L'événement est de taille. On vient d'annoncer la tenue du premier pavillon national tunisien à la 57ème exposition d'art contemporain de la Biennale de Venise lors d'une rencontre au Port de la Goulette, (lieu fort symbolique du phénomène de la migration), en présence de MM. Raimondo De Cardona, ambassadeur d'Italie, Patrice Bergamini, ambassadeur de l'Union européenne et de Mmes, Lina Lazaar, commissaire du pavillon national à la Biennale et de Lorena Lando, directrice de l'organisation internationale des Migrations. Participation symbolique et interactive L'insolite dans ce projet, c'est que notre pavillon se présentera de manière atypique, loin de l'espace classique présentant des œuvres et des artistes. Il prendra la forme d'une action symbolique et interactive, destinée à servir de tremplin à la thématique des frontières et à mettre en exergue, l'esprit même de la biennale centré sur l'absence des frontières. Lina Lazaar rappelle à cette occasion, que la Tunisie n'a plus participé à la biennale de Venise depuis 1958 et que son retour, grâce au parrainage du ministère de la culture, et de nos partenaires italiens, sera marqué d'une pierre blanche pour son ingéniosité et sa capacité à émettre des messages forts et universels. « Cette méditerranée qui nous tourmente tant, dit-elle, on va essayer de se la réapproprier pour en créer un brassage culturel. Et de poursuivre : « Avec le soutien de l'Union européenne, on sort du pavillon classique ( une bâtisse avec une thématique et un certain nombre d'artistes) ; on sort complètement du cadre habituel dans la mesure où on a pris la décision de participer en tant que pavillon universel et non national, car la Tunisie va être le lien entre différents pavillons, d'où l'idée d'émettre un document universel pour se débarrasser du bagage national et montrer ainsi que nous sommes tous des migrants et des humains... » Autrement dit, la participation prendra la forme d'une action symbolique et interactive destinée à servir de tremplin à la thématique des frontières et à mettre en exergue, l'esprit même de la biennale, centré sur l'absence des frontières. Et, c'est pour cette raison, qu'il a été décidé d'utiliser un discours universel et d'opter pour un message qui incite à réfléchir sur la valeur de l'humain à un moment où le discours populiste règne, où des murs se dressent et où les gens se replient sur eux-mêmes. Venise, un théâtre à ciel ouvert Venise se transformera pour le bonheur des visiteurs, en un théâtre à ciel ouvert qui tente de représenter un micro monde à travers des pavillons nationaux où il devient possible de circuler d'une nation à une autre, sans entraves. C'est dans ce contexte donc, que se situe la participation tunisienne : en partant du constat que notre pays est une terre de migration par son histoire et son actualité. « Il s'agit pour nous, estiment les organisateurs, d'interpeller le public international de Venise sur l'abolition des frontières géographiques et culturelles, de dénoncer l'intolérance et la défiance de l'autre qui sont aujourd'hui au cœur du phénomène migratoire , de faire réfléchir les visiteurs sur leur propre façon de se déplacer et sur les chemins qu'ils empruntent dans le monde , de leur donner l'envie d'appartenir à une communauté humaine qui redessine autrement les frontières et en renégocie les contours... » Pour Patrice Bergamini, ce qui se passe aujourd'hui en Tunisie, est unique et extraordinaire en méditerranée et dans le monde arabe ; « il n'y a pas que la tragédie, dit-il, il y a aussi l'espoir qu'incarne la Tunisie avec cette force de la diversité de la création artistique contemporaine, la force de sa jeunesse et celle de la société civile... » Pour Raimondo De Cardona, l'art n'est autre que le moyen le plus important pour comprendre notre temps et notre époque. La Biennale de Venise le démontre bien en ouvrant ses portes à la Fondation Lazaar et à la Tunisie.