Le Temps - Agences - Comme il s'y était engagé, le président pakistanais Pervez Musharraf a transmis au général Ashfaq Kayani le commandement des forces armées lors d'une cérémonie organisée à Rawalpindi à la veille de son investiture comme chef de l'Etat. Kayani, ancien chef des services de renseignement militaires, jouit d'une bonne image en Occident. Il avait travaillé avec Benazir Bhutto, aujourd'hui dirigeante de l'opposition, lorsque celle-ci était Premier ministre à la fin des années 1980. Le chef de l'Etat, réélu le 6 octobre, prêtera serment aujourd'hui pour un nouveau mandat de cinq ans, cette fois en tant que civil, sa réélection ayant été validée par la Cour suprême dont la composition a été profondément remaniée après la proclamation de l'état d'urgence le 3 novembre. Musharraf s'était engagé à quitter l'uniforme - "sa deuxième peau", comme il disait - une fois levés les obstacles à sa réélection, une initiative réclamée de longue date par l'opposition et ses alliés occidentaux avant les élections législatives du 8 janvier prochain. Les spécialistes de la vie politique pakistanaise s'interrogent sur les conséquences du départ de Musharraf de l'armée. Les militaires, qui ont gouverné le Pakistan pendant plus de la moitié de ses 60 années d'indépendance, lui avaient accordé un soutien indéfectible tout au long des crises traversées depuis sa prise de pouvoir lors d'un putsch en 1999. "Le soutien de l'armée, naturellement, c'est cela qui a été vital (au maintien du régime Musharraf)", analyse Mirza Aslam Beg, ancien commandant militaire qui refusa de prendre le pouvoir en 1988 après la mort du dictateur Mohammad Zia-ul-Haq dans un accident d'avion. Beg s'attend à présent à des changements significatifs, à commencer par des revendications accrues de l'opposition, qui réclame la levée de l'état d'urgence.