Selon un récent sondage de la Commission Européenne, près de 53% des jeunes Tunisiens voudraient émigrer. Mais pourquoi sont-ils, jeunes et moins jeunes, de plus en plus désireux de quitter le pays et d'aller s'installer ailleurs ? Plusieurs raisons sont évoquées, principalement d'ordre économique, mais pas seulement ! Nombreux aussi sont ceux qui partent car la vie, dans les autres pays dits développés, est plus facile disent-ils. Mais comment ça plus facile ? Prendre rendez-vous chez le médecin, déclarer ses revenus, s'informer sur un jugement rendu par le tribunal, renouveler ses papiers personnels, réserver un taxi, suivre au quotidien la scolarité de son enfant... Autant de tâches qui nécessitent du temps et de la patience chez nous mais qui ailleurs ne prennent que quelques minutes ou plus précisément quelques clics. En effet, avec l'émergence, et surtout la démocratisation et la vulgarisation, d'internet, les pays développés ont profité de l'occasion pour numériser leurs administrations et offrir des services en ligne à profusion et ce, depuis des décennies. Ainsi, tous les organismes gouvernementaux ou pas, les administrations, les établissements professionnels sont à portée de clics et toute tâche ou toute procédure qui devaient nécessiter un déplacement pouvaient être réglées sur internet. Et en Tunisie ? La bureaucratie et la paperasse sont encore souveraines et ont même de beaux jours devant elles. Et même si des efforts sont déployés au sommet de l'Etat pour changer les choses, les mentalités peinent à changer et surtout le manque d'enthousiasme est palpable. Le mois dernier, le chef du gouvernement a adressé aux membres du gouvernement, aux gouverneurs, aux présidents de municipalité et aux directeurs généraux des établissements publics, une circulaire portant organisation du système national de gestion électronique du courrier. Une mesure favorable qui s'inscrit dans le cadre du Programme Tunisie Digitale mais qui se restreint actuellement à quelques ministères, à savoir la Présidence du gouvernement, le ministère des Technologies de la communication et de l'économie numérique, celui du Développement, de l'investissement et de la coopération internationale, celui de la Formation professionnelle et de l'emploi, celui de la Relation avec les instances constitutionnelles et enfin celui de la Santé, d'autant plus que la mise en place sera progressive. Parviendra-t-on un jour à tout numériser et à simplifier la vie des citoyens qui n'en peuvent plus de la bureaucratie des administrations, des files d'attente, des "il manque un papier" et des "revenez demain" ? Dispose-t-on du matériel nécessaire et les fonctionnaires et autres fournisseurs de services gouvernementaux sont-ils prêts à changer leurs méthodes de travail archaïques et a adopter le numérique ? Mesure-t-on réellement quel gain de temps et d'argent réaliserait-on en se passant de la paperasse et en migrant vers le digital ? Surtout, les données personnelles et autres informations échangées sur internet sont-elles efficacement protégées et sommes-nous à l'abri d'une cyber attaque ? Autant de questions qui méritent réflexion.