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Ou en sommes-nous de la géopolitiquedu savoir ?
Réforme de l'université
Publié dans Le Temps le 26 - 11 - 2007

Le professeur Albert MAROUANI, Président de l'Université de Nice Sophia-Antipolis : « La géopolitique du savoir comprend trois grands pôles : le pôle asiatique avec des investissements , un pôle américain dominant qui se situe sur l'ensemble du continent et un pôle euroméditerranéen qui doit puiser sa puissance dans la recherche et d'enseignement supérieur. »
L'exemplarité des relations entre l'Université de Nice Sophia-Antipolis et les universités tunisiennes et plus particulièrement avec l'Université de Sfax, n'est pas un vain mot. Elle tient non seulement à la qualité de ces relations mais surtout à leur permanence, à telle enseigne que depuis trente ans, elles n'ont pas enregistré la moindre interruption. L'un des artisans de cette coopération remarquable n'est autre que M. Albert MAROUANI, actuel président de cette prestigieuse institution française, auteur d'une brillante communication sur « Le rôle de l'Université dans le développement régional » lors du récent colloque international organisé par l'Université de Sfax , sur ce même thème. Interview.
Le Temps : vos liens avec la Tunisie débordent le caractère professionnel ?
Professeur Albert MAROUANI : Effectivement , puisque je suis né à Salammbô et que je n'ai quitté la Tunisie qu'à l'âge de 12 ans. De 1978 à 1982, j'ai passé quatre ans au titre de la coopération en qualité de détaché de l'Université de Nice à Sfax où j'ai contribué à l'ouverture de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion dont j'ai fait partie de la première promotion, ainsi qu'à la naissance de son Université. Le cordon ombilical s'est par la suite fortifié à travers les générations successives de jeunes étudiants dont j'ai assuré la formation, que ce soit à Sfax ou à Nice, en doctorat, surtout et en mastère.
. A quels niveaux se situent les relations entre les Universités tunisiennes et l'Université de Nice Sophia-Antipolis ?
- Notre coopération touche pratiquement tous les domaines. Ceux des sciences humaines et sociales, des sciences juridiques, politiques et de gestion, des sciences médicales et des sciences dites dures. Je souhaite, en particulier, développer avec les Universités tunisiennes des relations dan le domaine des sciences de la vie et de la santé : en biologie, biomédicale mais également dans les sciences dures qui sont actuellement en crise partout dans le monde. Il nous manque beaucoup de scientifiques et je pense à une coopération accrue dans les domaines scientifiques touchant à des questions de société très importantes comme celles ayant trait à l'environnement et au développement durable, en l'occurrence, les problèmes de l'écologie sur le bassin méditerranéen, de risques naturels, tsunamis, glissements de terrains, inondations etc ..Toutes ces questions sont au cœur d'une thématique générale qui pourrait rassembler l'Université de Nice Sphia-Antipolis avec des universités tunisiennes intéressées par cette thématique. Ces institutions pourraient se joindre au pôle de recherche et d'enseignement supérieur en cours de constitution et qui réunit l'Université Sud Toulon-Var, l'Université Pierre et Marie Curie, l'Université de Corse et l'Université de Turin.
J'ajouterais qu'il y a un foisonnement de programmes en commun, des programmes européens, d'autres qui relèvent de la coopération française ou qui sont inscrits dans des partenariats interuniversitaires comme les programmes de recherche, d'encadrement de thèses, de cotutelle, de codiplomation. Outre les échanges à travers des bourses régionales pour la mobilité d'étudiants de Tunis et cette fois-ci , de Sfax, il y a d'autres programmes d'action intégrée en économie avec Tunis et Sfax, sans parler des colloques que nous organisons chaque année, en commun, telles que , récemment, les rencontres euro-méditerranéennes.
.Dans quel esprit cette coopération s'est-elle déroulée ?
- Elle s'est toujours déroulée dans un esprit de partenariat équilibré, dépourvu d'asymétrie dans nos relations dans la mesure où les mobilités se sont constamment exercées aussi bien dans le sens Nord-Sud que dans le sens inverse. L'exemplarité de cette coopération tient à la continuité mais également à l'aspect quantitatif. Je ne pense pas, à ce propos qu'il y ait beaucoup d'universités qui aient eu autant de thèses en cotutelle, de jurys de thèses en commun, de participations à des concours d'agrégation ou dans des formations ni autant d'accueils d'étudiants dans des codiplômations.
