénéré en une immense anarchie, M. Carpenter a préféré ne considérer que la partie pleine du verre.
«Il y a de grands problèmes en Irak, a-t-il concédé. Mais il ne faut pas oublier que 12 millions d'Irakiens ont pu voter pour la première fois librement pour élire les membres de leur gouvernement. Le paysage médiatique irakien a beaucoup évolué lui aussi avec l'apparition de chaînes de télévision satellitaires, la publication d'un grands nombre de journaux indépendants et l'élargissement du champ de la libre expression».
Soit, mais quid de la violence qui prévaut actuellement dans ce pays ? L'hôte américain a cru pouvoir en attribuer la responsabilité aux ingérences des régimes chiites d'Iran et de Syrie voisins, rappelant que des centaines de milliers de chiites irakiens ont été tués durant la guerre entre l'Irak et l'Iran et que les liens entre les chiites irakiens et leurs homologues iraniens ne sont pas aussi forts qu'on le pense souvent, même si l'Iran tente d'instrumentaliser certains groupes chiites irakiens, faisant ainsi une limpide allusion au cheikh rebelle Moqtada Sadr.
Et Carpenter d'ajouter: «Le grand problème de l'Irak réside dans la violence inetr-confessionnelle. Mais c'est le gouvernement irakien actuel qui assumera l'essentiel de la responsabilité dans la restauration de la stabilité politique. Il doit pour cela essayer de gagner la sympathie d'une partie des sunnites, de réviser la politique de débaâthification, de faire face efficacement aux milices et escadrons de la mort et de veiller à un partage équitable des recettes du pétrole».
C'est clair et net, mais très théorique. La réalité, il faut la chercher du côté des bombes qui explosent tous les jours dans les grandes villes du pays, tuant à chaque fois plusieurs dizaines de civils. Il faut la chercher aussi du côté des cadavres anonymes que les forces de sécurité découvrent quotidiennement au bord des routes ou dans les lits des rivières. Il faut la chercher enfin du côté de tous ces barbus et enturbannés, grands activistes islamistes devant l'Eternel recyclés par l'administration Bush et élevés au rang de dirigeants politiques démocratiquement élus...
Bref, le Grand Moyen Orient des imams, hodjatolislams, mollahs et autres ayatollahs est bien en marche.

Verbatim...
Tunisie :
Les analyses de M. Carpenter nous ont paru, dans l'ensemble, assez décalées par rapport à la situation générale dans la région (et en Irak en particulier), elles n'en méritent pas moins cependant d'être connues, car elles expriment le point de vue officiel de Washington. D'où le verbatim reproduit en encadré...
«A Washington, on pense généralement que la Tunisie a beaucoup d'acquis, mais qu'elle est capable de réaliser davantage, surtout en matière de libertés politique et de la presse, afin de garantir une plus grande stabilité et devenir ainsi un modèle pour les autres pays de la région et», a dit l'hôte américain, qui a rencontré, au cours de son séjour de deux jours parmi nous, des responsables politiques, des représentants de la société civile, des dirigeants de partis et des universitaires. Evaluant les réformes mises en route par la Tunisie, M. Carpenter a ajouté : « Ce que j'ai pu entendre des responsables gouvernementaux dans ce domaine confirme que la Tunisie est déterminée à réaliser les réformes nécessaires, mais qu'elle le fait à un rythme qui lui convient. C'est d'ailleurs sur ce rythme qu'a porté notre discussion».

MEPI :
- «Cette initiative a été lancée il y a seulement cinq ans. Le président Bush savait, dès le début, qu'elle exigerait beaucoup d'effort et qu'elle ne donnerait peut-être ses premiers fruits qu'après des générations. Elle a cependant permis la mise en route de pas moins de 400 projets dans les divers pays concernés, touchant aux domaines éducatif, politique et autres. Ces projets visent à accroître les opportunités devant les jeunes afin qu'ils accèdent à une vie meilleure».
- «Depuis la mise en place du MEPI, beaucoup de choses ont évolué dans la région. Le Koweït a connu les premières élections où les femmes furent à la fois électrices et éligibles. Au Bahreïn, on a connu un événement similaire. Le Yémen a connu lui aussi ses premières élections présidentielles pluralistes. Les Emirats arabes unis ont annoncé pour leur part la mise en place prochaine d'un système électoral. Il s'agit là de régimes monarchiques qui ne sont pas habitués à ce genre de pratiques participatives. Tous ces changements sont l'expression d'une volonté endogène. Le rôle des Etats-Unis y était assez limité. Il a consisté à encourager les dirigeants à regarder vers l'avenir et à admettre que la dictature n'est pas la meilleure voie vers la stabilité».

Terrorisme :
- «Quelles que soient les menaces terroristes auxquelles les pays pourraient être confrontés, nous ne devons pas accepter de sacrifier les principes démocratiques. Après les attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont pris des mesures qui ont réduit les libertés individuelles, mais ils ont commencé à réviser beaucoup de ces mesures.»

Les ADM et la guerre :
- «Avant d'envahir l'Irak, nous étions convaincus que ce pays possédait des armes de destruction massive (ADM). Les Irakiens eux-mêmes nous ont beaucoup parlé de leur existence. Ils nous ont raconté les histoires les plus incroyables à leur propos. On constatait aussi, grâce à l'observation satellitaire, des mouvements de gros camions autour des sites qui allaient être inspectés, le lendemain, par les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Les services de renseignement américain avaient la certitude que ces armes existaient. Le fait que nous n'ayons rien découvert par la suite a d'ailleurs provoqué une grave crise au sein de ces services, qui essayent de se réorganiser pour éviter de commettre de pareilles erreurs à l'avenir.»

Saddam :
- «J'aurais aimé que les choses eussent évolué autrement en Irak. Mais je ne regrette nullement le départ de l'ex-président Saddam Hussein. Malgré tout ce qu'on dit aujourd'hui sur la dégradation de la situation sécuritaire en Irak, le nombre des victimes n'a jamais atteint celui enregistré durant le règne de l'ex-président. J'ai moi-même visité des sites où se trouvaient des charniers et vu des films représentant Saddam et son fils Oudai assister à des scènes d'exécution d'opposants».


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