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« La Chine est éveillée »*, le Maghreb est encore dans le sommeil du juste !
A la loupe : 22ème édition des « Journées de l'Entreprise» « L'entreprise maghrébine et l'Asie : défis et opportunités »
Publié dans Le Temps le 04 - 12 - 2007

Pour leur 22ème édition, les Journées de l'Entreprisse ont choisi un thème , certes important , mais pas totalement mobilisateur, vu par les hommes d'affaires tunisiens : « L'Entreprise maghrébine et l'Asie : Défis et opportunités ».
Les participants n'en ont pas moins eu l'opportunité de réaliser combien est porteur le marché asiatique ,
non seulement dans sa composante »dragons » ( Chine, Inde et Corée) , mais aussi en ce qui concerne les autre économies qui montent, particulièrement le Vietnam et le Cambodge.
Voici pour l'endroit . Quant à l'envers , il est chargé de défis au regard de la déferlante chinoise dont les flux de produits continuent d'inonder les marchés des pays maghrébins qui voient leur textile menacé par cette même Chine.
Il était opportun que les Maghrébins , opérateurs et décideurs, discutent en profondeur de la question sans pour autant occulter - fait essentiel - leur propre incapacité à se décider enfin à s'unir pour faire face au défi asiatique , et se résoudre à apporter une première solution , si sommaire et classique soit-elle, à savoir intégrer leurs économies les unes aux autres et favoriser la circulation des biens , services et personnes , par le démantèlement ou, à tout le moins, la réduction des frein et obstacles qui grèvent lourdement le processus de leur intégration économique et commerciale. « Le Temps » a sondé divers participants de divers horizons sur l'opportunité d'un partenariat entre les Entreprises du Maghreb et celles de l'Asie de l'Est ainsi que sur les stratégies que les uns et les autres ont mises ou s'emploient à mette en place pour relever les défis y afférents.
* « La Chine s'est éveillée » est le titre du livre d'Alain Peyrefitte en 97.En 73, il avait publié un livre intitulé : « Quand la Chine s'éveillera, le monde temblera »
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William Peter Mako, l'economiste en chef de la région Asie de l'Est à la Banque Mondiale :
« l'amélioration de l'environnement des affaires est determinante »
William Peter Mako économiste en chef de la région Asie de l'Est à la banque mondiale travaille dans cette institution depuis 1997, où il est désormais chef de file du développement du secteur privé .Spécialiste de l'Office de Beijing., il a également travaillé en Corée du Sud à partir de 1998-2002, l'élaboration d'une première évaluation des effets de la crise sur les conglomérats coréensIl a bien voulu nous accorder l'entretien que voici :

Economia : Quelle est votre opinion sur le climat des affaires dans les pays maghrébins ?
William Peter Mako : La proximité de l'Europe pour les pays maghrébins a beaucoup contribué à l'amélioration du climat des affaires dans ces pays qui restent toutefois handicapés par la petite taille de leur PME par rapport aux pays asiatiques, lesquels sont avantagés par la bonne gouvernance des affaires.

Qu'en est-il des pays asiatiques ?
-Un récent rapport de la Banque mondiale consacré à la renaissance de l'Asie de l'Est et aux solutions envisageables pour gérer la croissance dans cette partie du monde souligne que la Chine s'est affirmée comme le champion du développement de la décennie, et l'Asie de l'Est s'est transformée en créant des économies plus compétitives et innovantes, qui exploitent brillamment les sources de dynamisme locales.
La croissance générée par l'intégration régionale et mondiale a permis à l'Asie de l'Est d'enregistrer des progrès économiques records. Dans quelques années, la quasi-totalité des habitants des pays en développement de la région vivront dans un pays à revenu intermédiaire. On ne peut que s'en réjouir, mais les problèmes de développement au stade du revenu intermédiaire sont infiniment plus complexes. »
50 millions d'habitants de l'Asie de l'Est sont sortis de la pauvreté rien qu'en l'espace des cinq dernières années, et lorsque le Viet Nam parviendra au stade de pays à revenu intermédiaire - ce qui pourrait se produire d'ici 2010 - moins de 5 % des habitants de la région vivront encore dans un pays à faible revenu.
L'Asie de l'Est a été rapidement prise dans un mouvement de décentralisation des dépenses publiques, qui fait que la plupart des infrastructures et des services sociaux sont aujourd'hui du ressort des autorités locales.
À long terme, ce processus de décentralisation devrait aboutir à une plus grande transparence des affaires publiques et obliger les fonctionnaires locaux à être davantage comptables de leurs actes . Cela favorisera l'avènement de sociétés justes et équitables.
Si les gouvernants d'Asie de l'Est parviennent à surmonter cette nouvelle série d'épreuves, d'ici une génération, ils seront à même d'éliminer la pauvreté et de conduire leurs pays dans les rangs des nations prospères et développées de la planète », conclut-il.

