Malgré l'épidémie du coronavirus qui sévit actuellement dans le pays, le marché des roses installé à l'ombre des remparts, non loin de la porte de Tunis à l'entrée nord de la ville de Kairouan attire, depuis la fin du mois dernier, une clientèle respectable, en majorité des hommes, cette fois-ci, couvre-feu oblige. Ils s'y rendent pour acheter roses, fleurs de bigaradier, géranium odorant, menthe et verveine et même des marguerites sauvages. « J'ai acheté des roses et des feuilles de différentes plantes pour distiller leurs eaux dans les plus pures traditions », a dit Zohra, une des rares femmes rencontrées par hasard, le couffin plein de roses et de fleurs de bigaradier. Elle ajoute que « si l'eau de roses est bénéfique pour la peau et les yeux, celle des fleurs de bigaradier est recommandée contre les douleurs de tête et pour le cœur aussi, alors que celles de la menthe et de la marguerite sont efficaces contre les maux de l'appareil digestif. Prix abordables Les prix proposés par les rosiéristes sont à la portée de toutes les bourses. Ils se situent entre 7 et 8 dinars le kg de roses ou de fleurs de bigaradier contre 24 et 25 dinars le kg la saison écoulée. Selon Am Tahar, un septuagénaire « ces prix encouragent les gens à s'approvisionner en roses et fleurs pour en distiller les liquides très bénéfiques pour la santé. Cela fait d'ailleurs partie de l'oula (provisions) de presque toutes les familles kairouanaises » A-t-il ajouté. Les commerçants quant à eux se plaignent surtout de la cherté de la main-d'œuvre et de la stagnation du marché à cause du coronavirus. « Le marché des roses n'a pas encore atteint son niveau habituel, notamment en cette période difficile que traverse le pays à cause de l'épidémie du coronavirus .Concernant les roses exposées actuellement sur le marché, elles sont de variétés précoces. Il faut attendre jusqu'à la fin de ce mois pour voir d'autres variétés de roses à des prix plus abordables », a précisé Si Med Achouri, un rosiériste de la localité de Dhraa Tammar de la délégation de Kairouan Nord. A quand l'installation d'une distillerie moderne ? Les roseraies dans le Kairouanais s'étendent sur 900 d'hectares notamment dans les localités de Dhraa Tammar et d'El Gatrania de la délégation de Kairouan nord, et à Ouled Nhar, à Abida et à El Khazazia, de la délégation de Kairouan sud et dans la délégation de Chébika. Elles constituent une source de revenus non négligeables pour un bon nombre de rosiéristes qui attendent depuis des années l'installation dans la région d'une distillerie moderne pour l'eau, l'alcool et l'huile de pétales de roses de hautes qualité. Récolte estimée à 700 tonnes Selon Habib Ghannem, Chef de l'arrondissement de la production végétale relevant du Commissariat Régional de Développement Agricole de Kairouan, la récolte de roses de cette année est estimée 700 tonnes, contre 5 tonnes de fleurs de bigaradier (8Ha) et 32 tonnes de Feuilles de géranium odorant (16 Ha).