. Il y a , paraît-il, d'autres programmes plus consistants, n'est-ce pas ?
- Effectivement. Nous avons aujourd'hui, un accord européen en réseau qui a un programme baptisé IMAGINE. C'est le programme External Windows Erasmus Mondus liant 5 universités de la rive Nord de la Méditerranée, en l'occurrence, celles de Barcelone, Gênes, Turin, Toulouse et Nice à 9 universités de la rive Sud, à savoir 3 universités algériennes, 3 marocaines et 3 tunisiennes ( Tunis, Sousse et Sfax ). Ce programme va donner lieu à 341 mobilités c'est-à-dire, 341 étudiants dans les trois niveaux, licence, mastère et doctorat qui vont être accueillis pendant un semestre dans les universités signalées. A signaler qu'il leur sera octroyé des bourses intéressantes de l'ordre de 6 millions d'Euros. Il y aura également une quarantaine de mobilités dans l'autre sens. C'est l'Université de Nice qui est maître d'œuvre de ce programme dont le responsable est le professeur Mohamed JAOUA, d'origine tunisienne, qui est professeur à l'Ecole Polytechnique Universitaire à Nice.
Je pourrais citer également le Collège Académique des Universités Francophones Europe-Maghreb. C'est une initiative prise conjointement par la Conférence des Présidents d'Université de France laquelle rassemble toutes les institutions universitaires ( 85 universités et une vingtaine d'écoles d'ingénieurs) et les conférences des présidents et directeurs d'universités des trois pays maghrébins. A l'issue d'un long travail de préparation, plus de quarante présidents d'universités françaises ont participé, en décembre dernier à Tunis, à une réunion avec leurs homologues des trois pays cités du Maghreb( en tout plus de 200 participants). Le COFEM a été lancé et son bureau installé en juin. Il est présidé par M MAHBOULI, président de l'Université de Tunis. Je me réjouis de cette initiative exceptionnelle qui a vocation à construire cet espace souhaité de savoir et de recherche partagée entre les universités des pays des deux rives de la Méditerranée. Il ne s'agit pas de structure bureaucratique mais d'une structure dont la vocation est de favoriser, d'impulser et de dynamiser toutes les initiatives prise au sein de cet espace entre autres le montage de recherches communes sur des thématiques sur lesquelles il y a des enjeux majeurs, c'est-à-dire tout un ensemble de dispositifs sur lesquels il faut que nous ayons notre mot à dire sans être récepteurs de programmes définis par d'autres.
. Qu'en est-il du nouveau pôle de Recherche et d'Enseignement Supérieur ?
- L'Université de Nice Sophia-Antipolis vient de signer avec trois autres universités françaises, en l'occurrence, l'Université du Sud Toulon-Var, l'Université Pierre et Marie Curie et l'Université de Corse, un accord de préfiguration d'un pôle de Recherche et d'Enseignement Supérieur euro-méditerrannéen ( PRES ) qui doit associer dans les semaines à venir,les Universités de Gênes et de Turin et nous souhaitons que ce noyau d'universités euro-méditerranéennes transfrontalières puisse associer des universités de la rive Sud qui se reconnaissent dans la thématique de l'environnement et du développement durable.
. Verra-t-on la naissance d'un pôle euro-méditerranéen en matière de savoir ?
- Partons d'un chiffre significatif : à l'horizon de 2020, l'Inde va former 80 % des ingénieurs informaticiens de la planète. C'est dire, qu'aujourd'hui la géopolitique du savoir comprend trois grands pôles : le pôle asiatique avec des investissements , un pôle américain dominant qui se situe sur l'ensemble du continent et un pôle euro-méditerranéen parce que la Méditerranée, vue de Pékin ou de San Francisco, doit constituer un pôle puissant de recherche et d'enseignement supérieur et on a besoin, à ce niveau-là, de toutes les compétences, y compris celles de la rive Sud de la méditerranée, voire de l'ensemble de l'Afrique.
. Partant de l'idée que les réformes que vous êtes en train d'entreprendre, en France, en matière d'autonomie de l'Université pourraient inspirer nos décideurs en Tunisie, ne pensez-vous pas que les inquiétudes qu'elles suscitent auprès du public des élèves et des étudiants, en France soient justifiées ?
