Le Temps-Agences - La Russie entre déjà dans la campagne présidentielle, les législatives à peine passées, avec en corollaire une nouvelle phase de spéculations sur la succession de Vladimir Poutine au printemps 2008. La page des législatives n'était toutefois pas complètement tournée hier, le président américain George W. Bush ayant indiqué avoir fait part, lors d'une conversation téléphonique, de ses inquiétudes à son homologue Vladimir Poutine sur le déroulement de ces législatives. La présidence portugaise de l'Union européenne a également déploré que la campagne électorale pour les législatives de dimanche "n'ait pas respecté les normes internationales". Annonce des candidatures d'ici au 23 décembre, première session de la nouvelle Douma (chambre basse du Parlement) avant la fin décembre, premier tour de la présidentielle le 2 mars : le tempo est pourtant déjà donné en Russie. Mais une grande inconnue demeure: que va faire le président de sa victoire aux législatives - en dessous de ses attentes, selon la presse - et quelles cartes s'apprête-t-il à abattre pour sa succession puisqu'il ne peut pas se représenter en 2008 ? Poutine serait "mécontent du résultat des élections", la liste qu'il conduisait ayant moins bien fait avec 64% des voix que lui-même à la présidentielle de 2004, qu'il avait remportée avec 71% des suffrages dès le premier tour, selon le quotidien Kommersant,. Mais la presse se concentrait plutôt hier sur une proposition du président formulée la veille : ouvrir un peu "plus tôt" la prochaine session de la Douma, prévue d'ici au 1er janvier. Cette suggestion, en apparence technique, pourrait précipiter les échéances, notamment la date à laquelle le président révélera le nom de son candidat à la présidentielle et probable successeur ainsi que le rôle qu'il se réserve pour l'après-2008. Il a aussi demandé de dissocier dans le temps législatives et présidentielle. Il faudrait pour cela modifier la durée des mandats ou provoquer une élection anticipée, autre sujet de spéculation même si Poutine a plutôt semblé poser cette question pour l'avenir. En attendant, une autre question reste sans réponse, celle de son successeur potentiel, aucune personnalité ne s'étant détachée pendant la campagne des législatives, toute axée sur le président. Quatre noms circulent, sans que l'un n'ait pris l'avantage sur l'autre : celui du Premier ministre Viktor Zoubkov, ceux de ses deux premiers vice-Premiers ministres Sergueï Ivanov et Dmitri Medvedev et, celui, de façon plus discrète, de Valentina Matvienko, gouverneur de Saint-Pétersbourg. Tous sont, à un titre ou un autre, des proches ou fidèles de Poutine, originaires comme celui du KGB - à l'instar de Sergueï Ivanov - ou de Saint-Pétersbourg. Le suspense ne s'arrête pas toutefois à ces quatre noms. "Poutine pourrait aussi promouvoir quelqu'un de l'extérieur", estime l'analyste Alexeï Sidorenko. Un "invité surprise", comme en 1999, lorsque Boris Eltsine avait coopté Vladimir Poutine, discret patron du FSB, inconnu du grand public.