Dans le rapport sur les évolutions économiques et monétaires et les perspectives à moyen terme de l'économie nationale, la BCT a dressé le bilan 2016 de l'activité économique. La persistance des déficits jumeaux, le retour des tensions inflationnistes, l'aggravation du déficit énergétique, la hausse des importations improductives, la dépréciation du dinar, la résurgence des tensions qui pèsent sur la liquidité bancaire, le ralentissement des ressources fiscales et la faiblesse des ressources externes mobilisées pour le financement du budget..., sont les principales conclusions à retenir de la rétrospective 2016. Reprise des services marchands La croissance s'est maintenue à 1.3% en 2016 contre 1% en 2015. Pour 2017, la BCT table sur une croissance de 2.3% contre 2.8% prévus pour 2018. En 2016, la croissance a été tirée vers le haut grâce à la reprise des services marchands, notamment le secteur hôtellerie et restauration. « Le secteur des services marchands a été le principal contributeur à la croissance du PIB, en 2016 à la faveur de la reprise relative de l'activité dans la branche «hôtellerie et restauration » qui, bien qu'elle soit encore en crise, aurait affiché une nette amélioration en 2016 sans toutefois que la valeur ajoutée ne puisse rattraper les niveaux qui prévalaient avant 2015 », note le rapport de la BCT. L'inflation s'envolera à 4.7% en 2017 Côté inflation et hormis une maîtrise du niveau d'inflation autour de 3.7% en 2016, la BCT a noté la résurgence des tensions inflationnistes vers la fin de l'année, portant le taux d'inflation à 4,2% en glissement annuel. Le niveau d'inflation devra atteindre selon les prévisions la barre de 4.7% en 2017 et 4.8% au terme du 1er trimestre de l'année en cours. « Globalement, les différentes mesures de l'inflation sous-jacente demeurent à des niveaux préoccupants (autour de 5%) », ajoute le même rapport. Hausse de 0.5% des recettes fiscales S'agissant des finances publiques, la situation ne cesse de se détériorer comme en témoigne les chiffres de la BCT. Le déficit budgétaire a atteint 4.058 MDT contre 1.865 MDT en 2015, soit un trou budgétaire de 2.193 MDT. Un déséquilibre dû essentiellement à la hausse des dépenses notamment celles de rémunération et la baisse des ressources fiscales. Chiffres à l'appui : Les ressources propres de l'Etat se sont accrues durant les onze premiers mois de 2016 de 5,3% tout en demeurant en deçà du taux de progression prévu dans la loi des finances 2016 (LF2016), soit 12,4% pour l'ensemble de l'année. La hausse des ressources propres s'explique en partie par une hausse considérable et exceptionnelle des recettes non fiscales (cession de la licence 4G et la dinarisation de la dernière tranche des recettes de privatisation de 35% du capital de Tunisie Télécom). En revanche, les recettes fiscales n'ont progressé que très modérément, soit 0,5%. Au niveau du financement du gap budgétaire, le gouvernement a eu du mal à mobiliser les ressources extérieures prévues. « Le financement du déficit durant les onze premiers mois de 2016 a été, principalement, assuré grâce à un recours intensif au financement intérieur pour combler le gap dû à la non mobilisation de certaines ressources extérieures prévues dans le cadre de la LF2016 » Par ailleurs, la persistance d'un déficit courant élevé conjuguée au repli des entrées nettes de capitaux à MLT (fortement affectées par la baisse des tirages sur les emprunts à MLT de plus de 25% par rapport à l'année précédente et la hausse du principal de la dette extérieure) se sont traduits par la détérioration du solde général de la balance des paiements. S'agissant des perspectives à moyen terme, la BCT a revu légèrement à la hausse le taux de croissance du PIB pour 2017, soit 2,3% contre 2,2% estimé en octobre dernier. La révision à la hausse a touché essentiellement la production agricole qui pourrait bénéficier de conditions climatiques plus favorables. Hors agriculture, la croissance a été revue légèrement à la baisse pour s'établir à 2% en 2017 et à 2,5% en 2018, contre 2,2% et 2,6% estimés précédemment. Néanmoins, certains facteurs pourraient altérer ces prévisions de croissance dont une dépréciation plus accentuée du dinar tunisien, la hausse du cours du baril, l'élargissement du déficit courant et le renchérissement des conditions de financement extérieurs et intérieurs. « Des risques qui pourraient compromettre le financement du secteur privé et ralentir davantage la croissance économique », selon la BCT.