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Parution: «Révolution, dites-vous ?» de Hechmi Khalladi.. Invitation à l'optimisme
Publié dans Le Temps le 19 - 11 - 2017

« Révolution, dites-vous ? » est l'autre recueil de poésie de Hechmi Khalladi publié conjointement avec un autre recueil intitulé « Vers Divers » dont j'ai déjà fait la présentation (Voir « Le Temps » du ...).
Il est intéressant de noter que Hechmi Khalladi a vibré à l'unisson avec l'avènement de la Révolution Tunisienne du 14 janvier 2011, célébrée par le recueil de poèmes de M.Jalel El Mokh intitulé : « Anthologie de la Révolution Tunisienne », dont il a écrit la préface. Et le voilà maintenant qu'il revient sur cette Révolution par son recueil de poèmes : « Révolution, dites-vous ? ».
En ce qui concerne le genre littéraire de ce recueil, le style prédominant est la prose poétique où les vers sont débités d'une manière simple et éloquente et véhiculent néanmoins un souffle poétique réussi par une heureuse harmonie des rimes, des allitérations, des assonances et des expressions-refrains.
Quant au fond, ce recueil s'apparente beaucoup à un livre documentaire, appelé en arabe : « Kitab watha-iki » et en anglais « Documentary-fiction », où les poèmes sont agencés de manière qu'ils reflètent les faits et les évènements de la Révolution Tunisienne du 14 janvier 2011 conformément à leur développement chronologique.
Le leitmotiv, c'est-à-dire le refrain, de la spécificité de cette révolution que nous pouvons déceler en parcourant les différents poèmes, est que cette révolution est mue par une trilogie triomphante, d'ailleurs reconnue par tous, à savoir que c'est une révolution pacifique, populaire et dynamisée par les jeunes.
Chaos et rêves évaporés
Outre l'introduction que l'auteur a rédigé pour nous donner les raisons de l'écriture de son texte, le recueil commence par un poème liminaire intitulé « Etincelle », c'est-à-dire, tout le monde le sait, à partir du moment où Mohamed Bouazizi s'est immolé par le feu, le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, déclenchant ainsi l'étincelle qui provoqua l'incandescence de la Révolution Tunisienne, appelée dès lors celle du 17 décembre-14 janvier 2011.Il écrit : « Par le feu Bouazizi s'est immolé/ Et son acte a très vite circulé/ Livrant son corps aux flammes/ Que DIEU ait son âme ! A-t-il eu tort ou raison/ D'avoir agi de cette façon ?/Aussitôt de région en région/ S'installa la révolution/...
Tout au long du recueil, les poèmes suivent un itinéraire chronologique, sensiblement celui du cheminement des faits de la révolution pendant six ans depuis le 17 décembre 2010 et le 14 janvier 2011 jusqu'à nos jours. Les titres des poèmes témoignent des différentes péripéties vécues qui enchainent les évènements dans le cours qu'ils ont suivi et avec la succession des actions des acteurs politiques, syndicalistes, associatifs de la société civile, et populaires, autant de méandres profondément creusés au fil des jours pendant six ans sans discontinuer au gré des circonstances. L'auteur nous fait passer en revue les différentes péripéties de la Révolution Tunisienne sous un éclairage objectif et autant que possible réaliste.
Dans son poème : « Dégage !», il montre le slogan populaire « Dégage » qui a été adopté, du reste, par toutes les révolutions du « Printemps Arabe » et même par des mouvements opérés dans des pays européens et en Russie, assorti par l'autre slogan : « Le peuple veut mettre à bas le régime ». Dans son poème : « Chaos », il décrit le désordre social dans lequel a été plongée la Tunisie au lendemain de la fuite du tyran, mais un désordre qui recèle en son sein le sentiment général du soulagement éprouvé par les masses. Il écrit : « Partout des manifestations/ Marches et protestations/ Magasins saccagés/ Usines ravagées/ Banques cambriolées/ Voitures brulées/ Institutions dévastées/ Prisons désertées/ Un cri de soulagement/ Etouffé depuis longtemps/ Vive la liberté !/... Dans la deuxième partie de ce poème, l'auteur a indiqué le revers de la médaille auquel le peuple Tunisien a été automatiquement confronté. Il écrit : « Le peuple tomba dans le chaos/ Partout ce fut un imbroglio/ Un relâchement dans les mœurs/ Une négligence des valeurs./...
Dans le poème : « Liberté d'expression », l'auteur met en exergue le fruit majeur que le peuple Tunisien a cueilli de sa révolution, à savoir, la liberté d'expression. Il dit : « Le peuple a retiré le bâillon/ Qui l'a muselé depuis longtemps / On peut désormais condamner Une insouciance/ On peut critiquer une imprudence/ On peut dénoncer une incorrection/ On peut signaler une violation./...
Cette liberté d'expression a provoqué l'explosion de partis, comme c'est mentionné dans le poème : « Divergences ». Il dit : « Des dizaines de partis sont nés/ Et se sont jetés dans la mêlée / Droite, Centre, Gauche et Progressistes / Radicaux, Réactionnaires et Intégristes./... Cette multitude des partis a ébloui le peuple Tunisien qui se sentit désemparé à l'occasion des élections, et ses incertitudes sont précisées dans le poème ; « Pour qui voter ? » : Plus de cent partis/ Sont déjà partis/ Pour une course effrénée / Qui sera le premier ?/ Qui sera le dernier ?/ On ne sait/ Pour qui voteront/ Ces gens du peuple ?/ Sauront-ils choisir/ Le bon grain de l'ivraie ?/ On ne sait...
