Que feront les Kairouanais pendant les semaines à venir, alors que d'habitude, ils ont toujours eu quoi faire et de quoi s'occuper ? Une question que les citoyens de cette ville ne se sont jamais posée, ni en temps de guerre, ni en temps de paix et pour cause, la pandémie engendrée par le COVID-19 impose, cette année, à tout un chacun, en Tunisie comme partout dans le monde, de garder porte close et de se confiner le temps que les chercheurs et médecins décident un dé confinement tant attendu. Mohsen qui n'avait pas l'habitude de se rendre à Kairouan au mois de Ramadan avoue qu'il n'a jamais ressenti une envie aussi pressante de se rendre à cette ville pour voir la famille et y passer quelques jours.il affirme que depuis la mise en place du couvre-feu, suite à la propagation du sale virus, il n'attend que sa libération pour prendre l'autoroute en direction de la ville sainte et du plat de couscous que sa sœur Rim se fera une joie de le concocter et le garnir de gros morceaux de viande de mouton. Mouldi et ses amis n'arrivent toujours pas à accepter la simple idée qu'il n'y aura pas de prière commune dans les mosquées, là où on entre sans demander une autorisation. En attendant, il se faufile à travers marécages et buissons irrigués par les dernières pluies pour contrôler quelques ruches d'abeilles qu'il a pu garder. Il espère que le mal venu d'ailleurs finira de déguerpir pour pouvoir reprendre ses habitudes et se donner à fond la caisse à son loisir préféré, à savoir l'agriculture. Et les dizaines d'artisans, d'habitude plongés dans les derniers coups de mains des préparatifs avant la venue d'acheteurs de tous les coins du pays et d'ailleurs ? Ils ne font qu'attendre un vaccin pour finir avec la méchante maladie, ou une petite aide pour subvenir aux besoins qu'imposent les rites et les habitudes du mois de jeûne. Les autorités régionales et municipales s'affairent depuis des semaines, pour un approvisionnement des marchés en farine, semoule, légumes, viande et fruits. Les campagnes de propreté se poursuivent avec la participation de toutes les parties concernées. La société civile se prépare à venir en aide aux familles nécessiteuses. Tout ça pour que le mois de ramadan reste le mois des espoirs, même si les Kairouanais ont toujours la peur aux tripes de ce COVID-19 que les scientifiques n'arrivent pas à battre. Un mois de ramadan de tous les espoirs et de toutes les attentes. Mais Kairouan restera la ville ouverte à tous ceux qui veulent s'y rendre. Bon Ramadan à tous.