Depuis deux jours, une odeur nauséabonde se dégageait d'un appartement de la résidence "Ahlem" où la plupart des habitants étaient des banquiers retraités où qui approchaient de la retraite. M. et Madame Jalloul qui habitaient dans l'appartement d'en face étaient de plus en plus perplexes. Ils avaient cru d'abord que cette odeur provenaient des égouts, comme cela souvent arrivait lorsque les canalisations étaient bouchées, suite à une pluie abondante. Toutefois, ils réalisèrent que cette odeur, devenant, de plus en plus persistante, se dégageait plutôt de l'appartement du "Baron". Celui-ci, un ancien banquier avait ouvert un café-tabac, après une retraite anticipée qu'il avait obtenu pour raison de santé. Cependant, et selon certaines rumeurs, sa retraite était plutôt pour cause disciplinaire, ayant été soupçonné de détournement de fonds de l'agence dont il était le directeur. Toujours est-il qu'il s'était toujours targué d'avoir ramassé beaucoup d'argent grâce à son travail, et qu'il était loin de tout soupçon. Il aimait se faire remarquer, notamment par sa tenue vestimentaire à l'anglaise, les couleurs de ses chemises et de ses cravates dénotant d'une élégance qu'il a tenu à conserver même après la retraite. Ce qui lui valut le surnom de Baron. Il avait refait sa vie, après trente ans de mariage, s'étant entiché d'une jeune femme à peine un mois après la mort de son épouse et mère de ses trois enfants. Ceux-ci ont d'ailleurs, volé de leurs propres ailes bien avant le décès de leur mère. Sa fille était partie au Canada avec son mari installé au Québec et exerçant la profession de médecin. Quant à ses deux enfants, ils partirent, l'un en France, l'autre en Allemagne pour y poursuivre leurs études. Le "Baron" resta avec sa jeune épouse, "Zazie" ancienne secrétaire d'une banque de la place qui accepta de convoler en justes noces avec lui pour pavaner à ses côtés et profiter de la belle vie. Il faut dire qu'il était un bon vivant et il la combla de présents dont notamment une belle voiture flambant neuve, et de dernier cri. Mais au fil des jours, la jeune épouse se lassa du rythme monotone à laquelle elle était astreinte, étant appelée à tenir la caisse au café tabac, toute la journée. Elle ne se reposait que le dimanche et généralement, c'était le jour où elle faisait le grand ménage chez elle et se préparait pour une nouvelle semaine. Cependant, le Baron a remarqué qu'elle changea de comportement envers lui, et devint de plus en plus froide, voire parfois irritée. Aussi, le bruit courait depuis quelque temps que Zazia ou "Zazie" comme il aimait l'appeler avait fait la connaissance d'un jeune homme qui rentrait d'Italie où il était installée depuis neuf ans. Trois jours avant le drame, son mari eut une discussion houleuse avec elle, que rapportèrent M. et me Jalloul dans leurs témoignages. En effet, dérangés, par l'odeur pestilentielle qui se dégageait de l'appartement du baron, ceux-ci finirent par alerter la police. Les agents de la brigade criminelle qui s'introduisirent dans l'appartement étaient stupéfaits par la découverte du corps du Baron qui commençait à se décomposer. Il avait seulement du sang coagulé dans les narines, et la trace d'une blessure à la tempe gauche. "Zazie" était partie en voyage avec le jeune homme répondant au surnom de "Ghabbar", juste le lendemain des faits, tel qu'il ressortait de l'autopsie. Celle-ci révélait que la tête de la victime a subi un choc au contact d'un objet contondant. Etait-ce un crime ? Ou la victime avait-elle perdu l'équilibre pour faire une chute fatale en se cognant la tête ? D'autant plus que l'autopsie décela également une bonne dose d'alcool dans le sang de la victime. On ne le saura jamais, bien que Zazie et son compagnon furent arrêtés à l'aéroport dès leur retour, et inculpés d'homicide volontaire et complicité. Le témoignage de M. et Mme Jalloul impliquait forcément l'épouse du Baron. Car ils déclarèrent que lors de la dispute entre le défunt et son épouse, ils purent entendre celle-ci lui dire. "Ne m'empoisonne pas la vie. Répudie-moi si tu doutes de moi. Il n'y a rien entre moi et "Ghabbar", c'est juste une vieille connaissance, un ami d'enfance". A quoi le Baron répondit "Non, je ne te laisserai pas à ce faux jeton !". Cependant, d'autres témoins les avaient contredits en déclarant qu'ils avaient vu "Ghabbar" en compagnie du Baron et qu'il semblerait même qu'il voulait le prendre au café-tabac en tant qu'associé. Quoi qu'il en soit, l'autopsie n'arrivait pas à déterminer d'une manière claire, s'il s'agissait d'un meurtre ou d'un accident. Quant à "Zazie" elle expliqua au tribunal qu'il n'y avait rien entre elle et Ghabbar, et qu'il n'avait aucune raison pour tuer son époux. Elle fut acquittée ainsi que son ami au bénéficie du doute. Personne ne saura si le Baron a été assassiné, où s'il est mort accidentellement.