Quels avantages les Entreprises maghrébines et celles d'Asie peuvent elles tirer d'un partenariat commercial et économique ?
- Je répondrai en plaçant ce partenariat dans une perspective africaine, et je note que les activités commerciales et investissements des deux puissances asiatiques émergentes que sont la Chine et l'Inde ont connu, ces derniers temps, en Afrique un essor considérable, et cela peut présenter d'énormes perspectives de croissance et de création d'emplois aux pays africains, à condition de rectifier les fortes asymétries que présentent les relations entre l'Asie et l'Afrique.
l'Asie reçoit aujourd'hui 27 % des exportations africaines , soit trois fois plus qu'en 1990, ce qui est à peu près l'équivalent du niveau des exportations de l'Afrique à destination de ses deux partenaires commerciaux traditionnels que sont les Etats-Unis et l'Union européenne. Parallèlement, les exportations asiatiques vers l'Afrique augmentent de 18 % par an - un taux de progression qu'elles ne connaissent nulle part ailleurs. Les flux d'investissement direct étranger de la Chine et de l'Inde vers l'Afrique sont plus modérés que les flux commerciaux, mais l'étude indique qu'ils connaissent eux aussi une progression très rapide.
Les nouveaux débouchés économiques qui s'ouvrent ne se limitent pas aux échanges et aux investissements dans les ressources naturelles. Ses échanges avec la Chine et l'Inde donnent à l'Afrique la perspective de s'imposer en tant que région de transformation des produits de base et comme fournisseur compétitif de biens et de services à forte intensité de main-d'œuvre pour les entreprises et les consommateurs de ces deux pays , un type de relation économique qui tranche considérablement par rapport à celle que le continent a établie de longue date avec les pays du Nord.
À cela s'ajoute le fait qu'un nombre croissant d'entreprises chinoises et indiennes qui opèrent en Afrique sont des acteurs économiques de niveau planétaire, qui emploient ce qui se fait de mieux au monde en matière de technologies et dont les produits et services répondent aux normes les plus rigoureuses, favorisant ainsi l'intégration des firmes africaines aux marchés de pointe.
- Au vu des flux des échanges de part et d'autre, il ne peut échapper à personne que d'énormes disparités existent
- En effet, les liens commerciaux qui sont en train de se forger entre les deux continents présentent un déséquilibre majeur. Les exportations africaines vers l'Asie ne représentent en effet que les 1,6 % de ce que les pays asiatiques achètent dans le reste du monde, et les achats de la Chine et de l'Inde en Afrique ne constituent que les 13 % des exportations globales de ce continent. Par ailleurs, l'Afrique ne représente que les 1,8 % des apports d'investissement directs étrangers effectués au niveau mondial, contre 20 % pour l'Asie de l'Est.
D'un côté comme de l'autre de cette prometteuse équation économique Sud-Sud, il faut impérativement tenter de remédier aux asymétries et aux facteurs faisant obstacle à l'expansion continue de ce lien par la mise en œuvre de réformes . Il y va non seulement de l'intérêt primordial de l'Afrique pour son développement économique, mais de la propre prospérité économique de la Chine et de l'Inde.

-Quels sont les secteurs qui doivent être ciblés par les réformes dont vous parlez ?
-D'abord des réformes aux frontières, consistant par exemple pour la Chine et l'Inde à éliminer les droits progressifs appliqués sur les principaux produits d'exportation africains, et pour les pays d'Afrique à éliminer également les droits qu'ils appliquent à certains facteurs de production et qui réduisent ainsi la compétitivité de leurs produits.
Ensuite des formes en deçà des frontières pour les pays d'Afrique, afin de libérer les forces concurrentielles de leurs propres marchés et de renforcer leurs institutions de base, et de manière à améliorer également la gouvernance.
Il y a aussi les améliorations entre les frontières c'est-à-dire au niveau des infrastructures et institutions de facilitation des échanges, afin de réduire les coûts de transaction tels que ceux afférents à l'administration douanière, au transport et aux communications.
Enfin des réformes consistant à tirer parti des liens entre investissements et échanges pour permettre ainsi aux entreprises africaines de participer aux réseaux modernes et planétaires de partage de la production dérivés des investissements effectués par la Chine et l'Inde en Afrique.

