‘'Corona ‘' le fou'' ,Corona‘' le sage, ‘' Crise majeure, et inédite de coronavirus ‘' covid-19 ‘', elle a bien placé l'humain au cœur des mouvements solidaires, des débats et des décisions. La ‘' petite société ‘' tunisienne, selon l'expression du sociologue Allemand Norbert Elias (1897 - 1990), se distingue par une configuration sociale où l'individu et la Société s'appréhendent en tant qu'association, non en tant que différences, ou antagonismes. Cette ‘'petite société ‘' tunisienne, fonctionne sur un mode de solidarité sociale. Le consensus, et le dialogue constructif, y ont été très déterminants et très concluants, dans toutes ses phases de transitions difficiles, depuis, les premières années de son indépendance : (l'échec de l'expérience des coopératives en 1969, la crise de l'UGTT en 1978, la révolte du pain en 1984, le coup d'Etat médical en 1987, et la révolution de 2011). Cette solidarité sociale, puise son sens, et son mode de fonctionnement, dans ce qu'E. Durkheim, père de la sociologie Française, appelle ‘' La conscience collective ‘', où les facteurs d'intégration, comme l'imaginaire local, les idées, les sentiments et les croyances, forcent unanimement, les choix comme les décisions. En l'absence d'initiatives des partis politiques, toutes tendances confondues, il n'est pas étonnant de voir plus de 72000 associations civiles s'engager dans un mouvement solidaire inédit, en relation de complémentarité organique, et institutionnelle avec l'institution de l'Etat. Cette œuvre de solidarité sociale, si importante soit elle, ne peut cacher les insuffisances, et les limites stratégiques et financières d'un Etat fébrile, et à court de moyens pour une politique de développement. Un Etat, encore à la recherche de notoriété perdue. Faute de stratégies étatiques rigoureuses, le Coronavirus, si démocratique dans sa nuisance qu'il parait, a pris un caractère de classe. Les régions, et les quartiers marginalisés, et déshéritées, en ont été encore une fois victimes. Les cris, et les protestations lancés, de part et d'autres, continuent à envoyer, dans l'horizon politique et social, une silhouette de guerre civile bientôt à nos portes. Est-ce l'annonce des manifestations d'une nouvelle conscience sociale de classe ? Il fut un temps, où l'éminent sociologue, Alain Touraine, soulignait que ‘'les classes sociales en Tunisie existent plus dans leur ‘'être ‘', que dans des rapports réellement conflictuels ‘'. (Cahiers internationaux de sociologie vol LXIV 1978 p 171) Le même auteur souligne qu'à mesure ‘' …que se développe la civilisation industrielle, on assiste à la dissolution des classes comme ‘'être‘' sociaux, et à l'émergence des rapports de classes, qui s'installent de plus en plus, dans une relation d'oppositions, et d'antagonismes déclarés souvent dans les moments de crises. Il est important de noter que les mécanismes sociaux latents, dans cette nouvelle architecture sociale en Tunisie, rongent en douceur et en profondeur, les fondements d'un Etat politiquement autiste, socialement en effervescence, et tiraillé entre une asphyxie financière, et un marché parallèle, florissant sous la maîtrise des barons de la corruption, assurant plus de 40% du PIB, et manipulant plus de 54% du marché en Tunisie. Dommage que ce mouvement solidaire en Tunisie, soit encore noyé, dans des stratégies conjoncturelles. Dommage aussi, qu'il soit à l'origine de l'instauration d'une culture de mendicité, et bien dommage qu'il ne soit, pour autant, incorporé dans une stratégie d'Etat de droits, et surtout de société de droit, au terme d'un acquis constitutionnel, et d'un droit universel, préservant la vie, la dignité, et la protection sociale. Unissons – nous, pour que : Corona ‘'le fou ‘' cède le passage au ‘'Corona le sage‘'.