«Nous sommes pressés comme des citrons», «Nous sommes les esclaves du domaine médical», «Nous faisons tourner les hôpitaux pour une poignée de dinars». Ces phrases reviennent tel un leitmotiv sur les lèvres des médecins internes et résidents qui ont entamé, hier, une grève de trois jours en signe de protestation contre la détérioration de leurs conditions de travail et la dévalorisation dont ils souffrent. Ce débrayage auquel ont aussi pris part les étudiants en médecine a été «bien suivi », selon l'Organisation tunisienne des jeunes médecins (OTJM) qui a lancé le mot d'ordre de grève. Les grévistes réclament en premier lieu la mise en œuvre d'un accord datant de février 2017. En vertu de cet accord, le ministère de la Santé s'engage à publier le décret relatif au statut de base des médecins internes et des résidents, ce qu'il tarde encore à faire depuis environ un an. Le secrétaire général de l'OTJM, Dr. Jed Henchiri, a précisé dans ce cadre que la présidence du gouvernement a examiné ce décret et l'a remis depuis le 23 novembre dernier au ministère de la Santé, où il dort toujours dans les tiroirs. «L'atermoiement du ministère de tutelle et le retard qu'accuse la publication du décret suscitent le courroux des médecins internes et résidents qui ne comptent pas en démordre », a-t-il assuré. Les jeunes médecins appellent également à être associés à l'élaboration du projet de loi portant sur la reforme des études médicales, à y modifier les points se rapportant aux mesures transitoires et le diplôme de doctorat et accélérer sa promulgation. «Nous réclamons la préservation du diplôme du doctorat qui constitue le couronnement du deuxième cycles des études médicales et que le ministère de tutelle compte annexer au diplôme de spécialité», a fait savoir le Dr. Henchiri. L'Organisation tunisienne des jeunes médecins revendique, d'autre part, la révision à la hausse des salaires des médecins qui ont exercé pendant une année dans les structures sanitaires publiques dans le cadre du service national, estimant qu'il est grand temps que ces salaires passent de 750 à 1200 dinars. Elle a aussi appelé le ministère à ouvrir la porte d'accès aux établissements publics de santé devant les jeunes médecins bénévoles afin d'alléger la charge de travail des médecins internes, dont le nombre a été réduit de moitié. La grève des médecins internes et résidents concerne tous les services sanitaires dans les différents établissements hospitaliers publics à l'exception des services de réanimation et d'urgence. Réagissant à ce débrayage, le ministre de la Santé, Imed Hammami, a estimé que ce mouvement est injustifié. «La grève de trois jours qu'observent les médecins internes et les résidents est exagérée et injustifiée vu que le ministère avait répondu à toutes les revendications des grévistes qui relèvent de son domaine d'intervention », a-t-il déclaré dans une déclaration accordé aux médias en marge de sa participation au démarrage de la deuxième phase du dialogue sociétal sur les politiques, les stratégies et les plans nationaux de santé. «Certains points n'ont pas encore été débattus parce qu'ils relèvent des prérogatives du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique», a-t-il cependant nuancé.