C'est une étude riche et d'un intérêt indéniable pour les chercheurs que vient de réaliser la marionnettiste tunisienne Habiba Jendoubi sous la forme d'un livre trilingue en langues française, arabe et anglaise sur l'histoire de l'art de la marionnette en Tunisie. Une étude détaillée, illustrée par des photos et des extraits de pages de livres et d'articles de presse qui ont guidé l'auteure. Un travail qui étanchera la soif d'en savoir plus sur la marionnette chez tous ses adeptes. Le livre « met en lumière le théâtre d'ombre en référence aux travaux des chercheurs, aux marionnettistes et aux artisans », comme il est indiqué, en substance, dans la présentation de ce livre. Ce dernier s'ouvre sur le théâtre d'ombres arabe et turc en Tunisie, leur naissance et la conception de leur lieu de représentation, espaces du jeu et leurs personnages, pour évoquer quelques exemples d'histoires où Karakouz en est le héros principal. Puis l'étude nous ramène vers les marionnettes siciliennes, ou opéra dei pupi, leur variété, leurs techniques, leur canevas, leur lieu de jeu et leurs personnages, quand la Tunisie était le refuge des italiens au début du dix neuvième siècle. Puis Habiba Jendoubi s'en va sur les traces des collections de marionnettes dans des Dar, Musées et autres antiquaires, presque disparues aujourd'hui. Le lecteur découvrira des marionnettes dites « tunisiennes » en bois avec bouclier et épée. Elles n'ont jamais été utilisées pour le théâtre. D'autres encore y sont évoquées et représentent des personnages populaires, comme « Oumouk Tangou » pour implorer la pluie en temps de sécheresse et « Bou Saadia » se situant entre la marionnette et l'être humain. Et dans cette étude, l'auteure n'omet pas de rendre hommage à des artistes comme feu Ahmed Snoussi, Mohamed Jarrari et des artisans comme Mohamed Béchir Jaled.et Hachemi Aschi. Déclin et avenir La marionnette a aujourd'hui perdu son aura d'antan. Ce constat est relevé à la fin du livre. Pourtant, la marionnette demeure un moyen de divertissement pour petits et grands et même un moyen d'éducation et de thérapie. L'apparition du cinéma, comme l'écrit l'auteure, a contribué à son déclin progressif. Seuls, quelques mousquetaires s'y adonnent aujourd'hui dans le cadre institutionnel du théâtre de marionnettes. Il n'en demeure pas moins que le livre « La Marionnette en Tunisie, la mémoire et la trace » est d'une utilité indéniable pour les étudiants en théâtre et pour les chercheurs en a matière.