Lionel Vairon, sinologue et spécialiste de l'Asie
« Les priorités stratégiques de la Chine en Méditerranée »

Economia : Y a-t-il une stratégie chinois pour la Méditerranée ?
Lionel Vairon : Le concept stratégique de Méditerranée n'est pas pertinent vu de Pékin et nous ne pouvons donc parler de « politique chinoise en Méditerranée ». Cependant, la diversité économique, politique et sociale que l'on retrouve dans l'ensemble méditerranéen impose à la Chine de définir des stratégies spécifiques à chaque pays, même si certains d'entre eux se retrouvent dans des identités plus larges : l'Union Européenne, l'Europe méditerranéenne, le monde arabe, le Maghreb face au Proche Orient etc.
Aujourd'hui, et pour longtemps encore, les autorités chinoises accordent une priorité haute à l'économie, à la poursuite du développement entamé à partir de 1978, et à l'approfondissement des réformes. Ce développement se nourrit de relations de coopération économique et à un impérieux besoin de stabilité. Si cette affirmation est vraie pour la situation intérieure, elle l'est également pour les relations internationales. C'est à la lumière de ce besoin qu'il faut sans doute observer la présence croissante de la Chine, sous différentes formes, dans l'espace méditerranéen.

- Quelles sont les priorités économiques de la Chine en Méditerranée ?
- La Chine est confrontée à un défi énergétique croissant et préoccupant. Devenue importateur net de pétrole en 1993, la dernière intervention américaine en Irak et la politique moyen orientale de l'administration Bush ont mis en relief les faiblesses énergétiques de la Chine, qui dépend à environ 60% aujourd'hui du Moyen Orient pour son approvisionnement. Dans sa stratégie de diversification tous azimuts engagée à partir de 2001, et de manière encore plus claire à partir de 2003, la Chine n'a laissé de côté aucun fournisseur potentiel, quel que soit le niveau de ses réserves et de sa production. Quelques pays méditerranéens ont donc fait l'objet d'une attention particulière : l'Algérie, la Libye, l'Egypte et, dans une moindre mesure, la Syrie, les ressources énergétiques étant fortement concentrées dans les trois premiers pays.
L'Algérie figure au 1er rang des priorités de Pékin dans ce secteur pour la zone. Avec des réserves estimées à 11,8 milliards de barils (1,5 milliards de tonnes) et une production quotidienne de 1,5 millions de barils, elle constitue une source non négligeable d'approvisionnements.
La Libye pour sa part n'est aussi qu'un petit fournisseur de pétrole - à peine plus de 1% de ses importations (1 340 000 tonnes) -, mais elle possède les premières réserves prouvées en Afrique. Les principales sociétés chinoises (CNPC et Sinopec notamment) tentent donc de profiter de l'ouverture offerte par la levée de l'embargo sur la Libye et de ne pas laisser le terrain aux sociétés occidentales, très pressantes sur le marché libyen.
Contrairement à l'Amérique Latine et à l'Afrique subsaharienne et centrale, cette politique énergétique chinoise ne heurte pas les intérêts américains, dont les importations algériennes et libyennes sont relativement faibles. La Libye pourrait cependant devenir un terrain de rivalités aiguës compte tenu du potentiel important de ce pays.

- Mais, il n'y a pas que l'énergie...
- L'internationalisation des sociétés chinoises, engagée depuis 1995 avec l'expansion du groupe privé Huawei, dans le domaine des télécommunications, a désormais atteint l'espace méditerranéen. Trois types d'entreprises chinoises sont aujourd'hui présentes dans la région : les groupes publics, essentiellement dans les secteurs énergétique, des infrastructures et des télécommunications ; les groupes privés tels Huawei, et les PME dont les activités sont très diversifiées, du secteur du trading à celui de la fabrication d'appareils électriques ou d'assemblage de motos. La majorité de ces entreprises se sont installées sur les rives méridionales et orientales de la Méditerranée avec pour principal objectif les marchés africains et européens, voire américains (dans le cas du Maroc), à travers les accords bilatéraux ou multilatéraux de libre-échange.
Mais la présence économique chinoise dans les pays méditerranéens de l'Union Européenne et dans les autres pays du pourtour méditerranéen est encore très déséquilibrée, au profit de l'UE qui représente encore 76% des échanges commerciaux de la Chine avec la zone méditerranéenne.