Enfin, vint le jour des élections le 23 octobre 2011. Il écrit dans son poème : « Elections » : Le jour des fameuses élections/ Le peuple les a votés pour un an/ Pour élaborer une Constitution/ Conforme à la nouvelle situation/Ainsi les trois premiers gagnants/ Furent les tous premiers gouvernants/ Sous forme d'une Troïka de dirigeants./...
L'auteur n'a pas manqué de noter que, parmi les mesures immédiates prises par le gouvernement de la Troïka, ce fut la promulgation de la loi d'amnistie dont les effets ont été néfastes et contraires aux objectifs escompté. Il mentionne dans son poème : « Amnistie » : Une loi d'amnistie fut vite élaborée/ Des centaines de détenus libérés/ Parmi eux des scélérats dangereux/ Contents de ce don généreux/ Certains jeunes fervents/ Mirent le cap sur l'Orient/ Pour le Jihad ils sont partis/ Pour gagner, disent-ils, le paradis/ D'autres ont préféré l'Eldorado/ En se jetant dans les flots. /...
Ce faisant, la situation socio-politique et économique du pays est plus que déplorable et allait crescendo. Elle a été peinte par l'auteur dans le poème : « Tohu-bohu » en ces termes : « Sit-in et grèves se sont accélérés/Et des griefs syndicaux réitérés/ Les chômeurs ont augmenté/ Et le budget de l'Etat a chuté./ Des vendeurs informels se sont installés/ Sur les trottoirs sans être interpellés./ Des constructions anarchiques ont apparu/ Et les ordures jonchaient partout nos rues./ Des hommes barbus et des femmes voilées/ Se sont soudainement révélés/ Pourtant auparavant maltraités/ Ni barbe ni voile n'était accepté. »/...
Au comble du désespoir, le poète lance un cri de détresse dans son texte intitulé « Pleurez la Tunisie », brossant un portrait sombre et angoissant sur la situation du pays et la vie publique : « Pleurez la Tunisie post-Révolution/ Et ses profondes transformations/ Pleurez les routes sans éclairage/ Et les jardins publics sans arrosage / Pleurez les déchets partout plantés / Et la voie publique squattée / Pleurez les plages polluées / Et les eaux de baignade souillées /Pleurez le pot-de-vin et la corruption/ Qui sévissent à tout bout de champ/Pleurez les mômes sexuellement agressés/ Et les cas de suicides qui se sont haussés/Pleurez les lois qui ne sont plus respectées/Et le je-m'en-foutisme qui s'est implanté/...
Le fléau du terrorisme a frappé très fort affectant sérieusement des leaders politiques et le tourisme, cependant que l'agitation politico-sociale battait son plein aux fins de paralyser le gouvernement et mettre en échec, ou plutôt rendre impossible, toutes ses actions et ses initiatives. Le poète s'élève donc contre le terrorisme et lui lance un cri de défi dans son poème : « Tous contre le terrorisme » : Cette fois vous avez attaqué le Musée/ Ciblant des étrangers d'un voyage organisé/ Des touristes mordus de culture et d'histoire/ Chose que vous prenez pour illusoire.../ Les Tunisiens ne baisseront jamais les bras/ Devant ces énergumènes hostiles et ingrats/ Vous mêlez entre le sacré et le profane/ Tout le monde vous réprouve et vous condamne./...
L'espoir est pourtant permis
Pour remédier à cette situation impossible, constituée en goulot d'étranglement, l'auteur évoque le Dialogue National qui a fructifié et abouti en instaurant le passage de la Troïka au Quartet. Il écrit : « La transition démocratique avait l'air de chavirer/ Mais le Quartet mit fin aux échauffourées/ Et aux propos infructueux et inefficaces/ Ainsi le pays est sorti de l'inextricable impasse/ Le Dialogue National fut cependant instauré/ Et les membres du Quartet furent décorés/ Le prix Nobel de la Paix leur est octroyé/ Pour les grands efforts qu'ils ont déployés. /...
Notre poète n'a pas manqué de mentionner des évènements majeurs qui ont émaillé la scène politique Tunisienne, à savoir : la turbulence du parti Nida et sa désagrégation, le dixième Congrès du parti Nahdha qui sépara entre religieux et politique, la désignation d'un gouvernement d'Union Nationale, l'Accord de Carthage, la Justice Transitionnelle et l'Instance Vérité et Dignité.
Le dernier poème : « Révolution, dites-vous ? » tient lieu d'épilogue à ce recueil. Son intitulé est significatif et tendancieux dans la mesure où cette interrogation porte le germe du doute quant à l'essence de cette Révolution. Est-ce une révolte, ou un mouvement d'ensemble provoqué par le chômage des jeunes, ou un mouvement de millions de masses populaires contre la tyrannie et la mafia du pouvoir, ou est-ce un coup d'Etat ?
Dans ce poème-épilogue, le poète Hechmi Khalladi a tranché contre le scepticisme des uns et le nihilisme des autres, en affirmant que ce qui s'est passé en Tunisie depuis le 17 décembre 2010-14 janvier 2011 est une vraie révolution, malgré les embuches, les combines, les entraves, les scandales et les incertitudes ; on peut lire dans ce dernier poème : « Qu'elle soit l'œuvre d'une bonne combine/ Ou le résultat d'un complot tramé en sourdine/ Une Révolution vient de se produire :Mobilisant des révoltés prêts à mourir./ Il a exprimé ainsi son optimisme quant à son triomphe, car la Révolution, dit-il, a apporté la liberté au peuple Tunisien et a mis la Tunisie sur les gonds de la démocratie, de l'égalité et de la dignité, et partant du développement économique et social.
Habib Falfoul


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