Dar Sebastien avait un air de fête pour accueillir la jeune chanteuse lyrique Béatrice Larragoiti qui était accompagnée par le pianiste Matthieu Esnult. L'intensité de ses paroles et l'esthétique de ses mélodies ont créé une fusion et une alchimie inévitable entre sonorités et chant. . Il y a d'abord sa présence physique. Il y a cette voix énorme qui emplit la salle. La soprano franco-brésilienne chantait avec ses tripes, et c'est ce qui rend son interprétation si magnétique. Sa voix si particulière, dense, sombre, s'éclaircit par ailleurs dans les nuances piano. Entre les phases du récit, le pianiste français Matthieu Esnult entonne les romances. Parfois, on a l'impression d'entendre un corps-à-corps en musique, tellement la partie de piano revêtait un caractère orchestral. Le piano sonnant un peu fort au début, mais progressivement, Béatrice s'adapte à son partenaire, lequel lui jette des regards complices. De toute évidence, le public est séduit par le pianiste qui s'est amusé à jouer « Choral, Prélude et Fugue » et Maurice Ravel .Ce jeune musicien a été une révélation pour ce concert. Il a une mainmise, une rigueur et une précision formidables. Tout comme la soprano qui a fasciné le public par sa voix dans le registre soprano à la tessiture au grain velouté et généreux qui envoûtent les mélomanes lesquels écoutaient volontiers les yeux fermés pour mieux savourer la richesse mélodique et vocale. Souriante et appliquée, elle invite à la fête et insuffle à la scène une énergie débordante. Il y avait de quoi puisqu'elle rythme ses paroles. Le public l'accompagnait à chaque instant. Béatrice est venue aussi pour chanter des oeuvres de Poulenc, Massenet, Debussy ou César Franck. La musique, elle la vit avec son corps. Aussi à l'aise avec le pianiste Ensult, elle a su allier vivacité et savoir faire vocal pour composer le portrait d'une exceptionnelle soprano. Sa présence scénique, ainsi que sa belle voix bien timbrée ont ébloui l'assistance. Un timbre de vrai soprano, une technique bien maîtrisée, qui permet les multiples inflexions et nuances exigées par l'art de la mélodie. Résultat : une soirée agréable et homogène de bout en bout. La deuxième partie a comporté des airs de Preynaldo Hahn, de Claude Debussy, d'Henri Duparc et de Jules Massenet. Encore une fois, cette belle soprano entraîna le public dans une rythmique effrénée..Ce fut un jeu musical séduisant, ponctué d'improvisations avec Béatrice qui gérait la multiplicité des vocalises avec un éclat qui n'avait rien de racoleur. Sa parfaite prononciation témoigne en effet d'une grande attention portée au texte et assurément, la musicalité ne lui fait pas défaut. Bref, la communion avec l'assistance était totale. Une soirée parfaite donc, au son de la voix de Béatrice et du pianiste Mathieu