Le 20 avril 1970 disparaissait à soixante et un ans le Cheikh Mohamed El Fadhel Ben Achour. L'érudit, le théologien, le Mufti de la République, le doyen de la faculté de théologie et le syndicaliste co-fondateur de l'UGTT qu'il avait présidé durant deux années. L'auteur chercheur qu'il était, avait défendu les dispositions du Code du Statut personnel (CSP) en le définissant comme étant « un impératif des temps modernes toujours conforme aux textes fondateurs de l'Islam ». Son esprit ouvert au dialogue et à l'« Ijtihed » permettait Cheikh Mohamed El Fadhel Ben Achour de faire l'exception parmi les « Ûlamas » et autres spécialistes de la religion musulmane. Il avait été éduqué au sein d'une famille de lettrés, de religieux et de juristes. Son père n'était autre que le Cheikh Mohamed Tahar Ben Achour auteur, entres autres livres et traités théologiques d' « Attahrir wattanwir », une exégèse du Coran en trente volumes réalisés durant une quarantaine d'années. Mohamed El Fadhel Ben Achour était un grand orateur, un écrivain et non moins poète. Il était membre de l'Académie de langue arabe du Caire et de l'Académie arabe de Damas. Il a son actif plusieurs publications dont les plus connues sont : « Le mouvement littéraire et intellectuel en Tunisie » et « Les auteurs de la pensée islamique au Maghreb arabe ». Il a donné plusieurs conférences à la radio tunisienne depuis sa fondation en 1938 et dans des espaces culturels et religieux. Et depuis plusieurs années, la radio nationale tunisienne lui diffuse durant le mois de Ramadan et avant la rupture du jeûne des enregistrements de ses conférences. Des joyaux en somme pour les générations d'aujourd'hui qui n'ont pas connu cet homme exceptionnel. Le volet poétique de Fadhel Ben Achour est peu connu, sinon qu'il a écrit « Ala al Hidhab », l'hymne du collège Sadiki et qui a été composé par Hédi Jouini et l'hymne de l'ancien Collège Alaoui : « Nassirou nahwa al maali » mis en musique par Noureddine Annabi, qui avait simultanément enseigné la musique dans ces deux lycées. Le 30 avril 1971, la maison de la culture Ibn Rachik, alors dirigée par Khaled Tlatli, un irremplaçable animateur et agitateur culturel, avait commémoré le premier anniversaire de la mort de Fadhel Ben Achour. Un festival-anniversaire où plusieurs témoignages ont été fournis par ses anciens élèves à la Zitouna et au collège Sadiki. Un public des plus nombreux y avait assisté, si bien que la grande salle de cette institution culturelle n'arrivait pas à contenir la foule qui venait de tous les horizons et toutes générations confondues. Une exposition de photos de documents et de livres du Cheikh El Fadhel s'était tenue dans le hall de la maison de la culture Ibn Rachik. Un catalogue réalisé par Habib Chiboub, le fin historien des médias et le journaliste Mohamed Baccar. En 1980, le ministère de la culture avait commémoré le dixième anniversaire du départ de Fadhel Ben Achour. Paix à son âme !