- Quels avantages s'attachent à la stratégie chinoise ?
- Pour les sociétés chinoises, les pays du Sud de la Méditerranée présentent plusieurs avantages à exploiter : une main d'œuvre abondante pour certains et moins coûteuse qu'en Chine , des marchés très ouverts aux produits chinois, grâce aux prix pratiqués, et sur lesquels les produits chinois possèdent encore de grandes possibilités de pénétration, malgré une présence déjà très importante, enfin un potentiel de consommateurs très important (266 millions d'habitants pour 175 millions dans l'UE méditerranéenne, soit un total équivalent à 441 millions de consommateurs).
Ces pays de la Méditerranée hors Union Européenne ont un autre atout majeur aux yeux de la Chine : la majorité d'entre eux possèdent des accords de libre échange avec l'Union Européenne, qui permettent aux entreprises chinoises, en association avec des partenaires locaux, d'exporter ou de réexporter une partie de leur production vers le marché de l'Union Européenne à des tarifs préférentiels, alors que de nombreux obstacles freinent l'entrée des produits en provenance directe de Chine. Cette analyse s'applique également à l'égard de certains pays ayant des accords avec les Etats-Unis, comme le Maroc, ou avec d'autres Etats africains. Cette stratégie de pénétration est accueillie très favorablement par les Etats concernés qui voient dans ces partenariats la possibilité d'améliorer le marché de l'emploi et de favoriser le développement des économies locales.
A titre d'exemple, au Maroc, les seuls investissements chinois dans le secteur de la pêche (7 entreprises chinoises qui ont créé 18 entreprises mixtes) représentent un total de 150 millions $, soit la moitié du montant total des investissements américains dans le pays, et plus de 2000 emplois locaux. Dans le cas de l'Egypte, les autorités égyptiennes attendent des investissements chinois et de la création d'une zone industrielle chinoise la création de milliers d'emplois. Il y a aujourd'hui environ 120 entreprises chinoises installées en Egypte représentant un investissement total de près de 200 millions $ (les Etats-Unis 468 millions $ en 2005 sans compter les investissements dans le secteur des hydrocarbures qui dépassent les 3 milliards $). Un Chinatown est même en cours de construction au Caire, sur 1 million de m2, 150 millions $ d'investissements, qui accueillera magasins, hôtels, usines etc. Le projet est égyptien...En Algérie, les investissements chinois s'élèvent déjà à 600 millions $ en 2005.
Si la Chine était quasiment absente de la région méditerranéenne à la fin des années 80 - ses échanges commerciaux ne représentaient que quelques centaines de millions $, sa diplomatie inexistante - elle est devenue un acteur qui compte et dont l'influence devrait s'accroître considérablement dans les décennies à venir. Il revient donc aux Européens de réinventer leur relation avec les Etats méditerranéens, qui souffrent aujourd'hui, malgré les discours officiels, d'une regrettable désaffectation, s'ils veulent demeurer un partenaire qui compte, faute de quoi la Chine pourra à long terme devenir la première puissance économique, voire politique et diplomatique, de la région méditerranéenne

Wang Jinzhen, vice président du Conseil chinois pour la promotion du commerce international
« Nous traitons nos partenaires suivant leurs avantages comparatifs »
Economia: Pourquoi la Chine fait-elle si peur ?
Wang Jinzhen : Cette appréhension n'a aucun fondement. Elle est entretenue par les médias occidentaux lesquels d'ailleurs ne manquent pas , souvent , de se rétracter et de rétracter , comme ce fut le cas, il y a vingt ans , quand ils ont affirmé que la Chine allait directement vers la famine , faute de production alimentaire suffisante. Deux décennies plus tard , la Chine , non seulement, n'a pas été touché par la famine, mais se prévaut d'une production agricole assez abondante pour nourrir ses 1.300 millions d'habitants.
A la vérité, nous sommes ouverts sur le monde. Mais nous traitons nos partenaires sur la base des avantages comparatifs qu'ils présentent, conformément à la politique économique initiée depuis 1978.
D'ailleurs, notre balance commerciale n'est excédentaire qu'avec un nombre restreint de pays, particulièrement les Etats-Unis. J'ajouterais sur ce chapitre que notre endettement est nul aussi bien vis-à-vis de l'étranger que sur le plan intérieur.