- Les inquiétudes exprimées par quelques étudiants grévistes y compris dans mon université au sujet de la loi dite Liberté, Responsabilité des Universités ( LRU ) et de la mainmise présumée mais chimérique des entreprises sur l'Université sont à mon sens infondées. C'est un problème complètement dépassé et faux. Concernant également les inquiétudes quant au retrait du financement de l'Etat dans les Universités, la ministre a donné des assurances dans ce sens. Je pense que dans cette loi, qui n'est pas parfaite, une opportunité pour les universités en France de pouvoir se saisir de leur destin et de construire elles-mêmes leur capacité à être confrontées à la compétitivité dans le domaine international dans le domaine de l'enseignement et de la recherche scientifique.
. L'autonomie de l'Université, en France ou ailleurs, n'engendrerait-elle pas une Université à deux vitesses ?
- Le risque n'est pas exclu et je dirais même à plusieurs vitesses. Chaque université aura à définir ses spécificités,qu'elle soit grande ou petite, et à se positionner sur des pôles ou des points d'excellence qu'elle pourra affirmer. L'essentiel c'est qu'elle soit dynamique et qu'elle ne se replie pas sur des pseudos niches, des chasses gardées qui n'existent plus.
. Cela ne risque-t-il pas d'accentuer les disparités déjà existantes entre les universités ?
- C'est vrai que les universités n'ont pas les mêmes problèmes ni les mêmes capacités en termes de recherche comme en terme de formation. Donc, on est dans un système différencié d'universités. La question est de savoir si la notion de diplôme national sera maintenue, ce que confirme la ministre. cette loi pourrait accentuer, cependant, cette possibilité de différencier davantage les universités les plus dynamiques et les moins dynamiques. Mais il appartient à chacune d'elles de faire preuve d'un certain dynamisme. Cela changera le panorama de l'enseignement supérieur et de la recherche et obligera l'ensemble de la communauté à être innovante et à accepter le fait que nous sommes aujourd'hui dans un univers mondial de compétition dans ces domaines.
. Les conditions macroéconomiques régionales ne pourraient-elles pas favoriser certaines universités au détriment d'autres à la faveur de cette réforme sur l'autonomie de l'Université, en général ?
- Il est vrai qu'il y a des contraintes macro-économiques et institutionnelles globales mais l'Université est par définition un monde d'échange et de partage du savoir à l'échelle planétaire. Aujourd'hui tout chercheur, grâce aux TIC, peut accéder à l'information. La différence se fait sur les plateformes technologiques , sur les masses critiques d'équipes, sur la capacité à rassembler des compétences. On est de plus en plus dans une dynamique de compétence plutôt que dans une dynamique d'institutions ou de structures.
.Revenons à vos relations avec les institutions universitaires tunisiennes. Dans cet échange mutuel, quelle expérience, à l'Université de Sfax a retenu votre attention et dont vous comptez vous inspirer ?
- A l'Université de Sfax, nous avons vu un dispositif extrêmement élaboré d'entrepreneuriat, de rencontres avec les entreprises, d'initiatives extrêmement intéressantes à la formation à l'entrepreneuriat, des incubateurs qui marchent. Or, nous sommes en retard en matière de culture de l'entreprise. La culture de la relation avec l'entreprise n'est pas encore rentrée de plain-pied dans les Universités en France et je crois que nous allons nous inspirer très fortement de l'expérience de Sfax et avoir avec elle un partenariat fort dans ce domaine. Il y a aussi quelques domaines où Sfax est en avance sur nous sur des formations très pointues qui pourraient faire l'objet de codiplomation dans le domaine de l'association de la science et de l'entreprise. Dans le domaine de la culture et de l'action en direction des lycées, des collèges et des écoles, il y a une expérience très intéressante. Il y a probablement des pôles et des points de recherches qui nous intéressent. L'objectif est de faire rencontrer les acteurs qui sont au cœur de cette problématique dans le domaine de la recherche pour qu'ils montent ensemble, soit des programmes d'enseignement, des unités d'enseignement mutualisées qui peuvent aussi bien exister en Tunisie qu'à Nice.
Entretien conduit par Taieb LAJILI


La culture de la relation avec l'entreprise n'est pas encore rentrée de plain-pied dans les Universités en France et je crois que nous allons nous inspirer très fortement de l'expérience de Sfax et avoir avec elle un partenariat fort dans ce domaine.

Le risque d'avoir des universités à deux vitesses n'est pas exclu et je dirais même à plusieurs vitesses. Chaque université aura à définir ses spécificités,qu'elle soit grande ou petite, et à se positionner sur des pôles ou des points d'excellence qu'elle pourra affirmer.


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