Cinq ans de « Tawafouk » (consensus) Chanté par R. Ghannouchi le président d'Ennahdha comme un miracle, qui a stabilisé le pays et qui permet même « l'espoir » pour le futur immédiat ! Ceci me rappelle au moins deux vieux dictons populaires « Ach Yizaïn Essaraj fi Sarjou » et « Chkoun Chakkar laâroussa .. », qui traduisent la pleine satisfaction de notre « Cheikh » national de la bonne affaire et de la rentabilité du « Tawafouk » pour son parti et son programme de changer (par étapes... depuis l'échec de la Troïka) le modèle sociétal tunisien et les mœurs de ce peuple ! En effet le retour au « salafisme culturel » et idéologique a pris une ampleur sans précédent et le pays dans certaines localités devient méconnaissable. Le mouvement islamiste a profité à fond la caisse, de la Démocratie, qui l'a libéré de toutes les contraintes de la « culture de l'Etat » moderniste et proche de l'Occident, telle qu'engagée sous les ordres de Bourguiba aux premières lueurs de l'indépendance, avec des hommes de grande étoffe dont je citerai M. Chedly Klibi, Habib Boulares, Mahmoud Messaâdi, Béchir Ben Slama et bien d'autres. Cette grande Ecole de la modernisation a essaimé des courants culturels qui ont mis la Tunisie à l'avant-garde du monde arabe et musulman devançant même l'Egypte, le Liban, la Syrie ou l'Iraq qui ont des traditions culturelles reconnues mondialement. Notre théâtre, notre cinéma, notre littérature ont fait et font encore autorité là où ils passent dans cet espace arabo-musulman pris d'assaut aujourd'hui par l'obscurantisme mortel, médiéval et antéislamique. Aujourd'hui même les vêtements portés par les dames tunisiennes et cette jeunesse « droguée » par les légendes des siècles de l'Islam conquérant du temps des « Foutouhats », portent les marques de la décadence orientale des pays du désert arabique et des frères musulmans d'Egypte. Tous ces symboles portés comme pour narguer, toutes les élites de la modernisation sont autant d'appels à détruire le modèle sociétal tunisien spécifique méditerranéen et proche de l'Europe chrétienne pour réinstaller le pays dans une sorte d'ilôt islamiste cadenassé, où chaque jour que Dieu fait, la régression des femmes vers le médiéval où l'homme est le maître absolu au nom de la Chariaâ, s'articule depuis la mosquée, où les Imams font la loi, pour se greffer sur tout ce qui bouge et la vie dans son intégralité. Un peuple encore largement analphabète, et ce combiné avec la démission des autorités nationales, Ministères de la femme, de l'enfance, des Affaires religieuses de la culture et... mais aussi des associations dites nationales (Tiens on n'entend presque plus l'UNFT... qui semble, de plus en plus récupérée elle aussi par le courant islamiste dominant au sein des couches populaires), combiné au Tawafouk « miraculeux » de notre vénéré Cheikh Rached Ghannouchi et sa grande Choura, tout cela donne un flottement social et culturel extraordinaire, où le modèle tunisien si brillant et si éclairé se voit étouffé heure par heure par la déferlante hégémoniste de Ennahdha et ses dérivés, lâchés partout. Dernière trouvaille, un nouveau Maire élu de la Secte obscurantiste, au Kram, jadis avec Kheireddine, la Goulette et Salambô, villes de la tolérance de l'amour et des aristocraties millénaires qui ont gouverné ce pays depuis Carthage, n'a pas trouvé mieux que d'adopter la « Chariaâ pour interdire le mariage d'une musulmane avec un nom musulman ! Qui dit mieux et où allons-nous ! Demain, ces maires majoritairement « Islamistes », que feront-ils quand Ennahdha prendra le pouvoir en 2019.. !? Où s'arrêteront-ils ?! C'est la marche lente et inéluctable vers l'Iranisation de la Tunisie et ne vous étonnez pas si le port du voile deviendra demain obligatoire puisque c'est « La Chariaâ qui le dit ». Puis tant que nous y sommes pourquoi ne pas effacer la loi contre la polygamie... Après tout la « Chariaâ » permet 4 femmes !? Voilà pourquoi, M.Rached Ghannouchi a bien raison de dire que le Tawafouk (consensus) est « miraculeux » et donne de l'espoir, mais (pour qui et à qui ?) ... Là les voies du Seigneur sont impénétrables. En vérité le Tawafouk dans sa version actuelle, n'est qu'un marché de dupes, où la modernisation est en train de mordre la poussière en attendant le coup de grâce en 2019... et après ! Pour preuve.... Pourquoi Ghannouchi a-t-il laissé un islamiste connu pour son extrémisme, gagner le siège de député pour l'Allemagne ? BCE, qui lui a tant donné et son parti, ne méritaient-il pas un « petit cadeau », de 300 voix pour montrer la bonne foi et la vraie sincérité du Tawafouk. Par ailleurs M.Ghannouchi qui a tout fait pour capturer l'hôtel de ville de « Tunis-Al Hadhira », ne sait-il pas combien, la capitale était sensible et symbolique, pour les « tunisois » et à leur tête, Béji Caïed Essebsi !? Mais à la guerre comme à la guerre... et comme le dit le proverbe « Tebki Oummek, wala Tebki Oummi » (S'il y a quelqu'un qui doit mourir... il vaut mieux que ce soit... toi !) Et si une mère doit pleurer il vaut mieux que ce soit la tienne ! Le « Tawafouk » a fonctionné à plein rendement pour les Islamistes d'Ennahdha. C'est pour cela qu'ils y tiennent absolument ! Quoi de plus commode, tout gagner sans livrer bataille, le plus grand des génies en science politique ne ferait pas mieux ! De fait le consensus a fait mieux pour Ennahdha. Détruire l'armature, jadis, impressionnante de Nida Tounès et à travers elle affaiblir à l'extrême le peuple de la modernisation qui s'essouffle et se réfugie dans l'abstention et le désintérêt de la politique. 2019 annonce une véritable catastrophe si rien ne change. Remobiliser les troupes de Nida Tounès et familles, dont le Machrou de M. Mohsen Marzouk pour ne citer que le plus en vue, relève du miracle. C'est encore une fois à BCE de revoir les bases mêmes du « Consensus », avec les islamistes de manière à ne plus sacrifier la modernisation et l'œuvre immense de Bourguiba et des grands réformistes depuis le 19ième siècle. Les Islamistes doivent connaître leurs limites. Mais pour cela il faut plus que de la manœuvre. Il faut réhabiliter la culture de l'Etat « bourguibien », des Chedly Klibi, des Mahmoud Messaâdi et des Habib Boularès. Je ne suis pas sûr qu'il y a ait encore une quelconque volonté dans ce sens : Osons espérer !. Khaled GUEZMIR