- Quels sont les défis que la Chine s'emploie à relever sur le plan économique ?
Ils sont essentiellement au nombre de trois : les disparités entre les villes et les zones rurales, la mise à niveau de la technologie et le coût des matières premières , notamment le pétrole.
Il y aussi l'emploi , sachant que nous devons en offrir chaque année, quinze millions, soit une fois et demie l'ensemble de la population tunisienne.
Nous faisons de notre mieux pour résoudre ces problèmes, en modernisant, entre autres, notre tissu industriel, en investissant plus dans la Recherche & Développement et en soutenant les petites et moyennes entreprises , lesquelles assurent 50% de nos exportations.

- Quelles sont vos stratégies vis à vis du Maghreb ?
- Notre stratégie concernant les pays du Maghreb est indissociable de celle que nous suivons en Afrique.La Chine désire jouer un rôle plus actif et plus positif dans la coopération financière entre l'Asie et l'Afrique. Elle encourage ses entreprises à se rendre dans les pays africains pour y investir et qu'elle pousse les entreprises privées chinoises à s'y implanter pour chercher les opportunités de développement.
Il existe une énorme potentialité dans la coopération économique entre l'Asie et l'Afrique devant lesquelles s'ouvrent de belles perspectives d'avenir. Suite à l'élargissement et à l'approfondissement continuel de l'influence afro-asiatique dans les affaires politico-économiques mondiales, il est de plus en plus important de promouvoir la coopération économique entre les deux parties. Pour l'économie asiatique qui se développe à un rythme accéléré très rapide, l'Afrique est une destination préférée pour ses investissements et pour son commerce. De même, pour l'économie africaine qui connaît un essor vigoureux, l'Asie est un partenaire idéal de commerce, de technologies et d'investissements.
Le gouvernement chinois attache toujours de l'importance à l'amitié et à la coopération avec les pays d'Afrique. Nous souhaitons sincèrement le développement soutenu de la coopération sino-africaine. Le Sommet qui a eu lieu en novembre dernier à Beijing relance l'approfondissement de l'amitié et renforce la coopération entre les deux parties.
Désormais, outre le commerce traditionnel, nous insisterons sur le développement soutenu de l'économie africaine. La coopération bilatérale portera sur la consolidation des échanges et la coopération dans les domines éducatif, culturel, scientifique et technique, ainsi que de la gestion de projets ; le renforcement de la coopération entre les entreprises chinoises et africaines, et l'encouragement des petites et moyennes entreprises et des entreprises privées à investir en Afrique ; l'encouragement des institutions financières à établir leur branche en Afrique, et en même temps, des institutions africaines à créer leur succursale ou bureau de représentation en Chine, pour fournir en commun le soutien des capitaux et le service financier à la coopération. Nous espérons poursuivre la recherche avec les pays d'Afrique et choisir le mode coopératif qui s'adapte aux besoins de développement des deux parties, et réaliser des avantages réciproques.

-Comment se concrétisent les mesures proposées lors du Sommet de Beijing ?
Premièrement, d'ici trois ans, la Chine fournira aux pays d'Afrique trois milliards de dollars de crédits préférentiels et deux milliards de dollars de crédits d'achat à l'exportation. Selon les besoins réels, en 2007, le gouvernement chinois a préliminairement choisi trente projets d'investissement touchant vingt pays auxquels la Chine accordera les crédits préférentiels.
Deuxièmement, créer le Fonds sino-africain pour le développement. C'est une mesure importante et une nouvelle tentative du gouvernement chinois pour élargir la coopération avec l'Afrique et réaliser le développement commun, et ayant pour but de soutenir et encourager davantage d'entreprises chinoises puissantes, prestigieuses et compétitives à investir en Afrique, ainsi que d'aider les pays d'Afrique à améliorer leur capacité de développement autonome, augmenter l'exportation et les revenus financiers et fiscaux de même que l'emploi local.
Le « Plan d'introduction des fonds de développement sino-africains » élaboré par la Banque de Développement de la Chine a été approuvé par l'Etat. Le montant total des fonds prévu pour la première période est d'un milliard de dollars et de trois milliards pour la deuxième. Il atteindra cinq milliards de dollars à la fin. Ce fonds sera géré par une société spécialisée et fonctionne en vertu des règles du marché. On publiera la procédure d'opération et les détails concernés le plus tôt possible.
Enfin il me semble important de souligner que l'appartenance de la Chine et des Etats maghrébins à la même famille des pays en voie de développement identifie leurs intérêts fondamentaux; et nous avons la conviction qu'il est particulièrement important, pour le raffermissement de la solidarité entre les pays en développement et la promotion de l'avènement d'un nouvel ordre international.


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