Quelle place occupe la religion dans les œuvres des écrivains tunisiens francophones ? C'est une question souvent posée par les critiques littéraires, notamment depuis la Révolution de 2011. Généralement, la religion est un motif récurrent dans les œuvres des écrivains tunisiens d'expression française, pour la simple raison que cette religion a sa place dans la culture et la civilisation arabe, si bien qu'ils ne peuvent s'en débarrasser. Cependant, cette récurrence au sacré (l'Islam) diffère d'un écrivain à un autre : il y a des auteurs qui s'y réfèrent simplement pour cadrer leur récit, d'autres lui accordent une place implicite mais déterminante dans le récit, d'autres encore la placent dans une perspective critique. Aucun roman d'expression française, aucune pièce de théâtre ou un recueil de poésie ne fait de l'Islam orthodoxe une apologie spirituelle explicite en faveur de cette religion sacrée, comme on en voit chez Claudel, pour ne citer qu'un seul exemple. L'Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis a organisé le 08 décembre une journée d'étude autour de la «« Représentations religieuses dans la littérature tunisienne francophone ». Y participaient une pléiade de professeurs universitaires ont présenté leurs exposés suivis de discussions. L'assistance était nombreuse et l'organisation de la journée était impeccable. La séance matinale, animée par Hédia Abdelkafi, a débuté à 9h avec les allocutions de bienvenue, après quoi les travaux débutèrent par une première communication de Ghada Nechi (Université Tunis El Manar) où elle présenta une analyse critique du roman de Azza Filali « « Les Intranquilles, de Azza Filali : une radioscopie du phénomène religieux au lendemain de la Révolution ». Ensuite, c'est Haythem Jarbouii (Université de Sfax) qui prit la parole pour présenter son exposé autour du roman de Fawzia Zouari « Le Corps de ma mère » où il fit une étude comparative entre corps et religion, d'après les informations recueillies de cet ouvrage. Puis, Mohamed Chagraoui (Université Tunis El Manar) a présenté un exposé intitulé « De la communion au communisme et à l'athéisme dans les écrits de Gilbert Naccache ». Ces trois communications ont été suivies d'un débat entre les assistants. La séance s'est poursuivie avec la modération de Zouhour Ben Aziza. Pr. Bedreddine Ben Henda(Université Tunis El Manar) parla de « La ‘'part de Dieu'' dans Le Marcheur et La Rose, de Othman Ben Taleb, et Bordj Louzir, de Rabâa Abdelkefi Ben Achour ». Il fut suivi par Moncef Machta qui présenta son exposé sur le roman « Borj Louzir de Rabâa Abdelkafi. Hayet Ben Charrada proposa son exposé autour de : « L'intégration du religieux dans l'art : cas d'étude : Jeu de rubans, roman d'Emna Belhaj Yahia et Tunis By Night, film d'Elyès Baccar». Ces trois interventions furent suivies d'un débat. La séance de l'après-midi a été consacrée à une table ronde où ont été invités des écrivains tunisiens d'expression française. Les discussions ont tourné autour du sujet : « Ecrire la religion à l'ère d'Al Qaïda et de Daëch ». Plusieurs questions ont été soulevées se rapportant à la situation actuelle en Tunisie, depuis l'avènement d'Ennahdha, le retour du sacré, la mise en question de la laïcité, questionnement sur le statut de la femme (femme voilée, femme dévoilée), place des autres religions ou minorités dans l'Islam en Tunisie, etc. Certains écrivains ont pris la parole pour parler de leurs œuvres, défendre leur point de vue et clarifier le fait religieux dans leurs ouvrages respectifs.