Agir et réfléchir sont inséparables en matière de développement, qu'il soit politique, économique, social ou culturel et sportif. La réalité n'attend pas, donc, il faut agir souvent avec les moyens du bord, parer au plus pressé et adopter une certaine échelle des priorités immédiates pour calmer les exigences et même donner l'image d'un Etat qui est loin d'être passif et qui fait de son mieux. Cette attitude de canalisation des « demandes », souvent légitimes, mais seul Dieu est capable de satisfaire la multitude (Mayzazi El Makhlouk ken El Khalek, dit notre proverbe populaire), est la seule capable d'éviter l'effondrement des systèmes politiques et sociaux. Or, si les « Output », ou réponses du système tardent à venir, il y a accumulation des exigences, embouteillage des revendications avec risque d'effondrement de la boîte de pilotage et de commandement des Etats et des sociétés. Ben Ali le savait, et il a créé en son temps, quelques soupapes de sûreté et du trop plein revendicatif et social, ainsi que des fonds intéressants comme le « 26-26 » de solidarité nationale et le « 21-21 » pour l'emploi des jeunes chômeurs. Disons, tout de suite, qu'ils ont bien fonctionné et ont répondu à leurs vocations, et toutes les enquêtes de « l'inquisition nationale », postrévolutionnaire, ont prouvé l'honnêteté des cadres de ces fonds avec des comptes tenus impeccablement, à telle enseigne que certains et pas seulement les nostalgiques, regrettent la disparition de ces fonds de replâtrage social, certes, mais qui ont permis des progrès palpables dans les zones démunies. Nécessité des Fonds d'urgence Mais, le passé c'est le passé... Tournons la page ! Ceci dit, la nécessité des Fonds d'urgence et d'intervention rapide pour éviter le pourrissement de situations intenables, demeure et se trouve même accrue du fait de la crise économique des six dernières années et spécialement dans des secteurs sensibles populairement comme l'artisanat, et les petits métiers. La contraction de la demande du fait de la crise majeure du tourisme, le manque de liquidités et l'érosion du pouvoir d'achat des classes moyennes, ont été à l'origine de la déprime de secteurs entiers liés à l'artisanat. Mais, les artisans en bons citoyens, travailleurs en silence, sont dignes et n'ont pas le culot des grandes gueules de pseudo « syndicalistes », que rien ne satisfait, alors, qu'ils ont décapité la culture du travail, tout en continuant à percevoir leurs salaires en toute tranquillité ! Autres urgences, la remise à niveau des villages et cités périphériques des grandes métropoles. Et c'est là où il faut agir et réfléchir pour planifier à nouveau le développement urbain de ce pays et éviter que nos villes ne deviennent des bidonvilles améliorés, où tout s'entasse au milieu de ces avenues et ruelles envahies par la « friperie » de toutes les misères ! Allez au centre ville de Bizerte du côté du Vieux port et vous perdrez la voix et la voie ! Je passais, hier même du côté du village de « Kantart Benzart », ou pont de Bizerte, en relation avec un pont romain construit du temps de Scipion et qui a permis aux troupes romaines envahissantes alliées à Utique, de traverser la Madjerdah en direction de Carthage, et j'avais mal au cœur de voir que cette cité qui a pris du volume avec l'exode, puisqu'elle n'est qu'à 23 km de Tunis, patauge encore dans la boue sans aucune ruelle goudronnée à part la route principale qui mène à Kalaât El Andalouss. Rien n'a changé pour les citoyens de ce village depuis vingt ans à part la multiplication ahurissante du nombre de cafés ouverts sur l'avenue principale (goudronnée) et l'agrandissement de la mosquée... comme il se doit ! Je dis cela parce que si on n'amène pas le bien être citadin dans des milliers de cités comparables en Tunisie, nous allons tout simplement vers un désastre national « urbain » où les villes seront tout simplement bidonvillisées, avec de nouveau la poussée démographique et l'exode rurale. Puisque certains imams bien aimés n'ont pas chômé et ont fait campagne systématique dans leurs prêches contre le planning familial. Par conséquent, il est tout aussi urgent, d'intervenir sur les tissus urbains infectés par l'anarchie (créatrice..., sic)... des horreurs troïkistes, que de planifier sans attendre et dans la foulée, la ville du futur... proche, à l'horizon 2050 ! Faute de quoi, la Tunisie risque de perdre tout le charme discret de ses médinas et sa blancheur éclatante. Dommage ! Messieurs les ministres concernés, le temps presse et l'irréversible dégradation de nos villes est sérieusement engagée. Il faut réellement prendre le taureau par les cornes et... vite! Planificateurs urbanistes... au boulot ! K.G