Consacré aux musiques néo-traditionnelles, "Mûsiqât" est né d'un partenariat entre le centre des musiques arabes et méditerranéennes et le promoteur artistique Mourad Mathari. Suivie depuis treize ans par un public fidèle, cette manifestation vient d'être brutalement sabordée. Pourquoi? Difficile de se fier par ces temps au bon sens des décideurs culturels. Il est en effet triste, inquiétant et affligeant de constater qu'un festival passe à la trappe sans aucune autre forme de procès. A la trappe, sans autre forme de procès Et pourtant Mûsiqât était parvenu à trouver son chemin vers le public en fidélisant les mélomanes attirés par les métissages musicaux et les arrangements novateurs d'expressions traditionnelles. Au fil des ans, ce festival né de l'initiative de Mourad Mathari et du Centre des musiques méditerranéennes et arabes (CMAM) avait convaincu et permis de découvrir dans le cadre enchanteur d'Ennejma Ezzahra des artistes de tous les continents. Sans communiqué officiel avançant des explications, sans aucune information audible, il nous aura fallu nous enquérir du programme du festival pour découvrir qu'il n'aurait pas lieu cette année. Pourquoi? Comment? C'est une autre paire de manches où l'opacité l'emporte sur la raison. Car, après tout, à l'heure où nous nous gargarisons tous de partenariat public/privé, voici un festival qui démontre depuis treize ans que cette carte peut être gagnante. Le plus dramatique dans l'affaire, c'est que c'est probablement le succès de Mûsiqât qui lui vaut d'être sabordé. Car la décision du report pour 2019 n'est pas venue de Mourad Mathari qui, pour sa part, affirme dans un post sur sa page facebook que "Mûsiqât est officiellement reporté pour 2019 et officieusement rayé du paysage culturel rien que pour des questions d'ego et de règlements de compte entre musicologues". De quels musicologues s'agit-il? Est-ce la nouvelle direction d'Ennejma Ezzahra qui veut faire table rase du travail de tous ceux qui l'ont précédée? Ce serait à la fois hilarant et grotesque! Une volonté délibérée de briser un festival qui réussit? Encore plus bizarre, le CMAM ne s'est pas désengagé de l'organisation du festival. Le Centre a tout suspendu et choisi de ne pas organiser Mûsiqât et aussi de ne pas se désengager. En termes clairs, il s'agit d'une prise en otage de la manifestation désormais confinée dans la zone grise du bon vouloir du partenaire public qui inflige à son homologue privé une punition d'ordre matériel en le mettant en porte-à-faux avec ses sponsors. De quoi créer une jurisprudence en matière de PPP! En attendant des clarifications officielles sur cette nouvelle affaire, il est permis de douter du bien fondé de la démarche du CMAM et soupçonner une volonté délibérée de briser cette manifestation. Il faudra donc se résoudre à attendre octobre 2019 pour retrouver Mûsiqât. Avec l'incertitude en prime!