Jusqu'en 1946, date de la constitution du premier syndicat ouvrier tunisien à part entière, Farhat Hached n'était pas bien connu en tant que militant politique, mais plutôt qu'un syndicaliste qui a mené une lutte acharnée pour la défense des droits des travailleurs tunisiens. Toutefois, il était soutenu par les membres du Néo-Destour et tous ceux qui s'érigeaient contre les abus du colonialisme. L'UGTT (Union Générale des Travailleurs Tunisiens) créée lors d'un congrès organisé à la Khaldounia le 20 janvier 1946, permit à Farhat Hached, désigné secrétaire général, de mener le combat sur un double front : syndical et politique. D'ailleurs, les premières grèves entamées dès l'année 1946, avaient une ampleur telle qu'elles inquiétèrent les autorités coloniales. Habib Achour qui fut son compagnon de lutte, faisait remarquer qu'une grève dans une tannerie de Sfax avait incité la police coloniale à intervenir afin de séparer les grévistes. En vain, cependant, car, les habitants de la ville avaient soutenu ceux-ci par une manifestation sur la grande place. Cette grève avait précisément abouti à un accord sur des revendications ouvrières, après des pourparlers menés par Farhat Hached qui défendit les ouvriers de la tannerie avec acharnement. Ce fut, donc, de cette manière que Farhat Hached avait émergé aux côtés des militants politiques dont notamment les leaders Bourguiba et Ben Youssef. Ceux-ci l'avaient également apprécié ayant décelé chez lui son dynamisme, son intelligence, son endurance, et sa détermination à mener un combat sans merci, contre toutes les injustices et les exactions perpétrées par les agents du colonialisme. Déjà bien avant la constitution de l'UGTT, on le remarquait dans les manifestations politiques et les rassemblements des militants à plusieurs occasions. Ainsi, il était parmi ceux qui animèrent cette manifestation restée dans la mémoire collective en septembre 1942, lors des obsèques du souverain martyr Moncef Bey. En 1952, Farhat Hached était d'une grande notoriété, sur le plan international, aussi bien en tant que syndicaliste qu'en tant que militant qui s'érigeait contre le colonialisme et œuvrait pour la libération du pays. Le nouveau Résident Général, envoyé spécialement pour mener une répression à outrance à l'égard des militants, était gêné par l'action de Farhat Hached, étant soutenu notamment par l'Organisation syndicale internationale : la CISL. Aussi avait-il laissé faire une organisation colonialiste terroriste : « La main rouge » qui avait perpétré des attentats meurtrières à travers le pays. Ce fut donc, cette organisation qui décida de liquider physiquement Farhat Hached considéré comme un élément gênant. Le 5 décembre 1952, des inconnus ouvrirent le feu sur sa voiture sur la route de Radès où il avait son domicile. Grièvement blessé, il fut pris dans une première voiture pour être secouru. Cependant, des inconnus arrivèrent dans un deuxième véhicule et demandèrent à transporter le blessé à l'hôpital, sous prétexte que leur voiture était plus rapide. Farhat Hached, à demi conscient, mais perdant beaucoup de sang, a été, donc, mis dans cette voiture qui se dirigea vers la route de Naâssen, ce fut dans cette voiture, que Farhat Hached a été achevé et le corps jeté sur la voie publique. L'annonce de sa mort a suscité l'indignation générale, tant à l'intérieur du pays, qu'à l'étranger, où des marches ont été organisées à ce titre, telles qu'en Egypte, au Maroc, en Algérie et même en Inde. Cependant, la question qui reste toujours posée, malgré les quelques précisions après sa mort : Qui a commandité le meurtre de Farhat Hached ? Ce qui est certain, c'est que la « Main rouge » était pleinement impliquée dans le coup tel que l'avait écrit un ancien membre de cette organisation terroriste, dans un livre où il a relaté entre autres les circonstances dans lesquelles Farhat Hached a été exécuté. Toujours est-il que des zones d'ombre persistent encore : 1/ Farhat Hached avait une escorte, chargée de veiller à sa sécurité. Le jour du meurtre, il était seul et cela faisait deux jours que l'escorte a été levée. Pour quelle raison ? On ne le saura jamais. 2/ Quelles étaient exactement les personnes qui étaient dans la deuxième voiture ? 3/ Comment se fait-il qu'on put facilement acquiescer à la demande de ces personnes pour qu'on leur confiât le soin de transporter Farhat Hached à l'hôpital ? A moins qu'il y ait eu une connivence quelconque. Et c'était là où résidait le mystère, à jamais non élucidé.